La team des plongeurs de la protection civile de Crisnée a 50 ans
Il y a 50 ans, la team de plongeurs voyait le jour au sein de la protection civile de Crisnée. Recherche de disparus, extraction de voitures, sauvetage, la mission de ces 16 agents est multiple.
- Publié le 16-12-2022 à 06h00
- Mis à jour le 16-12-2022 à 13h17
En 1972, l’équipe de plongeurs de la protection civile a vu le jour à Crisnée. D’abord majoritairement affectés à la recherche et l’extraction de véhicules, ils ont désormais d’autres missions: recherche de personnes disparues, prise d’échantillons, recherche judiciaire, ou encore, sauvetage de personnes en cas d’inondation. Pour les 50 ans de la team, tous se sont réunis ce vendredi afin de fêter cet anniversaire, entre joies et émotions.
L’équipe de Crisnée se compose de quatre plongeurs professionnels et douze plongeurs volontaires venant combler l’effectif lors des missions. Ils sont sous le commandement du sergent Claude Chardon. Au fur et à mesure des années, la recherche des personnes est devenue une mission prioritaire pour ces plongeurs. "Ils ont, grâce à leurs techniques de recherche, permis à des familles de faire leur deuil, ce qui est un processus indispensable quand on a perdu un être cher ", explique le colonel Nicolas Tuts.

Depuis 1995, c’est avec la cellule des personnes disparues de la police fédérale que la team des plongeurs effectue des missions, constituant 90% de leur temps. "On est appelés par la cellule disparition en cas de recherche de personnes dans tout ce qui est “milieux liquides”, que ce soit un suicide ou un meurtre. On est également dans la recherche d’indices judiciaires pour confondre un individu devant la justice et nous prenons également des échantillons. Par exemple, il y a beaucoup de recherches dans des voitures immergées et, parfois, nous retrouvons des corps, on a donc des grosses seringues sans aiguilles pour récupérer ce qu’il faut pour le labo." Ces quinze dernières années, 1 102 véhicules ont été extraits pour investigations, 190 corps ont été découverts et 102 armes retrouvées également.
Ils n’oublient pas Olivier !

Depuis 2019, l’équipe de Crisnée collabore étroitement avec la team néerlandophone de Braasschaat, qui compte sept plongeurs volontaires, sous le commandement du Capitaine Brastiaan Ruys. "Nous travaillons tout le temps ensemble, nous sommes toujours ensemble. Évidemment, eux sont du côté néerlandophone et nous en Wallonie, mais on se retrouve au lieu de la mission, que ce soit partout en Belgique ou même hors du territoire", explique le sergent plongeur Claude Chardon. "Nous avons eu du support vital de nos collègues francophones, ce sont eux qui ont formé notre équipe. Ils ont organisé des formations et des cours. Nos plongeurs ont également pu passer une année de stage à Crisnée. Ensuite, avec notre collaboration, nous avons créé un lien très fort entre les deux équipes", explique Brastiaan Ruys. Mais malgré ce jour de fête, les collègues n’oublient pas Olivier Rouhxet, décédé il y a quelques années. "J’ai une pensée émue pour notre plongeur Olivier, décédé en 2011 en intervention, lors des recherches à Engis des deux petites filles: Alysson et Amélia. Ce fut pour moi le plus douloureux moment de ma carrière. Et il était donc important pour moi de ne pas l’oublier aujourd’hui", confie le colonel Nicolas Tuts.
Claude Charon : « Il faut être physique, avoir du psychologique et travailler en équipe »
Pour le sergent Claude Charon, la plongée était d’abord un loisir. "J’ai commencé la plongée en loisir, et ensuite, je suis allé chez les pompiers volontaires où on cherchait des plongeurs. J’ai passé mes brevets et voilà, ça a continué. Quand je suis entré à la protection civile en 2008, la première chose qui m’a intéressée était le troisième peloton car il y avait les plongeurs." Pour parvenir à exercer ce métier, il faut savoir garder la tête froide, et posséder des qualités indéniables. "Il faut être physique, avoir du psychologique – car on voit des choses difficiles – et avoir un très bon esprit d’équipe. Sans ça, on ne sait pas rentrer chez nous." Et ce métier compliqué psychologiquement l’est évidemment à cause des situations rencontrées sur le terrain. "Quand on trouve malheureusement des corps, on en parle ensemble, on évacue. En plongée, l’esprit d’équipe est très important car c’est une chaîne. Si un ne va pas bien, c’est toute la chaîne qui ne va pas." Parfois, des corps sont même repêchés des années après la disparition des personnes. "On avait retrouvé une voiture avec des ossements et la personne avait disparu depuis 36 ans. Les parents nous ont remerciés car ils ont enfin pu faire leur deuil." Pour conclure, il évoque son meilleur et son pire souvenir au sein des plongeurs de la protection civile. "Mon pire souvenir est le décès d’un des collègues et le meilleur, c’est en exercice avec tous les copains. Mais dans le métier, il n’y a pas de bons souvenirs. Ce sont nos moments à nous, qu’on peut qualifier de positifs."