Les petites Communes de Huy-Waremme, en burn-out?
Les petites Communes sont quasi « en burn-out ». Le bourgmestre Patrick Lecerf tire la sonnette l’alarme alors que le ministre Collignon a décidé d’aller à leur rencontre.
Publié le 07-06-2022 à 18h43 - Mis à jour le 08-06-2022 à 08h52
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Plus elles sont petites et plus les Communes sont dans la mouise. Elles n’en sortent plus. Et pas uniquement sous la pression financière. Simplement, les petits Communes sont au bord du burn-out. Et là, le Hutois Christophe Collignon, ministre wallon des Pouvoirs locaux, a pris son bâton de pèlerin et va à leur rencontre (voir ci-dessous) afin de les écouter et de les aider aussi.
"La démarche de Christophe est positive , explique Patrick Lecerf, bourgmestre de Hamoir. Mais malheureusement, il est tout seul. Les cabinets des ministres qui n’ont aucune connaissance de la ruralité ne participent pas à la démarche. Il y a des cabinets à qui il faut expliquer ce qu’est une Commune…" L’initiative du ministre Collignon est louable, les bourgmestres l’apprécient. Reste maintenant qu’elle ne doit pas rester sans suite. "Il faut que cela apporte des changements dans le comportement de tout le gouvernement , poursuit Patrick Lecerf. Sinon, ce sera le burn-out généralisé en plus des grosses difficultés financières qu’on connaît déjà."
N’est-il pas un brin alarmiste, là, le bourgmestre hamoirien? Son propos, il l’explique avec son vécu de mayeur d’une petite Commune qui en a bavé ces dernières années. "J’ai participé à une des premières réunions lancées par Christophe Collignon, c’était avec les bourgmestres du Luxembourg. C’est intéressant car on se rend compte que les problèmes sont les mêmes ailleurs aussi." Lesquels? Déjà, les charges s’accumulent sur le dos des Communes, avec une pression de plus en plus grande sur le personnel communal. "On a le sentiment, aussi, qu’il est de plus en plus difficile de trouver des agents spécifiques, qualifiés, dont on a vraiment besoin , poursuit le bourgmestre condrusien. Avec aussi la grosse difficulté de les conserver car les barèmes ne sont pas adaptés à la réalité" , et face à l’appel du privé, qui paie mieux, les Communes ne font pas le poids… Une autre difficulté? Les pensions et la cotisation en responsabilisation. "C’est une compensation des cotisations de pension qu’on n’a pas versées pendant des décennies. On le fait payer maintenant avec effet rétroactif aux Communes. Pour Hamoir, c’est une somme de 75.000€ par an à débourser."
«Le parlement ne sert plus à rien»
Patrick Lecerf et les autres bourgmestres de petites communes pointent également "l’avalanche" d’appels à projet de toute sorte de la Région wallonne. Chaque ministre y va de son appel à projets. "Ça nous empêche d’avoir une bonne gestion à moyen terme." En début de législature, les majorités doivent présenter un Plan stratégique transversal (PST) qu’elles suivront pendant six ans. Sauf qu’il leur est impossible de programmer quoi que ce soit avec ces appels à projets qui tombent "tous les mois, si pas toutes les semaines. Et avec des sommes importantes à aller chercher. Ce n’est pas très malin de ne pas accepter mais alors, cela désorganise le PST fait en début de législature." De plus, les délais sont tellement courts pour y répondre… "Ça prouve que la Région wallonne ne connaît pas la réalité des petites communes.Car nous n’avons pas de services techniques pour travailler sur ces appels à projet. Si on doit lancer un appel à candidature pour trouver un bureau d’études qui nous aidera à répondre à l’appel à projet, ça prendra des mois… Ça en décourage plus d’un." De plus, ces appels à projet, c’est directement le gouvernement qui les envoie. "Cela ne passe même plus par le parlement. Le gouvernement fait tout, sans aucun contrôle démocratique du parlement. Il n’y a donc personne qui peut nous défendre, défendre le bon sens. Le parlement ne sert plus à rien…" Et Patrick Lecerf d’affirmer : "il est grand temps que le parlement reprenne son rôle de contrôle démocratique, qu’on ait des gens qui fassent remonter les demandes des communes, et particulièrement des communes rurales."
La solution? Le droit de tirage. "Il faut qu’on nous donne pour une période donnée des subsides et qu’on puisse programmer en fonction de la réalité de chaque commune. Qu’on respecte l’autonomie communale." Le PIC, le plan d’investissement communal, est le premier pas mais "il ne concerne que les routes et les bâtiments. On doit nous permettre de programmer tous nos travaux sur une plus longue période. Là, on fait de la gestion à l’aveugle. Il est grand temps que la Région wallonne se ressaisisse."