Le camp de migrants du talus était au cœur du débat initié par Crisnée
Le bourgmestre de Crisnée invitait ce mardi les bénévoles pour faire le point sur la situation migratoire en Hesbaye. Plusieurs propositions d’aide ont été évoquées par la Commune.
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- Publié le 03-02-2022 à 13h08
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Dans le cadre de la fermeture provisoire de l’ancienne maison communale (AMC) d’Odeur, à Crisnée – qui accueillait depuis deux ans un groupe d’hommes en transit – et à la suite de l’appel à l’aide lancé aux Communes pas la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, Philippe Goffin (le bourgmestre de Crisnée) a lancé une invitation à débattre publiquement sur la question de la transmigration.
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Ce mardi soir, donc, une rencontre s’est tenue à l’administration communale, ceci en présence des membres du collège, du directeur opérationnel de la zone de police Hesbaye et des bénévoles: une trentaine d’humanitaires de la Plateforme citoyenne et de l’association Freedom & Solidarity. Les "hospitalières" du diocèse de Liège y étaient également représentées.
«Vider le camp n’est pas la solution car ils iront le reformer ailleurs»
Nombre de points ont été soulevés par les bénévoles et des propositions d’aide à long terme évoquées par la Commune. Mais c’est l’urgence et l’immédiateté du problème qui (pré)occupe surtout les bénévoles. Et bien qu’on sente, de la part de la Commune de Crisnée, une volonté de s’engager humanitairement, toutes les demandes ne pourront pas être satisfaites.
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Le sujet qui semble ici occuper tous les esprits concerne surtout la situation dans le camp précaire situé dans un talus de l'autoroute sur Fexhe-le-Haut-Clocher. Ils sont nombreux à réclamer une assistance dans ce camp. Une bénévole note d'ailleurs que "les réfugiés présents sur le talus ne sont pas nuisibles et restent discrets (NDLR: ce qui vient contredire ce que le bourgmestre de Fexhe-le-Haut-Clocher a pu dire dans nos colonnes ce lundi). Les chasser n'est pas la solution car ils iront reformer un camp ailleurs".
«Nous, bénévoles, marchons sur un fil en termes de légalité»
Mais ce qui inquiète également les humanitaires, c'est l'illégalité de l'aide qu'ils prodiguent dans les camps. "L'AMC est fermée mais on continue le travail, lance une autre bénévole. Je m'inquiète car on marche sur un fil quand on rentre en contact avec le talus. Ne pourrait-on pas mettre en place un sanctuaire en dehors du camp pour assurer un accueil; un endroit avec des créneaux horaires définis où on peut rencontrer les migrants, leur donner de la nourriture, leur apporter des soins mais en toute légalité?", comme cela se fait à l'Auberge de Jacques, à Waremme.
«La Commune ne peut-elle pas évacuer les déchets?»
C’est que l’aide apportée dans les camps de migrants peut-être assimilée à de la complicité avec les réseaux de passeurs puisque ces lieux sont supposément gérés par eux, même s’il reste compliqué de savoir qui est passeur et qui ne l’est pas parmi la population en transit.
Les migrants craignent que cela attire les bêtes
D'autres bénévoles demandent, "puisque le camp est là de toute manière", si la Commune de Crisnée ne peut pas y faire passer un camion-poubelle pour y évacuer les déchets, et ce, "même si ce n'est pas sur la commune de Crisnée. Ou donner aux bénévoles un endroit où ils peuvent les déposer. Les migrants craignent que cela attire les bêtes. C'est vraiment le plus urgent". D'autres voudraient également que la citerne d'eau qui s'y trouve soit remplie et que du bois soit fourni pour leur permettre de se chauffer en cette période hivernale.
«En aidant dans le camp, la Commune aiderait les passeurs»
"Aider dans le talus, on ne peut pas le faire, déclare le bourgmestre. Car cela reviendrait indirectement à soutenir le système des passeurs. Et cela va à l'encontre de la légalité." La Commune ne peut donc pas y affréter un camion-benne ou y acheminer de l'eau. "On ne peut pas favoriser le travail des passeurs."
Néanmoins, étant donné que les déchets générés par le camp le sont sur un talus régional, le bourgmestre de Crisnée exprime avoir l'intention de contacter le ministre Henry en vue de les évacuer. "Il est vrai que ces déchets doivent être dégagés."
Et on ne peut pas non plus fermer les yeux sur ce qui se passe dans les camps
L'échevin Alain Materne abonde dans ce sens. "On doit mettre en place des choses structurelles et rester dans un certain carcan. Et on ne peut pas non plus fermer les yeux sur ce qui se passe dans les camps", dit-il, faisant référence aux viols récemment rapportés et aux possibles réseaux de prostitution qui œuvreraient sur la route migratoire, non sans amalgame. Car il s'agit bien ici de deux phénomènes distincts. On ne sait pas non plus exactement où ils se produisent sur la route migratoire…
Quoi qu’il en soit, la démarche de la Commune est positive et constructive, il faut l’écrire. On constatera cependant qu’un sujet a été oublié durant ce débat, étonnement, c’est la question des femmes…
Quatre propositions concrètes de la Commune
À la suite de cette rencontre, le bourgmestre, Philippe Goffin, a formulé quatre propositions pour venir en aide aux transmigrants. "On va devoir développer tout cela en collège mais voici ce que je propose: tout d'abord, lançons un appel à la fois au privé et au public en vue de trouver un ou plusieurs bâtiments qui permettraient un accueil digne", suggère le mayeur.
À cela, l'échevin Jean-François Brillon s'interroge d'ailleurs: "On sait qu'il existe des bâtiments fédéraux et régionaux qui sont vides. Pourquoi ne les mettent-ils pas à disposition, alors que cette problématique c'est leur compétence? On leur a déjà demandé sans jamais obtenir de réponse." La Commune propose également de tenter de trouver un lieu fermé qui pourrait servir de "sanctuaire", dispositif qui permettrait une aide aux migrants plus sécure et légale pour les bénévoles.
"Le curé qui gère les différentes paroisses d'Oreye et Crisnée m'a contacté cette semaine en me proposant de mettre à disposition une de ses salles paroissiales." Autre idée qui sera développée, trouver un petit local qui permettrait de distribuer de la nourriture aux personnes en transit en version "take away" et l'installation, on ne sait pas encore où, d'un conteneur sanitaire.
L’AMC accueillera à nouveau des migrants
L'ancienne maison communale d'Odeur est actuellement en travaux. Les ouvriers ont déjà remplacé la toiture et là, ils ont mis à nu l'intérieur du bâtiment et vont procéder à la réfection de ce dernier. On ne sait pas quand elle rouvrira, mais Philippe Goffin l'assure, "on y accueillera à nouveau un groupe de réfugiés lorsqu'elle aura rouvert".
Ce dernier informe également qu'il va falloir réorganiser le bâtiment et son fonctionnement. "On va réfléchir avec le collège à la meilleure formule. On lancera aussi un appel aux bonnes volontés pour que ce qui a fonctionné ces dernières années puisse encore fonctionner dans l'AMC 2.0."