Le soldat Falize y tomba pour la patrie
Le 15 mai 1940, Adelson Falize était tué d’une balle dans la tête par des éclaireurs allemands en repérage sur la crête de Haneffe. La rue portera son nom dès 1998.
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Publié le 09-10-2021 à 06h00
«Notre arrière-grand-père, Joseph Matagne, nous a maintes fois raconté cette histoire quand il nous emmenait en promenade et qu'on s'y arrêtait. Moi, j'étais très intriguée par le prénom Adelson. Mais pour les anciens du village, c'était une fierté d'avoir été défendus par un jeune soldat.» Fabienne Malempré fait partie de ces Donceelois pour qui la rue Adelson Falize revêt une dimension particulière depuis des générations. Et donc bien avant qu'elle n'en porte le nom en 1998, sur décision des autorités locales.
Déjà, la voirie reliant les rues Octave Chabot (ancien bourgmestre) et Tombeux a la particularité d’être un des deux points culminants de l’entité avec le lieu-dit de «l’Arbre à tombale» qui lui fait face à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau. Ce qui lui vaut d’ailleurs d’être la seule rue à ne pas être déneigée en hiver tant les congères y sont imposantes. Et puis, surtout, c’est une page historique du village de Haneffe qui s’y est jouée le 15 mai 1940 alors que la Hesbaye subissait depuis 5 jours une attaque de l’ennemi allemand avec de rudes combats dans différents villages.
«Il était 10 h du matin lorsque la 10e compagnie du 12e de Ligne, qui devait quitter les Ardennes et se replier sur le Brabant wallon, a été surprise dans son dos par l'arrivée sur la crête d'éclaireurs d'une division blindée allemande qui venait d'Otrange, évoque Jean-Claude Elsdorf, l'animateur de l'association patriotique «Donceel se souvient». Le 12e de Ligne a voulu engager le combat. Adelson Falize a surgi d'un champ de blé où nos soldats belges avaient détalé pour ajuster le mitrailleur allemand d'un des deux blindés légers. Mais il a été touché en pleine tête et est mort sur le coup. Les Allemands sont repartis très vite. L'échange de tirs fut très bref mais fera tout de même aussi un blessé, à l'épaule, qui sera soigné dans la grange de la ferme Fossoul.»
Enterré au vieux cimetière
Cette dernière est la seule habitation de la rue Adelson Falize. S'y trouve également la chapelle Notre-Dame de Lourdes où se faisaient jadis les rogations. À cette occasion, certains villageois venaient aussi se recueillir devant la croix commémorative plantée, quelques dizaines de mètres plus loin, à l'endroit même où Adelson Falize est mort pour la patrie à l'âge de 21 ans seulement. «Son casque a été pendu à la croix durant de longues années, puis il a disparu», regrette Fabienne Malempré. «Et en 2016, on a dû y remettre une nouvelle croix financée par notre association patriotique, l'ancienne en fonte ayant été carrément cisaillée par quelqu'un. Ce fut un choc», déplore encore avec amertume Jean-Claude Elsdorf.
La dépouille d'Adelson Falize, elle, n'est pas repartie vers ses terres de Jumet où il vit le jour le 3 mai 1919. Le 4 novembre 1943, le conseil communal de Haneffe avait ainsi décidé de lui accorder une sépulture. «Il est enterré au vieux cimetière, dans une tombe qu'il partage avec Jules Guisset et Félix Remy, deux Donceelois qui étaient tombés sur le front de 14-18 mais qui n'ont pas de rue à leur nom», termine un Jean-Claude Elsdorf intrigué par une incohérence orthographique. Car si sur l'acte de naissance et celui de son décès, le nom du jeune soldat s'écrit avec la lettre S, c'est un Z qui apparaît sur sa tombe, la croix commémorative et la plaque de cette rue qui lui rend hommage.
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