PHOTOS & VIDÉOS | Coup de projecteur sur la Nuit de l’obscurité: rencontre avec les étoiles
La nuit de l’obscurité a plongé nos communes dans le noir ce week-end pour sensibiliser à la pollution lumineuse. Héron a rejoint le mouvement au Moulin de Ferrières. Une première.
Publié le 11-10-2021 à 07h19
«Le ciel étoilé fait partie intégrante du patrimoine mondial à préserver.» C'est par cette phrase que l'Association pour la Sauvegarde du Ciel et de l'Environnement Nocturnes (ASCEN) préface la nuit de l'obscurité qui s'est déroulée ce week-end, pour la quatorzième fois en Wallonie et à Bruxelles. Quand on parle de pollution, on pense généralement à la pollution de l'air ou de l'eau. Beaucoup moins à la pollution lumineuse qui a pourtant un impact sur les écosystèmes et sur notre santé. La Nuit de l'Obscurité vise ainsi à sensibiliser le grand public aux éclairages intempestifs, aux lumières artificielles et à la préservation de notre faune et de notre flore. À Héron, la Commune participait à l'action pour la 4e fois. Mais au Moulin de Ferrières c'était une première. «Nous avons organisé cette édition en collaboration avec la Commune de Burdinne. Ça permet de faire découvrir le site aux Burdinnois qui représentent 20% des participants aujourd'hui, confie Luc Viatour, échevin de l'Environnement. Nous avons 370 inscrits pour les balades contées et 90 pour les balades ornithologiques.»
En plus de ces activités ouvertes aux familles, le Moulin de Ferrières proposait également d'autres activités: un cracheur de feu, rencontres avec des astronomes, observations du ciel étoilé, bar et petites restaurations assurées par la Table du Moulin. Dans le noir le plus complet à la seule lumière des bougies et braseros dispersés un peu partout sur le site. Tout un panel d'activités qui n'a pas manqué de séduire petits et grands. Julie Fraiture, habitante de Couthuin, est venue à l'initiative de sa fille: «C'est elle qui a vu le tract et qui nous a demandés pour venir. On s'est dit que c'était une chouette manière de passer un samedi soir. Depuis le mois d'août, nos enfants sont très intéressés par le ciel et les étoiles. Ils sont aussi de plus en plus sensibles à la pollution lumineuse et interrogent souvent sur les néons et les éclairages allumés sans raison. » Et ce n'est pas Juliette qui dira le contraire. La fillette de 9 ans s'impatientait de venir ce soir. «Je n'ai jamais vu de cracheur de feu et j'ai envie d'aller observer les étoiles dans les lunettes télescopiques», s'enthousiasme-t-elle.
Un succès au rendez-vous grâce au Covid?
Comme beaucoup d'organisation et événements, la Commune de Héron a emboîté le pas et opté pour le Covid Safe Ticket. Un dispositif qui satisfait Luc Viatour: «Nous avons engagé 6 jeunes pour scanner et conduire les groupes jusqu'au point de départ. Le Covid Safe Ticket est une logistique supplémentaire mais pas contraignante. Les gens acceptent facilement. Nous avons d'ailleurs un peu plus de monde que les années précédentes. C'est peut-être l'effet Covid qui a permis à la population de se tourner aussi vers des activités en extérieur et au plus proche de la nature.» Un succès au rendez-vous qui aura rassemblé près de 500 personnes. Samedi soir, le Moulin de Ferrières était l'endroit idéal pour être un peu plus près des étoiles.
Les anneaux de Saturne à vue d’œil

