Le juge Ernest Hougardy est décédé
Le Burdinnois Ernest Hougardy aura été juge d’instruction, à Huy, pendant plus de 20 ans. Il est décédé dimanche.
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Publié le 05-01-2022 à 09h08
Les plus anciens se souviennent encore de lui. Autant ceux qui travaillaient au palais de justice de Huy que les voyous et malfrats qu’il recevait dans son bureau. Ou encore les journalistes avec lesquels il ne manquait pas de discuter de l’une ou l’autre affaire. Le juge Ernest Hougardy est décédé dimanche, il avait 90 ans.
Il était devenu magistrat en 1971 et a été juge d'instruction au palais de justice de Huy pendant plus de 20 ans. "Il a été le seul juge pendant pas mal de temps", se souvient le Hutois Jean-François Marot, président du tribunal de 1re instance de Huy jusqu'il y a quelques mois. "Ce qui le caractérisait? C'était un homme jovial, avec beaucoup d'humour, sympathique. Pas l'homme qui pouvait inspirer un sentiment de terreur, plutôt un gai luron." Qui a surtout marqué de son empreinte le palais de justice de Huy en sa qualité de juge d'instruction. "Son surnom, c'était le shérif, dit de lui son fils Yves Hougardy. Il était fort proche des services de police, de la BSR, il disait travailler en équipe sur le terrain."
Enerst Hougardy aura ainsi traité de gros dossiers sur l’arrondissement. Comme la fusillade du cross de Hannut, les hold-up revendiqués dans la région par François Besse, le lieutenant en cavale de Jacques Mesrine, ou encore plus récemment l’affaire Rémy Lecrenier dont il a géré en partie l’instruction.
Proche, il l'était aussi des journalistes. Philippe Leruth, journaliste à L'Avenir aujourd'hui pensionné, se souvient de lui: "je le revois avec son éternel costume de velours, ouvert à la presse comme je n'ai jamais plus rencontré de magistrats ensuite, travailleur acharné mais aussi bon vivant au point que les péjistes de Liège l'avaient surnommé Bérurier, du nom de l'adjoint du commissaire San Antonio." C'était néanmoins un magistrat respecté, au point, se souvient Philippe Leruth, qu'un malfrat était venu se constituer prisonnier à Huy parce qu'il avait confiance en lui. "Mon père disait toujours que la criminalité évoluait, se souvient son fils Yves Hougardy. Quand il est parti, il a dit que ce n'était plus la même chose, il parlait d'un code d'honneur chez les plus grands bandits. C'était un magistrat à l'ancienne." Un magistrat "qui faisait un peu ses journées à l'envers, se souvient lui aussi Jean-François Marot. Il lui fallait un greffier très disponible car il pouvait passer pas mal de temps en journée à des petites choses pour ensuite travailler à fond jusqu'à pas d'heure."
Après avoir raccroché comme juge d'instruction, Ernest Hougardy est retourné au siège, comme magistrat de fond en correctionnelle ainsi qu'aux divorces. Il a ensuite quitté le palais de justice de Huy à 67 ans pour poursuivre encore un peu après à la commission de probation. "Ce que j'entends de lui, c'est que c'était quelqu'un de franc, de direct, de juste et qui n'avait pas sa langue en poche", ajoute son fils Yves. Avec le procureur du roi René Stassart, marqué par son décès, "ils formaient un duo de choc". Avec son départ, c'est clairement la fin d'une époque.