Ferrières : Albert Vandervelden, décédé, a fait du château de Fanson un joyau du patrimoine liégeois
L’antiquaire de renom, Albert Vandervelden, avait acquis le château voici 22 ans. Il l’avait restauré à grands frais et créé une fondation.
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- Publié le 19-10-2022 à 14h24
- Mis à jour le 20-10-2022 à 10h40
Le décès de l’antiquaire liégeois Albert Vandervelden, à 70 ans, a secoué le monde de l’art liégeois mais aussi international. Il y a 22 ans, après une riche carrière à Liège, ce grand amateur d’art, collectionneur et antiquaire avait acquis le château de Fanson à Xhoris, qu’il a restauré à grands frais, avec l’envie d’en faire une sorte de "musée" personnel et une vitrine du patrimoine liégeois dont il était le garant. L’homme était tombé amoureux de cette superbe bâtisse datant du XVIe et XVIIe siècles et de son magnifique parc. Le bien a longtemps appartenu à la famille de Sélys qui l’a revendu en 1792. Le domaine était passé entre diverses mains puis devenu la propriété de l’antiquaire qui y vivait dans la plus grande discrétion. "On ne le croisait pas beaucoup dans le village ni dans les festivités de Ferrières, explique Frédéric Léonard, bourgmestre. Je le rencontrais parfois dans ses bois, où il adorait se promener. Je l’ai vu récemment lors de son mariage civil avec son compagnon. C’est moi qui les ai mariés… le 1er avril 2020, pendant la pandémie. Il tenait à cette date-là, pour le plaisir de semer le doute, d’être décalé. C’était un homme très agréable, érudit, pince-sans-rire, avec beaucoup d’humour."
Passionné d’art et d’antiquités, il avait fait du château ferrusien un petit joyau en le restaurant complètement et en y installant son "musée" personnel: argenteries, tableaux, gravures, reliures, sculptures, meubles… "C’est devenu une bâtisse splendide, insiste le mayeur. Il a investi beaucoup d’argent. C’était vraiment sa passion, son dada."
Et le collectionneur avait à cœur de garantir la survie de cet écrin. Il y a quelques années, il avait mis sur pied une Fondation dont la mission est non seulement d’entretenir et de restaurer le château mais aussi d’y faire rayonner l’histoire de la principauté de Liège. Les collections de la Fondation regorgent de trésors réalisés par les plus grands orfèvres, ébénistes, peintres et sculpteurs liégeois, du Moyen Âge à nos jours. S’il voulait faire de son château le haut-lieu du patrimoine liégeois, l’endroit n’a pourtant jamais été ouvert au grand public. "Non, le domaine n’était pas visitable, note le mayeur. Et il n’y tenait pas, même pour des événements ponctuels. Il avait été victime de plusieurs cambriolages et aimait rester discret. Il ne voulait pas non plus que ses bois soient accessibles aux promeneurs. Il était attaché à sa tranquillité, à rester dans l’ombre."
Le domaine, isolé, entouré de zones boisées, peu visible, se prêtait finalement bien à ce désir de vivre loin des regards indiscrets. "On peut deviner le château depuis la grille mais il est impossible de l’approcher ou de l’apercevoir au détour d’une promenade ou d’un sentier. Un important dispositif de surveillance et de caméras est d’ailleurs installé." Mais le collectionneur ne vivait pas reclus pour autant dans ses murs. "Le château était régulièrement le lieu de grandes réceptions somptueuses réunissant des personnalités de l’art, du show-biz, de la politique, des amis prestigieux. C’est un endroit qui vivait." Avec sa galerie la "Mésangère", située dans le cœur historique de la Principauté de Liège, Albert Vandervelden a participé aux plus grandes foires internationales d’art et d’antiquités du monde (la TEFAF à Maastricht, la Biennale de Paris, la BRAFA à Bruxelles). Par son choix pointu d’objets et de leur agencement audacieux, il a su séduire une clientèle internationale de grande qualité, tant privée qu’institutionnelle. "Ferrières perd une personnalité peu connue de ses habitants mais déterminante pour le patrimoine local et même au-delà", assure Frédéric Léonard. Comme le défunt le souhaitait, et signe de son attachement au domaine, sa dépouille sera inhumée dans la crypte du château.