Procès de Steven Di Salvo: "Je pense qu’il ne s’agissait pas d’un coup de colère ou d’un accident"
Contre toute attente, ce matin, la cour d’assises de Liège a pu entendre le meilleur ami "virtuel" de Steven Di Salvo. La pièce qu’il manquait au puzzle pour bien comprendre la relation du couple.
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Publié le 17-03-2023 à 12h03 - Mis à jour le 17-03-2023 à 12h04
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C’est un témoignage auquel la cour d’assises de Liège ne s’attendait pas. Prévu normalement mercredi, le meilleur ami "virtuel" de Steven Di Salvo s’est finalement présenté ce vendredi matin. Le français de 36 ans s’est lié d’amitié avec le Berlozien par l’interface des jeux vidéo. "Nous sommes devenu amis à partir de septembre 2016. Nous ne nous étions jamais rencontrés physiquement, raconte-t-il. On parlait de foot mais aussi de tout et de rien. Il me parlait de ses difficultés et de ses quatre enfants en bas âge." Concernant la personnalité du jeune homme, son ami avoue qu’il pouvait vite s’emporter et qu’il avait parfois des pics de colère. Il confirme également qu’il fumait régulièrement du cannabis et en faisait pousser chez lui pour son usage personnel. Et sur sa situation professionnelle, Steven Di Salvo avait également un avis tranché. "Pour lui travailler revenait à être esclave de la société et être dépendant d’un patron. Il n’envisageait pas d’avoir une vie professionnelle. Vers la fin de leur relation, quand il a compris qu’il y avait très peu de chance qu’elle revienne vers lui, il m’avait cependant demandé de lui rédiger un CV."
"Elle avait peur de lui"
À partir de janvier 2020, Jessika prend contact avec l’ami de son compagnon pour discuter des cadeaux d’anniversaire de Steven Di Salvo. "On a commencé à parler de plus en plus régulièrement. Elle se livrait au fur et à mesure et elle me parlait de sa situation familiale. Elle me disait qu’elle avait de plus en plus de mal à supporter son quotidien. Elle avait l’impression d’être enfermée dans une cage, de ne plus avancer. Elle a longtemps été coupée du monde. Ça lui pesait énormément. À la fin, elle ne dormait plus avec Steven. Elle avait peur de lui." Au milieu de cette situation de couple, le Français a tenté d’arrondir les angles, faisant en sorte de les réconcilier. "Mais elle ne voulait plus. Elle n’était plus heureuse ni amoureuse. Elle se sentait oppressée et en danger. Il était parfois violent envers elle. Elle voulait rentrer chez sa mère avec ses enfants. Ses quatre bouts de chou, elle les aimait plus que tout au monde", s’attendrit-il.
Au fur et à mesure, les sentiments entre l’ami français et Jessika Oliveira De Melo ont commencé à évoluer. "Oui, c’est arrivé, a-t-il attesté. Je ne sais pas comment dire mais c’est arrivé comme ça. Steven n’était pas au courant de ce qu’il y avait entre nous. À ce moment-là, je lui parlais beaucoup moins. Je le voyais différemment. Jessika m’envoyait les captures d’écran des discussions qu’ils avaient ensemble et je l’ai perçu d’une autre manière. Avant, je pensais que Steven était une bonne personne, qu’il tentait de prendre soin de sa famille. Mais j’ai vite compris qu’il y avait un problème."
"Sa vie était en Belgique"
Devenu le confident de Jessika Oliveira De Melo, l’ami français assure que le couple était bien séparé et que la situation était claire. Le 22 juin 2020, la visite à l’école des enfants et celle prévue chez le notaire étaient les dernières étapes. "Le 21 j’étais avec elle au téléphone toute la journée et on a discuté jusque 1h du matin. Elle avait une énorme inquiétude sur ce qui allait se passer le lendemain. Elle avait peur. Mais elle avait aussi ce courage d’avancer et de passer à autre chose. J’ai tenté de la rassurer. Je lui ai dit que rien de mal n’allait se passer, se remémore-t-il la voix serrée. J’ai eu tort sur ce coup-là. Elle avait un mauvais pressentiment et sa mère également. Mais elle voulait y aller toute seule pour enfin finir cette histoire et passer à autre chose. Pour elle, c’était le point d’orgue. Elle allait pouvoir avancer dans sa vie. Se libérer. Elle voulait passer son permis et voulait s’épanouir professionnellement. Elle avait plein de projets et rêvait d’ouvrir son institut à Bruxelles. Elle m’avait d’ailleurs demandé de lui refaire son CV et de lui trouver des offres d’emploi. J’ai envoyé sa candidature au Forem de Bruxelles. Son projet était d’habiter chez sa mère un moment à Wavre, puis de prendre un appartement avec ses enfants. Elle avait même essayé de trouver des écoles pour ses enfants." Le jeune homme confie que lui et Jessika Oliveira De Melo avaient prévu de se voir en septembre dans un parc d’attraction en France. Il lève également le voile sur sa volonté de partir ou non vivre ailleurs. "On avait d’ailleurs émis l’idée que je vienne vivre avec elle. Sa vie était en Belgique et à aucun moment elle n’a évoqué l’envie d’aller vivre au Brésil. La seule fois où elle m’en a parlé, c’était pour un voyage de deux semaines afin d’aller présenter ses deux plus jeunes enfants à sa famille. Elle ne voulait pas que Steven perde la garde de ses enfants." L’ami dépeint ainsi l’image d’une histoire de couple qui s’arrêtait après avoir battu de l’aile pendant de nombreux mois. Jessika Oliveira De Melo semblait soulagée et sereine dans sa décision.
Le trentenaire a reçu un dernier message vers 13h pour dire que tout était "OK", qu’elle allait bien mais qu’elle était fatiguée et stressée. "C’est seulement vers 16h30 qu’un ami de Steven m’a appelé pour me dire qu’elle était décédée. J’étais bouleversé. J’ai appelé le frère de Steven. Il était en panique complète. Sa maman aussi. J’ai assisté à l’enterrement et j’ai donné les informations et les conversations qu’on avait eues à la famille de Jessika. Ces deux dernières années, j’ai passé énormément de temps à relire nos conversations et à me demander comment la situation avait pu en arriver-là. Au départ, j’ai cru que ce n’était qu’un pétage de plomb. Et plus j’y pense, plus je me dis que ça ne colle pas par rapport au sentiment qu’avait Jessika et à ses accès de colère, réfléchit-il à haute voix avant de conclure. Après avoir ressassé cette histoire pendant deux ans, je pense qu’il ne s’agissait pas d’un coup de colère ou d’un accident."