Un piano Djinn au pays de l’oud
Rencontre musicale et humaine, le duo Collard-Neven/Houari présente en avant-première son prochain cd. Le pianiste nous en parle.
Publié le 14-08-2018 à 06h00
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«On me définit souvent comme musicien classique de par mes études, mais on oublie que je fais bien d'autres choses: du jazz, de la musique de film ou de théâtre.» Et cette fois, pour son nouveau cd (sur le label Igloo) qu'il présente en avant-première au Festival d'Art, Jean-Philippe Collard-Neven mêle son toucher raffiné au son de l'oud de Nasser Houari, un des maîtres reconnus de l'instrument. «Ça fait longtemps que cette musique m'attire, il y a un berceau commun avec notre musique qui est la Méditerranée. On connaît mieux le côté espagnol, italien ou portugais, mais je suis attiré par le versant arabe de la musique.» C'est lors d'un concert en solo au festival de Rabat au Maroc que le pianiste rencontre Nasser Houari. «Cette rencontre dépasse le blabla qu'on pourrait faire sur la rencontre orient-occident, ça dépasse ce genre de cliché. C'est simplement qu'on s'entend bien musicalement.»
Cette expérience musicale nouvelle plaît au pianiste qui aime la découverte. «C'est une musique qui a des codes différents du jazz ou d'autres musiques occidentales. Par exemple, en jazz, l'improvisation se place dans un cadre, l'enchaînement des accords, le rythme harmonique, le fait d'être dans un tempo, ça ne va pas bouger. Tandis que là, même la forme est libre comme si en jazz on pouvait jouer d'autres accords que ceux prévus par la grille, on peut changer complètement la métrique, la pulsation, il y a encore une dimension de liberté supplémentaire qui me plaît beaucoup et qui est typique de la musique arabe. C'est un mélange de code très précis et de liberté.»
La rencontre est un élément primordial dans la vie musicale du pianiste. «Ce qui m'intéresse dans la musique, c'est de m'adapter: j'adore me confronter à des musiques différentes, passer d'une musique à l'autre, ce qui m'oblige à m'adapter tout en restant moi-même. Et ça permet d'aller chercher des choses qu'on ne serait pas allé chercher tout seul. C'est vraiment la base de ce qui m'intéresse: on est amené à jouer comme on n'aurait pas pu jouer en restant tout seul dans sa chambre.» À découvrir sans hésiter le dimanche 19 à l'Espace Saint-Mengold.