La maman de la victime de Steven Di Salvo: "Il a détruit ma vie mais la haine ne fait pas partie de moi et ça ne fera pas ressusciter ma fille"
À l’issue de sept jours de procès, le jury de la cour d’assises de Liège a condamné le Berlozien Steven Di Salvo à 30 ans de réclusion pour l’assassinat de son ex-compagne et mère de ses quatre enfants.
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- Publié le 21-03-2023 à 19h55
- Mis à jour le 21-03-2023 à 19h56
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C’est fini. Après sept jours de procès, le jury de la cour d’assises de Liège a tranché sur la culpabilité de Steven Di Salvo. Le Berlozien de 30 ans a été reconnu coupable d’assassinat (meurtre avec préméditation) envers Jessika Oliveira De Melo, son ex-compagne, et écope d’une réclusion de 30 ans. "Il existe des circonstances atténuantes en faveur de Steven Di Salvo liées aux difficultés de son enfance, a exprimé la présidente, Annick Jackers avant de s’adresser au Berlozien. Vous venez d’être condamné à une lourde peine. Je ne peux que vous encourager à réfléchir à votre acte. Mettez votre incarcération à profit pour modifier votre comportement. Un espoir existe et vos avocats l’ont mis en évidence. Il ne tient désormais qu’à vous de transformer cet espoir en réalité."
Pour rappel, le 22 juin 2020, à 14 h 20, les policiers de la zone de police de Hesbaye sont envoyés rue de la station 33 à Berloz. La maman de l’accusé avait en effet téléphoné aux services de police afin de signaler que son fils, Steven Di Salvo, avait tué son ex-compagne à leur domicile. Arrêté vers 14 h 50 dans sa voiture alors qu’il prenait la direction de Saint-Trond, le Berlozien de 30 ans avait confirmé avoir tué son ex-compagne. Les policiers et les ambulanciers dépêchés sur les lieux avaient découvert le corps sans vie et ensanglanté de la jeune femme. "Il y avait au total 49 plaies sur l’ensemble du corps: 22 au niveau de la tête, 13 au cou, 7 sur le thorax et 4 dans le dos, a détaillé le médecin légiste qui a pratiqué l’autopsie du corps de Jessika Oliveira De Melo. Il y avait également 3 plaies sur les membres supérieurs qui montrent qu’elle a essayé de se défendre. La victime est décédée de manœuvres de strangulation."
Les justifications de Steven Di Salvo et les témoignages entendus durant le procès n’ont donc pas convaincu les jurés de la cour d’assises de Liège. Depuis le jour des faits, le Berlozien justifiait en effet son accès de violence par une discussion houleuse entre lui et son ex-compagne. Il soutenait qu’elle lui avait affirmé vouloir partir vivre au Brésil avec leurs quatre enfants. Une idée qu’il disait ne pas pouvoir supporter. Pour les jurés et les parties civiles, le seul motif de cet assassinat était la séparation. "Les déclarations ne collent pas pour justifier un geste impulsif et irréfléchi, a motivé la présidente. Il a agi avec sang-froid et lucidité pendant et après les faits. Il a pris un deuxième couteau pour achever la victime. Il a pris le temps et le soin de se laver les mains après chaque scène de coups. Il a verrouillé la porte en partant et a pris le temps d’appeler ses proches avant de passer l’appel à la police. Steven Di Salvo savait depuis plusieurs jours que la décision de Jessika Oliveira De Melo était définitive et il ne pouvait pas la supporter."
Pour toutes les femmes
Pour la maman de Jessika Oliveira De Melo, la fin du procès, c’est une page qui se tourne. "Le procès, c’est quelque chose que j’attendais pour rendre justice à ma fille, pour redorer son image et aussi pour les enfants, confie-t-elle quelques minutes après l’annonce de la condamnation. Aujourd’hui, c’est une pression qui retombe enfin. Je ressens une certaine forme d’apaisement mais rien ne fera jamais revenir ma fille. Ce ne sera jamais vraiment juste car elle est morte mais je suis satisfaite. Le jury a bien travaillé et a essayé d’aller vers la vérité. Ils n’ont pas laissé les mensonges prendre le dessus. Je ne dis pas ça contre la famille de Steven mais ce n’était pas la réalité."
Au-delà de ce procès, la maman de la victime voulait aussi porter un message féministe et engagé. "Je ne veux jamais que ce soit une histoire taboue. Il y a énormément de femmes qui vivent la situation de ma fille mais qui n’osent pas dire, pas montrer, pas dénoncer. À travers ce procès, c’est aussi la cause de toutes les femmes que je voulais défendre. Je veux continuer de raconter pour interpeller certaines jeunes filles qui s’engageraient dans la mauvaise direction. Une vie sauvée, ça n’a pas de prix."
"La vie de ses enfants est encore à écrire"
Dans la voix de la Wavrienne de 48 ans, il n’y a ni haine, ni rancœur. "Il a détruit ma vie mais la haine ne fait pas partie de moi et ça ne fera pas ressusciter ma fille. Steven a eu ce qu’il méritait et la seule chose que je lui souhaite, c’est de prendre conscience de ce qu’il a fait. J’ai l’impression qu’il ne réalise par encore vraiment. J’espère qu’il arrivera à cette étape pour devenir quelqu’un d’autre."
Présente depuis le premier jour du procès, la maman de Jessika Oliveira De Melo a tenu bon sans jamais baisser le regard. Un courage et une abnégation à toute épreuve. Son énergie et sa pugnacité, elle les puise dans son amour pour les quatre enfants du couple. "À travers eux, je vais continuer de faire vivre ma fille. Jessika s’est envolée le 22 juin 2020. Sa vie est terminée mais celle de ses enfants est encore à écrire. Leur vie est bouleversée depuis le jour des faits mais elle doit se poursuivre. Je veux leur montrer qu’ils peuvent être de bonnes personnes. Ce ne sera jamais plus la même chose mais ils ont encore le droit d’être heureux", conclut-elle avant de repartir pleine de confiance en l’avenir. La grand-mère est actuellement famille d’accueil pour les quatre garçons du couple de Berloziens. Elle continue de se battre dans les tribunaux pour en avoir la garde exclusive.