Il était tellement "bleu d’elle" qu’il l’a frappée à Clavier
Le jeune homme ira jusqu’à mettre son ex – compagne en joue avec une arme factice. Récidiviste, il risque 4 ans de prison.
Publié le 11-03-2023 à 07h00
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Le hasard du calendrier fait que ce dossier de violences intrafamiliales figure au rôle du tribunal correctionnel de Huy, le jour où on fête les droits de la femme. Et de droits, l’ex-compagne du prévenu ne semblait guère en avoir à la lecture des préventions. Harcèlement, menaces, elle est aussi victime d’une violente scène de coups le 5 février 2022, au terme d’une soirée à Liège. Quelques mois plus tard, elle doit faire face à une arme dans son appartement de Clavier. Elle souffre d’un stress post-traumatique.
La relation amoureuse n’a duré que quelques mois. Et si le prévenu s’est montré très attentif avec la petite fille de sa compagne, il n’en va pas de même avec cette dernière. Celui-ci a d’ailleurs déjà été condamné à 30 mois avec sursis probatoire pour moitié de la peine pour des faits de violence à son encontre. Des faits qui se sont produits à nouveau le 2 février 2022, alors qu’ils étaient de sortie. "Il y a eu échanges de coups, précise-t-il. Elle a abîmé mon véhicule. J’ai perdu mon sang froid. Je lui ai mis un coup de poing au visage."
Elle aurait alors donné un violent coup de volant: "on aurait pu être tués tous les deux". Auditionnée en son temps par la police, la compagne aurait présenté une tout autre version, comme le rappelle le président Marot. Ce soir-là, son compagnon était très nerveux. Il a voulu rentrer. Et pour une histoire de musique qui allait trop fort, elle a éteint la radio du véhicule à deux reprises.
Menacée de mort
La suite est connue. En se débattant, elle a cassé le levier de vitesses. "Je ne le reconnaissais plus, a-t-elle confié aux policiers. Il m’a menacée de mort." À hauteur de Boncelles, il aurait essayé de la sortir du véhicule. En prison, il a continué à la contacter. Et comme elle a décidé de couper les ponts, il essaie de la joindre par l’entremise de sa copine ou via les réseaux sociaux. "Je l’aimais. J’étais bleu d’elle", confie-t-il au tribunal.
Un amour difficile à admettre si on sait que fin novembre dernier, il débarque à l’appartement de sa compagne où se trouvaient son amie et un tiers. Tous trois ont été mis en joue. Averti, le père du prévenu est intervenu pour ramener son fils et se débarrasser de l’arme. "Je n’étais pas dans mon état normal. Je me suis présenté au Petit Bourgogne (Ndlr: hôpital psychiatrique) mais, ils n’ont pas voulu de moi."
La victime s’est constituée partie civile. Elle réclame 1000€ provisionnels ainsi qu’une expertise médicale. La Procureure de division Brigitte Leroy, quant à elle, entend un discours égocentré "mais pas d’attention réelle pour la victime". Elle juge la personnalité du Claviérois interpellante et requiert quatre ans de prison. La défense le reconnaît: "ce type de dossier reste difficile à défendre mais il ne faut pas tomber dans le manichéisme enfantin".
L’avocat du prévenu sollicite une peine de probation autonome. "À ce stade, il doit se construire une crédibilité", conclut son conseil.
Jugement le 5 avril.