« Démocratie » à hauteur d’homme
Une page d’histoire, terrible, s’est révélée, vendredi à Huy, avec «Démocratie», efficace dans son jeu d’acteurs qui rend crédible la pièce.
Publié le 26-11-2012 à 07h00
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Gris… la couleur du désespoir, celle de la guerre et des murs en béton qui séparent, tel un «rideau de fer». Rouge, bleu, jaune, leurs contraires en images qui défilent comme un paradoxe. Et puis… la lumière, soudain, qui éclaire une page de livre où tout est déjà écrit, raconté, lu peut-être aussi…
Sobre et en même temps explicite, Démocratie, présenté vendredi au centre culturel de Huy, relate comme une part de vérité, un lambeau d'histoire oubliée – presque – la carrière de Willy Brandt. Chancelier de la République Fédérale d'Allemagne (RFA) de 1969 à 1974, année de sa démission, après avoir œuvré au rapprochement entre l'Allemagne de l'Est et celle de l'Ouest. Entre les deux? L'espoir d'une nation déchirée qui croit en une Allemagne «d'amour et de justice». Mais aussi, la vie d'un homme à travers ses doutes, ses souvenirs d'enfance, ses gestes forts, ses discours, ses folies, ses frasques aussi, et ses faiblesses… dont les femmes (journalistes, secrétaires…) qu'il a fréquentées
Pour soutenir le thème et lui apporter cet éclairage nécessaire qui le révèle à hauteur d’homme, le décor reste dépouillé, froid, austère peut-être aussi. Tandis que les jeux de lumière soulignent la dureté d’un régime où le pouvoir des uns écrase les autres.
C’est dur, sombre, sévère… mais là où le thème choisi devrait peser, il se révèle néanmoins percutant par l’intelligence de la mise en scène – et le parti pris de Jean-Claude Idée – qui focalise l’attention du public sur l’homme et les relations tissées avec ses proches. Dont son assistant personnel, Günter Guillaume reconnu comme une «taupe» venue de la RDA, infiltrée dans le parti de Willy Brandt.
Fresque vivante et crédible dans son déroulé
À ce binôme frappant de complicité s’ajoute une dizaine de personnages – costume, cravate – qui apporte à l’intrigue toute sa crédibilité tandis que dialogues et narration s’entremêlent pour revisiter cette page d’histoire vécue.
Fresque vivante où s'éclairent de proche en proche quelques scènes de vie du parti, Démocratie s'autorise aussi des belles images douces, des silences aussi où tremblent des sentiments contraires comme en écho à notre condition d'homme, vulnérable. Et c'est là que semble résider toute la force de la pièce. Sa capacité à nous émouvoir aussi et à pousser notre devoir de réflexion ou d'interrogation sur un thème politique fort encore d'actualité.
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