Comblain-au-Pont : le hameau de Hoyemont craint l’arrivée d’un village de vacances
Un investisseur flamand voudrait construire 25 maisons de vacances haut de gamme sur le site d’un ancien camping, à Hoyemont. Les habitants du patelin sont méfiants.
Publié le 21-02-2023 à 06h30 - Mis à jour le 21-02-2023 à 09h23
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C’est un projet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre dans le joli hameau de Hoyemont, situé sur le territoire de la commune de Comblain-au-Pont. Un privé ambitionne en effet de construire un village de vacances haut de gamme, à l’endroit où se trouvait jadis un camping, fermé depuis plus d’une dizaine d’années.
Derrière cet investissement qui s’élève, selon nos estimations, à bien plus de 5 millions €, se trouve Rafael Vergauwen. Originaire de Beveren, cet ancien chef d’entreprise a racheté en décembre 2020 le manège-ranch Little Creek à Comblain-la-Tour, sur la commune de Hamoir.
À l’époque, le Waaslandien n’avait pas caché ses intentions de moderniser et d’agrandir les infrastructures équestres. Mais il n’a pas encore obtenu son permis d’urbanisme (voir ci-contre). En juin 2021, l’investisseur néerlandophone nous annonçait aussi sa volonté d’ériger à moyen terme un village de vacances. Moins de deux ans plus tard, les paroles ont été traduites en un avant-projet présenté le 12 janvier dernier à une trentaine d’habitants de Hoyemont.
Et depuis lors, ceux-ci s’interrogent, et certains s’indignent même face à des intentions qui vont, disent-ils, "détruire l’âme de leur patelin". Celui-ci compte aujourd’hui 178 habitants. "D’après le projet présenté, il s’agit de construire 25 maisons unifamiliales quatre façades en pierre et en bois, précisent les riverains rencontrés. Celles-ci comprendraient quatre chambres et deux salles de bains, et seraient vendues entre 400 000 et 500 000 €."
"Un projet désuet"
L’idée de l’investisseur serait donc de vendre les biens à de futurs propriétaires qui ne pourraient toutefois pas se domicilier dans le hameau, puisque le projet se situera (it) dans la zone de loisir "Air pur". "D’après les plans, les maisons seraient dispersées sur la moitié du terrain acquis par l’investisseur, disent les habitants. Mais qu’en sera-t-il dans le futur ? Qui peut nous garantir que le village de vacances ne s’agrandira pas encore ?", s’interrogent encore les habitants.
Lors de cette première réunion, le porteur de projet a aussi proposé d’ériger sur le site une salle polyvalente qui pourrait être utilisée par la population locale. Mais là encore, certains habitants se montrent dubitatifs par rapport aux nuisances sonores. Autre aménagement: une plaine de jeux qui, ici aussi, pose question. "On nous a laissé entendre lors de la réunion qu’elle pourrait être fréquentée par des touristes de passage. Qu’est-ce que ça signifie ?"
Dans un courrier de trois pages adressé au collège communal il y une quinzaine de jours, quelque 100 habitants ont rassemblé leurs craintes et leurs questions qui sont notamment d’ordre environnemental. "Avant même d’être sorti de terre, ce projet est dépassé, désuet, jugent-ils. Il ne rencontre aucun des défis auxquels nous devons faire face: autonomie énergétique, autonomie en eau, dégradation de notre biotope, etc."
Le bourgmestre Henon: "Le moindre des maux"
Présents lors de la réunion, les membres du collège comblinois accueillent, eux, le projet bien plus favorablement. "Nous sommes à l’écoute des deux parties, glisse le bourgmestre Jean-Christophe Henon (IC). Je ne peux pas empêcher quelqu’un de nourrir des projets mais tout ne doit pas être accepté." Le premier citoyen comblinois ajoute encore: "Il faudra trouver un modus vivendi viable pour le village. N’est-ce pas mieux ceci qu’un camping avec 150 caravanes ? Quel est le moindre des maux ?"
Du côté de l’investisseur et du bureau UMAN architect, on ne s’épanche pas trop. Eux qui "travaillent depuis les prémices du projet en toute transparence avec les autorités communales et la population", disent-ils. La réunion d’information préalable à l’étude d’incidences sur l’environnement devrait avoir lieu dans le courant du mois d’avril. Tous les habitants de l’entité de Comblain-au-Pont mais aussi de plusieurs autres communes environnantes y seront invités. "Le projet est toujours voué à évoluer et à être travaillé en interaction avec les locaux et les personnes concernées."