La mère de Steven Di Salvo: "Je voulais juste sauver ma belle-fille"
La maman de l’accusé Steven Di Salvo a témoigné ce mardi devant la cour d’assises. Elle avait prévenu les services de secours lorsque son fils lui a confié avoir tué sa compagne.
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Publié le 14-03-2023 à 19h11 - Mis à jour le 14-03-2023 à 19h12
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Ce mardi après-midi, la cour d’assises de Liège a entendu la maman de Steven Di Salvo, en tant que témoin des faits et de moralité. L’occasion d’abord de dresser le tableau de son enfance. "J’ai été mariée une première fois avec le papa de Steven. Je l’ai eu lorsque j’avais 19 ans. C’était une période très compliquée, se remémore-t-elle en sanglots. Mon mari était violent alors je le conduisais souvent chez ses grands-parents pour qu’il ne subisse pas ça. J’ai décidé de me séparer mais le papa de Steven ne l’a pas accepté et il s’est suicidé le soir-même. Mon fils n’avait que 5 ans mais il a toujours eu du mal à l’accepter. J’ai ensuite rencontré mon second mari avec qui j’ai eu deux enfants. Il y avait une bonne entente entre tout le monde. Steven a même choisi le prénom de son petit frère." La Faimoise explique également que son fils était bon élève en primaire mais qu’il subissait de nombreuses moqueries et qu’il n’avait pas beaucoup d’amis parce qu’il était en surpoids. "Il a été à l’athénée de Herstal mais il n’arrivait pas à se faire accepter par les autres. Il avait constamment des angoisses et il n’arrivait plus à aller à l’école. Il a donc décidé d’aller au centre médical pour adolescents Clairs Vallons afin de perdre du poids. C’est là qu’il a rencontré sa première compagne, avec qui il a eu une première fille."
Il ne s’attendait pas à une séparation
Le jeune couple, âgé de 18 et 15 ans à l’époque, vit d’abord un peu plus d’un an chez la maman de Steven Di Salvo. "Il avait ensuite trouvé un emploi et un appartement à Berloz. C’était une relation toxique. Ils se disputaient régulièrement. J’ai dû un jour appeler la police car je craignais que mon fils ne fasse du mal à sa compagne. Elle était aussi violente. " Steven et sa première compagne se séparent donc en 2013 et c’est à ce moment-là qu’il reprend contact avec Jessika Oliveira De Melo. "Elle est venue le jour du Nouvel an et ils se sont mis ensemble le 1er janvier 2014. Ils ont eu quatre enfants très rapidement et je me disais que ça n’allait pas être facile à gérer. J’habitais le village à côté donc je les voyais très régulièrement. C’était un couple heureux et, pour moi, tout se passait bien. Je n’ai jamais assisté à des disputes. Jessika m’avait même confié vouloir encore une fille. C’est le confinement qui a fait émerger des problèmes entre eux. Lorsque Jessika a décidé de partir chez sa maman le 22 mai, Steven est tombé de haut car il ne s’y attendait pas. Elle disait qu’elle voulait qu’il change." La mère de famille soutient que son fils avait fait des efforts pour montrer qu’il avait changé mais que, malgré ça, Jessika Oliveira De Melo ne ressentait plus rien pour lui. Elle voulait le quitter et repartir de zéro.
"Je lui ai dit d’appuyer sur le champignon et de se jeter du premier pont"
La présidente, Annick Jackers, lui a ensuite demandé de se souvenir de la journée du 22 juin 2020, celle du meurtre. "Ils sont d’abord allés conduire les deux plus jeunes chez des amis et puis ils m’ont déposé les deux plus grands en fin de matinée parce qu’ils avaient prévu de régler les modalités de la séparation et d’aller chez le notaire à 15 h. les enfants n’étaient pas au courant de la séparation, même le jour des faits. Moi, j’étais persuadée que c’était une mauvaise passe et qu’ils allaient finir par se remettre ensemble. Ce jour-là, Jessika était bien, elle avait l’air heureuse et détendue. Ça me faisait plaisir de la voir épanouie mais j’avais mal pour mon fils car plus elle allait bien, plus il allait mal." Le couple est parti et Steven Di Salvo a rappelé sa maman à 14 h 13. Il était paniqué et criait. La Faimoise marque un temps d’arrêt avant de poursuivre le fil des événements. "Il m’a dit “Je l’ai tuée”, finit-elle par lancer en fondant en larmes. Je lui ai demandé où elle était car je voulais juste sauver ma belle-fille mais il ne m’a pas répondu et m’a dit qu’il était certain qu’elle était morte car il avait pris un couteau." Comme un cri du cœur, la maman de l’accusé se replonge dans les mauvais souvenirs. "J’ai tapé dans les murs. J’ai commencé à vomir. Je me disais que ce n’était pas possible. Je pensais vraiment qu’on pouvait la sauver. Je lui ai dit d’aller se livrer à la police, de se rendre. Et il m’a dit que non car il ne voulait pas vivre sans elle. Il m’a dit qu’il avait pris des médicaments. À ce moment-là, je me rendais compte de vers où il allait. Je savais que sa vie était finie. Je lui ai dit d’appuyer sur le champignon et de se jeter du premier pont. Je n’aurais pas dû dire ça. Je ne savais pas quoi faire. Tout ce que je voulais c’était sauver ma belle-fille. J’ai raccroché et j’ai appelé le 112."
Un changement de version
À 14 h 20, la maman de Steven Di Salvo appelle les services de secours afin de signaler que son fils a tué son ex-compagne à leur domicile, rue de la station 33 à Berloz. Elle est ensuite entendue une première fois le jour-même en qualité de témoin. Dans le procès-verbal de l’audition, elle aurait dit que son fils avait déjà évoqué l’idée de tuer sa compagne. Elle avait également banalisé ses envies suicidaires. Dans une audition ultérieure effectuée le 9 juillet 2020, la maman de l’accusé a souhaité modifier la déclaration faite le jour des faits. Elle précise qu’elle n’a jamais déclaré que Steven Di Salvo avait dit que sa seule solution était de tuer Jessika Oliveira De Melo. Elle précise que c’était dit sur le ton de la boutade lorsqu’il s’était rendu compte des dettes accumulées en raison de la mauvaise gestion de son ancienne belle-fille. Devant la cour d’assises de Liège, elle a maintenu cette version. "Je pense que la déposition faite le jour des faits s’est déroulée dans l’urgence et l’émotion. On ne m’a pas relu le procès-verbal et on me l’a donné pour que je puisse le relire à tête reposée. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai voulu préciser les choses lors de la deuxième audition. Mon fils parlait de suicide depuis une semaine donc jamais je n’ai pensé que c’étaient des paroles en l’air."
Aujourd’hui, la Faimoise garde des contacts avec son fils mais ne souhaite pas parler de l’enquête lorsqu’ils se voient. Elle finit d’ailleurs par conclure, toujours en larmes: "Je suis entre les deux quand je vois mon fils et la famille de Jessika. J’essaye de me tenir debout pour les petits-enfants et je ne pensais pas avoir la force d’être là aujourd’hui. J’espère qu’il pourrait un jour se racheter auprès de ses enfants."