Qu’en est-il de l’agriculture à Crisnée?
Long débat sur la situation agricole à Crisnée mercredi soir, lors du conseil communal. Tous, majorité comme opposition, tirent la sonnette d’alarme : il est plus que temps de réagir, bien que les décisions n’appartiennent pas aux Communes.
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- Publié le 12-05-2022 à 12h32
- Mis à jour le 24-05-2022 à 17h19
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C’était inscrit à l’ordre du jour du conseil communal de ce mercredi soir et la parole était donnée en priorité aux oppositions. Quel est l’état des lieux de l’agriculture à Crisnée? L’échange de points de vue fut long sur la question et cela se justifie par l’importance de cette matière.
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Et c’est Yves Collin qui ouvre le bal des discussions. "La dernière fois que nous avons eu cette conversation, j’avais parlé de comment on pourrait procéder plutôt que de discuter à l’emporte-pièce sans agir vraiment" , exprime le conseiller écolo, qui répète qu’il serait préférable de réunir les citoyens, les élus et les agriculteurs autour de la question agricole. "C’est pour le bien de tous car nous sommes tous tributaires de l’agriculture, menacée notamment par les dérèglements climatiques et plus récemment par la guerre en Ukraine. Il faut mettre en place des actions concrètes et définir un budget."
Le conseiller indépendant Jean-Marie Tong, lui, ne mâche pas ses mots. "Depuis ma jeunesse, on a fracassé les agriculteurs, on les a laminés. On leur a dit qu’il fallait qu’ils produisent plus, qu’il s’industrialisent. Aujourd’hui, on arrive à un tel point que la planète n’arrive plus à suivre…"
«On préfère acheter en Chine»
Le conseiller communal prend notamment pour exemple l’achat de 1700hectares de terres en France par la Chine. Mais aussi l’ouverture "à bras ouverts" d’Alibaba en Belgique, à Liège. "On leur construit des autoroutes pour qu’ils puissent livrer leurs trucs. Ce n’est pas seulement l’agriculture mais tout un contexte socio-économique dans lequel les partis de droite ont mis toute leur énergie… On va dans une direction extrêmement grave et ce n’est pas en allant planter quelques arbustes qu’on réglera les problèmes."
Pourtant, dit-il encore, "la Hesbaye était une terre très fertile sur laquelle il y avait du blé, des meuniers, des boulangers. Il y avait même un petit abattoir ici à Crisnée. Tout cela a été massacré car on préfère acheter en Chine. Et la politique actuelle ne fait rien pour résoudre les problèmes."
Le bourgmestre de Crisnée, Philippe Goffin, a ensuite tenu à recontextualiser la situation de l’agriculture dans la commune hesbignonne. "Crisnée, c’est 1682 hectares dont 1300 (NDLR: 82% du territoire) sont consacrés à l’agriculture. C’est peut-être frustrant mais en matière d’agriculture, les Communes n’ont aucun pouvoir. Nous dépendons de décisions prises par d’autres autorités."
Et il rappelle qu’un des premiers éléments de l’Europe, au terme du traité de Rome en 1957, c’était de mettre en place une politique agricole commune (PAC) entre les six États membres de l’époque. "On était au sortir de la guerre et la volonté était de garantir une autonomie alimentaire de ce qu’était à l’époque la Communauté économique européenne. PAC qui a bien évolué et qui a notamment donné un certain pouvoir aux régions."
Deuxième élément à rappeler, "la Belgique a été organisée en plans de secteur à partir de la loi organique de 1962. Il y en a 48 dans notre beau pays dont 23 en Wallonie. Et, de nouveau, quand on entend qu’à Crisnée on a massacré l’agriculture , ajoute-t-il en référence aux propos tenus par Jean-Marie Tong, je tiens à rappeler qu’à Crisnée, le plan de secteur n’a pas changé d’un centimètre carré depuis 1987."
Que peuvent faire les Communes?
À tout cela sont venus s’ajouter, dans les années 70 et 80, les chemins de remembrement qui ont également influencé l’organisation du territoire crisnéen. "Clairement, depuis 2000, nous n’avons plus aucune influence sur la manière d’organiser la circulation agricole dans notre commune. On peut juste créer des chemins de mobilité douce." Une lente évolution de l’agriculture qui n’a donc jamais relevé de l’autorité communale. "Ni de loin, ni de près."
Mais alors, aujourd’hui, que peuvent faire les Communes? "On a récemment déclassé des chemins de remembrement, qui étaient jusqu’alors accessibles aux automobilistes, au moyen du panneau F99C. Un geste posé à l’attention des agriculteurs mais aussi des promeneurs et cavaliers. On a développé une politique de fauchage tardif. On a aussi la capacité de régler les moments où le lisier est étendu." Et enfin, "on peut organiser la manière dont les laboures se font pour permettre de lutter contre les inondations. À part ça…"
À noter que le revenu moyen à l’hectare à Crisnée pour les agriculteurs est de 789 €, selon des chiffres de la Région wallonne. "En 2020, il y avait 23 vaches laitières, 158vaches allaitantes, 6porcs, 0volaille et 55 ovins sur notre territoire."
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