Un peu plus loin dans la plaine du Moulin de Ferrières, AstroNamur avait installé son matériel pour pouvoir observer le ciel d'un peu plus près. Julien Lemaire, passionné d'astronomie ne manque jamais le rendez-vous de la nuit de l'obscurité: «L'objectif est de faire découvrir le monde de la nuit et sensibiliser aux éclairages de plus en plus nombreux, notamment au niveau de l'impact sur la faune et la flore. Aujourd'hui, c'est l'occasion pour nous de faire découvrir l'astronomie avec les instruments que l'on propose.» Parce que la pollution lumineuse est bien réelle. «On le ressent déjà depuis plusieurs années et on a de plus en plus de mal à trouver des endroits sombres pour regarder le ciel. Il est possible qu'un jour on ne puisse plus voir les étoiles, étonne Julien Lemaire. C'est d'ailleurs déjà le cas dans de grandes métropoles.» Samedi, il était possible d'observer les anneaux de Saturne avec un télescope d'amateur: un spectacle que l'on n'oublie pas et qui valait le coup d'œil.

À Wanze, une balade était organisée à l'occasion de la Nuit de l'obscurité. «Il s'agit d'une marche silencieuse, détaille Murielle Naa, du service Environnement de la Commune de Wanze. Le but est d'identifier les différents bruits de la nature. Un guide nous aidera à le faire.»
L'autre objectif de cette promenade est de sensibiliser les participants à la pollution lumineuse. «Les chauves-souris sont très sensibles à la lumière, elles la fuient, expose Pierre Langenaeken, guide nature pour Natagora Hesbaye médiane. Et comme la pollution lumineuse ne cesse d'augmenter, elles ont de plus en plus de mal à trouver un milieu de vie.»
Pour lui, cette démarche de sensibilisation est très importante. «Si les gens ne comprennent pas pourquoi il est important d'agir, ils ne feront jamais rien.»
Les promeneurs ont également eu l'occasion d'écouter deux petits pendant la balade. «Il est également possible de se faire maquiller», poursuit Murielle Naa.
Les participants motivés
Les promeneurs semblaient bien décidés à affronter la nuit. «On a voulu participer à cette balade pour les enfants, explique Adeline Meyers. Le petit voulait faire une marche nocturne pour imiter les copains.»
Delphine Dormal est, elle aussi, venue pour son fils, Enaël. «J'adore les chauves-souris!, s'exclame ce dernier. Sauf quand elles mettent la tête à l'envers!»
Catherine Vaneemen habite Wanze depuis peu. «Je profite de cette balade pour découvrir ma commune, expose-t-elle. Et bien sûr, je vais aussi apprendre à reconnaître les bruits de la nature.» Elle est venue accompagnée de son amie Régine Dossmann. «Personnellement, j'adore les balades dans la nature», explique-t-elle.

Saviez-vous que la Belgique faisait partie des pays les plus pollués visuellement? Lors de sa présentation, samedi soir à l'insectarium Hexapoda de Waremme (Maison de Hesbaye), c'est ce qu'Aurore Fanal, assistante de recherche dans la biodiversité, a cherché à démontrer. « La lumière que l'on produit a une forte influence sur la faune et la flore, affirme-t-elle. Certaines chauves-souris, par exemple, ne supportent pas cette lumière et ne pourront pas traverser la route à cause de ces luminaires.»
Cette partie théorique a permis aux spectateurs présents de “réimaginer” leur consommation personnelle. Pour montrer l’exemple, la place Albert 1er, le Parc des Maieurs et la rue du Tram ont été éteintes toute la soirée. Petits comme grands ont donc fait le plein d’informations et de conseils, mais pas que.
Des histoires de sorcières
La partie plus ludique s'est déroulée dans le jardin entomologique de la Maison de Hesbaye. Celui-ci a été rouvert pour l'occasion. « Vous êtes les premiers à en profiter», sourit Sylvie Hoebeke, de l'ATL de Waremme. À quelques jours d'Halloween, l'endroit a été aménagé et illuminé de petites bougies, pour accueillir parents et enfants autour de plusieurs histoires contées. Aventures de sorcières et autres contes fantastiques ont ravi les familles présentes. « On a dû rajouter une session tellement nous avons eu des demandes, indique Guillaume Géradon, coordinateur POLLEC à la Ville de Waremme. Onestravidusuccèsrencontré.»