La sûreté nucléaire est-elle assurée en cette période de coronavirus?
La crise du coronavirus a-t-elle un impact sur la sûreté nucléaire ? Le député Samuel Cogolati s’interroge. Et invite à tirer le leçons de cette pandémie.
Publié le 05-05-2020 à 07h19
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- Des premières mesures de confinement ont été décidées pour la Belgique le 12 mars. Les mesures ont été renforcées à partir du 18 mars , prolongées le 27 mars jusqu'au 19 avril et encore prolongées le 15 avril jusqu'au 3 mai. Une stratégie de déconfinement en 3 phases a été présentée le 24 avril.
- Numéros utiles: tous les ressortissants belges qui se retrouvent coincés dans un pays étranger peuvent contacter le call center du SPF Affaires étrangères au 02/501.40.00 (de 9h à 20h, heure belge). Pour tout autre question, afin de désengorger les postes de garde de médecine générale, une ligne spéciale a été mise en place: 0800/14 689 (entre 8h et 20h).
- Mais aussi:le site web www.info-coronavirus.bele et le compte Twitter du SPF Santé.
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C’est à la demande du député fédéral Samuel Cogolati (Écolo) que le directeur général de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), Frank Hardeman, est invité ce mardi à la Chambre pour répondre à une série de questions sur la sûreté et la sécurité nucléaires. Il s’agit d’évaluer les risques et prendre connaissance des mesures spécifiques, en cette période de pandémie.
La crise du coronavirus touche la sûreté nucléaire, dont l’AFCN a la charge. C’est la raison pour laquelle le député écologiste a listé une quinzaine de questions à l’intention de l’AFCN. Par exemple, comment s’organiserait l’évacuation des personnes vulnérables en cas d’accident nucléaire? Qu’en est-il de la maintenance des infrastructures, alors que les inspections planifiées ont été postposées? Un incident grave pourrait-il être correctement géré, dans ce contexte? Étant donné la baisse de consommation, pourquoi ne pas mettre plus de réacteurs à l’arrêt?
«Je pense également au personnel des centrales, qui est en première ligne. D’après les échos qui me reviennent, les mesures de distanciation ne peuvent pas toujours être respectées», explique-t-il.
La crise du coronavirus soulève en réalité bien des questions, sur la façon avec laquelle pourrait être géré un incident dans ce contexte si particulier. L’évacuation du centre hospitalier régional de Huy, tout proche de Tihange, pourrait-elle par exemple être mise à mal?
Au-delà des aspects immédiats liés à la crise, Samuel Cogolati souhaite que la crise sanitaire permettre de tirer tous les enseignements utiles, en cas d’un hypothétique accident nucléaire dans le futur. «Quand on observe ce que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a instauré en France, on constate qu’EDF a réduit sa production nucléaire au niveau le plus bas depuis 30 ans. Il y a des plans très précis en cas de pandémie. Pour la Belgique, j’ai remué dans tous les sens le dernier plan d’urgence nucléaire, qui date de 2018. On n’y a logiquement pas prévu ce qui ne pouvait pas l’être, c’est-à-dire la simultanéité d’un incident ou accident nucléaire avec une pandémie.»
Être préparés
Évacuer la population autour de Tihange ou de Doel (Anvers, donc!) dans de telles conditions serait-il envisageable? «La pandémie du Covid-19 a mis en lumière une certaine impréparation. Je ne voudrais pas qu’on commette les mêmes erreurs, sans avoir tiré des leçons, en cas d’accident nucléaire», spécifiquement là où des failles sont apparues: les maisons de repos, les personnes vulnérables, etc. Comparativement à la problématique des masques, serions-nous bien dotés en matériel et en pilules d’iode? «Je ne veux pas jouer aux oiseaux de mauvais augure, mais un accident nucléaire aurait des conséquences à bien plus long terme qu’une pandémie. Il suffit d’observer Tchernobyl pour s’en rendre compte», prévient encore Samuel Cogolati.