Rétro 2022: Huy se prépare à la sortie du nucléaire
Pour faire face aux pertes liées à l’arrêt du nucléaire, Huy a mis en place différentes mesures.
Publié le 30-12-2022 à 06h00 - Mis à jour le 30-12-2022 à 10h18
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Le 31 janvier prochain, la tour de Tihange 2 crachera ses dernières volutes de fumée, marquant ainsi le début de la fin du nucléaire en bord de Meuse. Quant à Tihange 1, le réacteur sera définitivement mis à l’arrêt le 1er octobre 2025. Reste Tihange 3. Et là, c’est la grande inconnue. Si la mise à l’arrêt du réacteur est officiellement prévue le 1er septembre 2025, le gouvernement fédéral et Engie sont toujours en pourparlers en vue d’une éventuelle prolongation de dix ans.
Durant l’été 2022, les deux parties avaient conclu un accord de principe sur la prolongation de Doel 4 et Tihange 3. Reste aujourd’hui à décider des modalités. Si un accord n’est pas établi pour le 31 décembre à minuit, on actera l’arrêt définitif du réacteur pour 2025.
Et la prolongation, ou pas, de Tihange 3 aura des conséquences économiques importantes sur la Ville. En effet, du côté de Huy, le nucléaire rapporte grosso modo 5 millions d’euros par an et par réacteur. Sur un budget 2022 qui s’élevait à 52 millions d’euros, c’est loin d’être négligeable. Ce qui se joue pour l’instant, ce sont donc 5 millions d’euros de recettes annuelles pendant dix ans. Et même si Tihange 3 est prolongé, d’ici 2026, Huy perdra 10 millions d’euros par an suite à l’arrêt des deux premiers réacteurs.
Des mesures pour compenser les pertes
Bref, que ce soit 10 ou 15 millions, la perte de recettes sera conséquente. Du côté de la Ville, il a donc fallu mettre en place toute une série de mesures qui permettront de maintenir le bateau hutois à flot. La première d’entre elles est une taxe sur le stockage des déchets nucléaires. "On n’est pas encore sûr qu’Engie n’introduira pas de recours, mais cette taxe devrait nous rapporter 5,25 millions d’euros par an", annonce le bourgmestre f.f. Éric Dosogne.
Pour le reste, la Ville compte notamment sur sa cité administrative. "Elle nous permettra de réaliser des économies d’énergie et de fonctionnement, poursuit le bourgmestre. On y aura par exemple besoin que d’un ou deux téléphonistes au sein de la cité administrative, au lieu de quasiment un par bâtiment aujourd’hui." Et il y a beaucoup d’autres exemples. "Mais on ne licenciera personne. On se contentera de ne pas remplacer certains départs."
Quant aux bâtiments qui seront laissés vides suite au déménagement des services, "une partie d’entre eux seront vendus. Ce qui rapportera aussi de l’argent à la Ville".
Et puis, il y a aussi tous les chantiers menés par la Ville, comme l’esplanade Batta, la piscine et le téléphérique. "Ces projets vont générer de l’activité à Huy. Ce sera positif pour les finances communales." Ça, plus ça, "nous pouvons envisager l’avenir sereinement".
Le personnel de la centrale inquiet
Du côté du personnel de la centrale, l’incertitude autour de la prolongation de Tihange 3 génère des inquiétudes. "Les membres du personnel âgés de 45 ans et plus ont l’assurance de pouvoir terminer leur carrière au sein de la centrale, avance Julien Leruth, délégué syndical Gazelco (FGTB). Quant aux autres, Engie leur a garanti du travail jusqu’en 2027."
Mais ces "autres", ils représentent une part non négligeable des 1 000 salariés de la centrale. "Et il ne faut pas non plus oublier les 1 000 personnes qui travaillent pour des sous-traitants." Beaucoup d’emplois dépendent du fonctionnement de la centrale. "Si on décide de prolonger Tihange 3, on pourra sauver de nombreux emplois pendant plusieurs années. Mais si on décide de tout arrêter en 2025, la situation va devenir problématique."