"Harvest": les paysages jour et nuit
Avec ce troisième volet de "Harvest", Guillaume Vierset évoque les deux années passées avec une douce sensibilité et une belle élégance.
Publié le 22-03-2022 à 06h00
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QEVYS6ZXYZF4JCS4ATX5JL3RPI.jpg)
Depuis ses études de guitare au Conservatoire de Huy avec Alain Pierre et à l'académie d'Amay, avec Philippe Doyen, bien des aventures musicales ont émaillé le parcours de Guillaume Vierset. Avec Harvest, il en est à son troisième album, tous avec des inspirations différentes: "Si le premier album est né de la découverte des albums Nick Drake que possédait mon beau-père, le deuxième est comme le récit d'un voyage sur la côte ouest des États-Unis, et ce nouvel opus est un reflet contrasté de la période difficile que nous venons de vivre." dit le guitariste.
La pochette est déjà évocatrice de cette atmosphère où lumière et obscurité, lune et soleil, ainsi que le titre Lightmares jouent sur les contrastes: lumière et cauchemar, des étapes par lesquelles nous sommes tous passés et qui ont inspiré la musique de ce très bel album.
Dans une configuration originale, le groupe associe la guitare électrique au sax soprano et au violoncelle: "Alors que les musiques électroniques sont fort utilisées pour le moment, j'avais envie de textures acoustiques et le soprano et le violoncelle se marient à merveille dans cet esprit."
Dix pièces courtes
Harvest est aussi un groupe avec deux instrumentistes féminines, un choix qui résonne dans notre époque? "Ça ne m'a pas traversé l'esprit. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a quelque chose par rapport à l'entente, à l'alchimie. Et le fait d'avoir ces deux instruments nobles, le violoncelle et la contrebasse, joués par deux femmes apporte quelque chose à la cohésion du groupe. Ce qui est sûr, c'est que ça marche, on est tous égaux par rapport à ce qu'on joue. Il n'y a pas d'ego, pas d'orgueil. Sur scène, il y a un respect qui s'entend dans la musique." La cohésion du groupe s'entend tout au long de l'album: "J'ai eu le temps de penser à la direction que je voulais pour l'album, une nouvelle direction musicale où rien n'est superflu et où la musique respire."
La musique est en effet dense et riche en harmonies, sans redites, d'où ces dix pièces courtes: "La lumière et le noir, c'est un jeu. C'est un peu pour ça que le disque est court, la vie est courte. La densité du propos n'en demandait pas plus, en rajouter aurait été obsolète. J'ai dû faire des choix car on a enregistré le double de musique, mais j'ai voulu rester cohérent par rapport au projet." La musique est profonde et dense, l'essentiel est dit de manière lumineuse et poétique.
Depuis les débuts de Harvest, on ressent combien la cohésion du groupe est forte et naturelle, et c'est sans aucun doute dans ce superbe album qu'on le ressent le mieux. Lightmares est paru chez IGLOO et Harvest sera en tournée en Belgique prochainement, notamment près de chez nous: à Namur au Delta le 17, et à Liège au Pelzer Jazz Club le 23. À Huy, il faudra attendre le festival "ça jazz à Huy" fin juillet.