Fort Chabrol mortel à Héron: pour Me Wilmotte, l’avocat des policiers, "le cas de légitime défense est évident"
C’est l’avocat hutois Alexandre Wilmotte qui a été chargé de défendre les deux policiers. La légitime défense ne fait pas l’ombre d’un doute, dit-il.
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Publié le 08-03-2023 à 15h43
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Les deux policiers de la zone Hesbaye-Oues t intervenus sur le fort Chabrol à Héron ont confié leur défense à Me Alexandre Wilmotte, un avocat hutois bien connu pour la gestion d’affaires délicates et médiatiques. Un des policiers, celui qui a abattu Loïc avec son arme à feu, est sous le coup d’une enquête judiciaire (pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner) qui doit déterminer s’il a bien agi en état de légitime défense.
Les deux policiers ont été entendus vendredi dernier à la demande du juge d’instruction. Les expertises, notamment balistiques et médico-légales, devront encore être versées au dossier avant que la justice ne se prononce.
Longues négociations
Mais pour l’avocat hutois, il ne fait pas l’ombre d’un doute que le policier a tiré sur le jeune homme pour protéger son collègue et lui-même et qu’il a bien agi dans les conditions de la légitime défense. Il revient sur les faits. "Il s’agit d’une intervention difficile: les policiers ont été mandatés en urgence par le parquet pour interpeller un individu qui aurait des problèmes psychiques voire psychiatriques." Arrivés sur les lieux, les policiers entrent en contact avec la maman, à l’origine de la demande d’intervention, qui dit ne pas souhaiter assister à l’interpellation. "Les deux agents se rendent donc seuls dans la cave où s’est retranché le jeune homme, détaille l’avocat. Bien qu’ils aient tout mis en place pour que ça se passe sereinement, après un long moment de négociation, le jeune homme a soudainement saisi un couteau et frappé violemment un policier, à plusieurs reprises: deux coups au visage et un à la cuisse, des blessures à sang coulant, très impressionnantes." On déplore une balafre importante sous l’œil gauche et une ouverture profonde à la mâchoire droite. "À 2 centimètres près, le couteau touchait la jugulaire et l’agent succombait", insiste Me Wilmotte.
Deux tirs, coup sur coup
L’autre policier n’a eu d’autres choix que de tirer avec son arme, deux tirs, coup sur coup, touchant l’agresseur qui est décédé par la suite. "Les policiers se sont ensuite reculés. L’intéressé restait debout, armé de son couteau et continuait à être menaçant. Vu la situation, les agents ont dû attendre les services d’intervention spéciale. Difficile d’envisager que ce soit, d’autant plus qu’il semblerait, l’instruction doit le déterminer, qu’une arme à feu était présente à proximité de l’individu. Les policiers ont essayé que l’auteur ne s’en empare pas."
Trois victimes dans cette affaire
Pour l’avocat, aucun doute, le cas de légitime défense est évident et manifeste. "La violence à l’encontre du policier était disproportionnée. Il était menacé et son équipier n’avait pas d’alternative autre que de faire feu. À peu de chose près, c’est son collègue qui était tué à l’arme blanche. Notons aussi que l’agent de police n’a pas visé le haut du corps, on peut déjà l’affirmer. L’agresseur est malheureusement décédé et c’est un drame mais il y a aussi dans cette affaire un policier blessé et un autre profondément choqué."
Des policiers expérimentés
Le profil des deux agents ? Le conseil évoque des policiers expérimentés qui connaissent bien leur métier, leur zone et qui n’ont jamais eu d’antécédent. "Ce sont des personnes de dialogue, qui n’était pas là pour que ça dégénère, au contraire, ils ont longuement essayé de négocier. C’est l’agression soudaine, inattendue qui a tout fait basculer." Les deux agents ne sont d’ailleurs ni suspendus, ni écartés le temps de l’enquête. "Personne ne leur fait de reproche sur le plan judiciaire ou disciplinaire. Ils ont le soutien de leur hiérarchie. La situation est assez claire."
On s’en doute, les deux policiers sont toujours sous le choc et ils sont pris en charge sur le plan psychologique. Ils n’ont pas encore réintégré leur lieu de travail. "Il faudra du temps pour retrouver le terrain, l’impact psychologique est important. Un des policiers doit vivre avec le fait d’avoir ôté la vie, son collègue conservera des séquelles physiques à vie."
Vers une reconstitution ?
Et maintenant ? L’enquête se poursuit et le dossier attend, entre autres, les résultats des différents experts mandatés par le parquet. "La procédure peut déboucher sur une audience en chambre du conseil. On va voir aussi si le juge d’instruction demande une reconstitution."
Si, au terme de la procédure judiciaire, la légitime défense est reconnue, de facto, le policier ne sera pas inquiété. "La conséquence de la légitime défense, c’est qu’elle supprime l’infraction", explique encore Alexandre Wilmotte qui connaît bien ce type de dossiers. Il avait défendu le policier qui avait abattu un Hutois sorti en rue armé d’un sabre en janvier 2022. "Il y a des similitudes dans les deux dossiers. Tout s’est passé en une fraction de seconde. Le policier n’avait pas eu d’autres choix que de faire usage de son arme, sans quoi il serait mort d’un sabre planté dans la tête. La légitime défense a d’ailleurs été reconnue. Et un non-lieu prononcé."