Procès de Steven Di Salvo: un meurtre intentionnel mais pas prémédité
Pour les avocats de Steven Di Salvo, Me Christophe Van der Beesen et Me Séverine Solfrini, le Berlozien n’a jamais prémédité le meurtre de son ex-compagne.
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- Publié le 20-03-2023 à 17h37
- Mis à jour le 20-03-2023 à 17h38
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Si les parties civiles et l’avocat général soutiennent l’accusation d’assassinat, pour les avocats de l’accusé, Steven Di Salvo, l’histoire est bien différente. "Ça fait une semaine qu’on parle et qu’on débat autour de cette question, entame Me Christophe Van der Beesen en s’adressant aux jurés de la cour d’assises de Liège. Votre mission à vous sera de trancher. Oui, il a tué son ex-compagne. Ce n’est ni contesté, ni contestable. Vous devez maintenant trancher s’il s’agit d’un acte prémédité ou non. Avait-il l’intention de la tuer ? Oui, mais ce n’est pas de la préméditation. Si on a une personne convaincue et qui sait ce qu’il va se passer, est-ce que vous pensez que vous dites au revoir aux enfants comme d’habitude en disant “À ce soir” ? Ce n’est pas révélateur. Rien ne permet de démontrer qu’il y avait une quelconque préméditation. Il a envoyé un message à un ami à 13 h 35 en lui disant qu’il était en train de discuter avec Jessika. On sait donc qu’il y avait bien une discussion entre les deux."
Et M Séverine Solfrini d’ajouter: "Ce n’est pas quelqu’un qui a réfléchi son acte et ruminé sa haine et sa colère. Personne n’était là et nous ne sommes pas dans un film où on peut faire des retours en arrière. Vous ne devez jamais partir d’un postulat. Est-ce que vous avez la preuve que Monsieur Di Salvo a bien prémédité le meurtre ? Est-ce qu’il a eu à un moment une résolution criminelle ? Est-ce qu’on vous a certifié qu’il avait l’idée bien fixe, claire et déterminée de passer à l’acte avant le 22 juin 2020 ? Est-ce qu’on vous a apporté les preuves au-delà de tout doute raisonnable ?"
Un sentiment de tristesse et d’abandon
Pour les avocats de la défense, les faits du 22 juin 2020 ne relèvent ni de la préméditation, ni de la manigance. "Il n’est pas dans un sentiment de colère et de montée en puissance mais plutôt de tristesse et d’abandon, exprime Me Christophe Van der Beesen. On n’a pas une gradation négative au point de fomenter son projet. Ce n’est résolument pas le cas. Il n’y a pas de message de menaces de mort vis-à-vis de Jessika. L’état d’esprit de Steven au moment des faits, ce n’est pas du tout de la détermination. Il veut surtout tout faire pour reconquérir la mère de ses enfants et veut véritablement faire des efforts. Il envoie des messages d’excuses et veut aller de l’avant. C’était fini entre eux mais pour lui, rien n’était clair. Il se rattachait au moindre élément. Pour lui, rien n’était définitif. Une séparation, ce n’est pas un on/off, c’est quelque chose qui se fait dans la continuité et dans la durée. Et la vitesse de croisière est différente pour chacun." La défense de l’accusé justifie un meurtre effectué sur le coup de la folie. "49 coups de couteau, ça relève plus de l’hystérie qu’un acte réfléchi", conclut Me Van der Beesen.
Des réalités et des perceptions différentes
Me Solfrini insiste: "Depuis le premier jour, il est en aveu et ça doit être porté à son crédit. On ne peut pas vous soutenir que les faits se sont déroulés comme ils vous ont été présentés par l’accusé mais rien ne permet de contredire la thèse de Monsieur Di Salvo. La perception n’est pas la même pour lui que pour Jessika. On est dans une situation du “Je t’aime, moi non plus”. On vous demande de croire qu’elle est allée seule à un rendez-vous alors qu’elle craignait pour son intégrité physique ? Je n’y crois pas."
Peu importent les thèses appuyées par l’une ou l’autre partie, ce qu’il s’est passé ce jour-là, aucune personne ne le saura. "Je sais qu’il n’a pas répondu à toutes vos questions mais n’oubliez pas non plus qui il est. Une personne n’est pas l’autre et c’est trop facile de nier sa personnalité et sa fragilité. C’est un gamin de 5 ans qui s’est retrouvé sans image paternelle, rappelle l’avocate de l’accusé avant de se tourner à nouveau vers les jurés. Vous devez vous mettre dans ses chaussures à lui. Vous pouvez vous demander si c’était votre fille qui était morte, mais vous pouvez aussi vous demander si c’était votre fils qui était dans le box des accusés…"