L'Afrique dans le blanc des yeux

Ce 3e Saga Africa installe l'évènement à long terme à Hannut. De l'affluence, des retrouvailles, de l'amitié et, surtout, de la franchise !

Sandrine GEUQUET

«Mais tu vois ça avec tes yeux

d'Européen ! » Une phrase piochée parmi tant d'autres quand on passe sous le chapiteau de Saga Africa. Au milieu des odeurs de bananes plantain, de Tilapia du Ghana ou de spaghetti congolais, les conversations se mêlent, les langues se délient. L'Afrique a besoin d'aide, pas d'assistanat. L'Afrique a besoin d'éducation pas de donneurs de leçon. L'Afrique s'écrit toujours avec un grand « A », même si les conditions de vie y sont souvent, elles, en minuscules. « Si vous venez au Congo, vous tomberez amoureux de ce pays, on ne peut pas faire autrement. » Devant le stand du Maillon Humanitaire de MArchin, cette Congolaise installée en Belgique depuis une quarantaine d'années et mariée avec un Belge parle de son pays avec une ferveur lucide, « mais quand je vois ce qu'il est devenu, ça me donne la chair de poule... »

Le festival africain de Hannut est aujourd'hui avant tout une plate-forme d'échange. Et comme partout dans le monde, les liens se créent par le goût, la vraie star de cette année, c'est donc la gastronomie. Encore timide les années précédentes, ce week-end la cuisine a clairement prouvé son côté fédérateur. Plusieurs stands ont emporté leurs spécialités nationales et le bilan est gagnant. « De plus, se réjouit l'échevin Pol Oter, ça ne fait pas de l'ombre au traiteur qui s'occupe du plat principal. Le méchoui de ce samedi a été un franc succès. » Et on faisait la file devant le repas de spécialités congolaises dimanche. « C'est une édition excellente. L'entrée étant gratuite, c'est assez difficile d'évaluer le nombre exact de visiteurs... Je fais confiance à Jules Verlaine, le brasseur, qui table sur plus de 10 000. En tout cas, samedi, on était au double de l'année dernière. » Comme dirait Monique Dupont, une autre tête pensante de Saga : « C'est un samedi qui ressemble à un dimanche ! » L'évènement unique en son genre est donc désormais enraciné. « J'ai un coup de téléphone toutes les cinq minutes pour savoir quand passent les Tambours du Burundi. » s'exalte Pol Oter. « Ils ont une réputation et un succès international... C'est aussi la moitié de notre budget ! Mais ils m'ont dit qu'ils ne rateraient pas Saga Africa ! » Une émulation qui se poursuit maintenant toute l'année. Hannut prend donc de la couleur le premier week-end de juin, mais maintiendra son hâle toute l'année pour que l'Afrique ne soit plus seulement fantasmée, mais regardée fièrement droit dans les yeux.

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