La pêcherie gagne son recours contre les éoliennes: Condreole doit réintroduire un permis
La pêcherie de Neuville gagne son recours contre les cinq mâts d’Engis, déjà érigés. Le promoteur va réintroduire un permis, régularisé.
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- Publié le 06-09-2023 à 09h17
- Mis à jour le 07-09-2023 à 23h09
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Le Collectif d’Ehein, derrière qui on retrouve la pêcherie de Neuville-en-Condroz (Neupré), a gagné au Conseil d’État concernant les cinq éoliennes fraîchement érigées à Clermont-sur-Huy, le long de la N63, à la limite entre les communes d’Engis, Nandrin et Neupré.
Le recours avait été introduit il y a trois ans et il vient d’aboutir en faveur des requérants, le 31 juillet dernier. Conséquence: le permis, délivré en 2019 par le ministre, est donc annulé… alors que les éoliennes sont déjà construites et que le parc est entré dans sa phase test ces dernières semaines.
"Dans l’immédiat, les éoliennes doivent être mises à l’arrêt jusqu’à l’obtention d’un éventuel nouveau permis après une nouvelle enquête publique, explique le collectif dans un communiqué. Le risque d’annulation du permis était connu par le promoteur avant le début des travaux. Nous sommes désolés pour les coopérateurs qui devront encore attendre quelques années avant de toucher un hypothétique dividende ! Nous ne voulons pas la guerre avec CondrEole et consorts mais une étude scientifique sérieuse sur les effets des infrasons, des ultrasons et de l’ombrage sur les truites et les animaux de manière générale."
Et l’abattage des arbres ?
Car c’est là que se situe la pierre d’achoppement: la pêcherie craint l’impact négatif des éoliennes sur son activité. Et dénonce le fait que l’étude d’incidence n’ait pas tenu compte d’un élément: l’abattage récent d’une ligne d’arbres le long de la pêcherie. "Pour une raison inconnue, l’étude d’incidences n’a pas eu connaissance de cette demande de permis d’abattage et n’a donc pas pris en compte cet élément. Le Conseil d’État, qui, pour rappel, statue sur la forme non pas sur le fond, nous demande de régulariser ça, de prouver à nouveau que le parc éolien n’a pas d’incidence sur les truites de la pêcherie", précise Jean-Pierre Chisogne, vice-président de Vent d’Enfan.
Un permis annulé: voilà un coup dur pour la société gestionnaire du parc éolien, Condreole (qui regroupe Enovos Greenpower, Bewatt et la coopérative citoyenne Vent d’Enfan).
Car le parc est sur le point d’être opérationnel… "Oui, c’est une mauvaise nouvelle car nous allons perdre du temps, de l’argent…", souligne Lionel Royen, responsable projet à Condreole. Mais la société est confiante pour la suite. "Nous avons à présent 100 jours pour régulariser tout ça: remettre l’étude d’incidence à jour, ce qui est déjà en cours, et redéposer un permis avec enquête publique. La Région wallonne rendra ensuite sa décision. Ces démarches devraient prendre encore quelques mois. "
Une mise en service maintenue
Et en attendant, le parc éolien doit-il temporairement être mis à l’arrêt, sa mise en service doit-elle être reportée ? "Non, insiste Lionel Loyen. Le permis, reçu en 2019, était exécutoire et on l’a exécuté: on pouvait donc bien construire les éoliennes, malgré les recours. Ce parc a été érigé dans la légalité. Il n’est pas question de démonter les mâts ni de les arrêter ! La loi nous donne 100 jours pour régulariser la situation. Nous poursuivons donc les étapes. Les éoliennes sont en phase de test et la mise en service sera bien maintenue, pour fin septembre. Après, une fois le permis redélivré, on n’est pas à l’abri d’un nouveau recours…"
La société Condreole est d’autant plus interpellée par la démarche de la pêcherie que celle-ci n’est plus en activité depuis deux ans. "L’étang est vide depuis deux ans, soulignent nos deux intervenants. Il n’y a plus de truite. Quel est le but de la manœuvre ? Rappelons aussi que la pêcherie se situe à 800 mètres des éoliennes, pas au pied des mâts. Leurs motivations et revendications restent étranges…"
Dès le début, le projet éolien avait suscité des levées de boucliers et trois recours avaient été déposés. Le premier venait de la Commune de Neupré, déboutée l’année dernière. Le deuxième, celui de la pêcherie, vient d’aboutir. Le troisième émane des Communes d’Engis et Nandrin et est toujours en cours. "Mais comme il n’y a plus de permis (le permis est cassé), ce recours s’éteint de facto", précise Jean-Pierre Chisogne.
Condreole espère que les Communes en resteront là. "Ce recours a été introduit en 2019 dans un contexte qui était tout à fait différent: il n’y avait pas la crise énergétique ni le retard de la transition énergétique en Belgique. J’ose espérer qu’ils ne vont pas relancer une procédure."