Steven Di Salvo: "La première chose que j’ai vue sur la table, c’était un couteau"
Steven Di Salvo, jugé pour l’assassinat de son ex-compagne, Jessika Oliveira De Melo, a expliqué, devant la cour d’assises de Liège, comment il en était arrivé là.
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Publié le 13-03-2023 à 15h09 - Mis à jour le 13-03-2023 à 15h15
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Ce lundi a débuté le procès de Steven Di Salvo, accusé de l’assassinat de son ex-compagne, Jessika Oliveira De Melo, le 22 juin 2020, à leur domicile. Après la lecture de l’acte d’accusation, le Berlozien de 30 ans a été entendu pour expliquer le déroulé des événements. L’occasion d’abord de revenir sur son enfance et ses blessures de jeunesse. "Mon papa s’est suicidé lorsque j’étais âgé de 5 ans et j’ai été élevé par mes grands-parents jusqu’à l’âge de 8 ans. Ma maman s’était alors remise avec un homme qui est ensuite devenu comme un père pour moi." La famille recomposée s’agrandit en 2001 et 2004. Steven Di Salvo évolue avec sa demi-sœur et son demi-frère mais décroche du cursus scolaire en 3e secondaire. "Depuis le suicide de mon père, je me réfugiais dans la nourriture. J’étais gros et je subissais beaucoup de moqueries à l’école. Je n’étais pas mauvais élève mais ça se passait mal au niveau social. J’ai donc décroché car j’avais trop d’angoisses."
Une tendance dépressive
Âgé alors de 16 ans, Steven Di Salvo décidé de rejoindre le centre médical pour adolescents Clairs Vallons afin de perdre du poids. "Je pensais que perdre du poids allait me permettre de mieux me sentir. Ça se passait très bien. J’étais avec des jeunes qui avaient vécu les mêmes choses que moi. J’y suis resté un an."
Progressivement, le Berlozien confie avoir fait de "mauvaises rencontres" qui l’ont poussé à fumer la cigarette et consommer du cannabis. "J’ai toujours eu une tendance dépressive et j’ai fait plusieurs tentatives de suicide. J’ai toujours été mal dans ma peau." C’est également cette année-là qu’il rencontre sa première compagne avec qui il aura une fille en 2012 avant de se séparer en 2013. Un premier enfant qu’il ne voit plus depuis. "Après la séparation, j’ai commencé à reprendre contact avec des personnes du Clairs Vallons et notamment avec Jessika. On a commencé à parler pendant des heures et à développer une certaine complicité. Nous avons décidé de nous voir le jour du Nouvel an, en 2014."
Quatre fils en trois ans
De cette union sont nés quatre enfants, quatre garçons: un en 2015, un deuxième en 2016 et des jumeaux en 2017. "Depuis combien de temps votre couple ne fonctionnait-il plus ?, insiste, à deux reprises, la présidente Annick Jackers. Elle avait l’air de se plaindre depuis 2018 et était déjà allée voir un psychiatre." Steven Di Salvo élude les questions et se retranche en disant ne pas avoir de souvenirs "Elle allait chez son psychiatre car c’est fatigant de s’occuper de quatre enfants."
Selon les éléments de l’enquête, c’est en mars 2020 que les problèmes émergent et Jessika Oliveira De Melo émet l’idée de se séparer. Le couple traversait des difficultés financières et la Berlozienne reprochait à son ex-compagnon de ne pas vouloir travailler et de jouer trop souvent aux jeux vidéo. Le 5 juin, elle retourne vivre chez sa maman à Wavre avec les trois plus jeunes enfants. "L’aîné était celui avec qui j’avais le lien le plus fort. Depuis le début, il s’intéressait à moi et ne voulait pas me laisser", raconte l’accusé.
Le couteau dans la main droite et la main gauche pour étrangler
Le 22 juin, les parents décident de se voir pour régler les modalités de la séparation et de la garde des enfants. "Nous avons déposé les deux plus jeunes chez un couple d’amis et les deux aînés chez ma maman. Nous devions aller à l’école à 13 h 15 pour récupérer le matériel des enfants pour qu’ils changent d’école", précise le trentenaire. Le couple revient au domicile vers 13 h 30. Et c’est à ce moment-là que l’histoire prend un tout autre tournant. "J’avais demandé au notaire une interdiction de quitter le pays car j’avais peur qu’elle ne parte au Brésil avec les enfants, reprend Steven Di Salvo. Elle m’a répondu que je ne pouvais pas l’empêcher de partir au Brésil avec les enfants et j’ai pété un câble. J’ai perdu le contrôle. La première chose que j’ai vue sur la table c’était un couteau, alors, je l’ai pris et je l’ai poignardée. Je lui ai donné un coup ou deux et puis elle est tombée. J’ai des images qui me reviennent mais je ne suis plus exactement ce qui s’est passé. Je me souviens m’être mis sur elle et l’avoir encore poignardée au niveau du visage puis étranglée. J’avais le couteau dans la main droite et je l’étranglais avec la main gauche."
Un Bic dans les yeux pour l’empêcher de regarder
Au moment de la reconstitution, l’accusé avait avoué avoir enfoncé un Bic dans les yeux de son ex-compagne pour l’empêcher de le regarder. "J’ai été me laver les mains et j’ai entendu du bruit. J’ai alors pris un autre couteau dans la cuisine car le premier était cassé et je lui ai à nouveau porté deux coups. Je me suis arrêté au moment où elle ne faisait plus de bruit. Je voulais juste qu’elle se taise. Je suis ensuite allé dans la salle de bains me rincer et c’est là que je me suis dit “Putain, qu’est-ce que j’ai fait ?”. J’ai alors pris des médicaments et une bouteille d’eau et je suis rentré dans la voiture. J’ai pris conscience de ce que je venais de faire et je me suis dit que je ne pourrais pas vivre avec ça. Je suis parti avec l’intention de me suicider."
Appelés par la maman de l’accusé, les policiers de la zone de police de Hesbaye sont envoyés rue de la station 33 à Berloz vers 14 h 20. "Vous avez passé un premier appel à 13 h 55 et vous dites que vous êtes rentrés de l’école vers 13 h 30. On peut donc se demander si vous avez véritablement eu une discussion", interroge la juge avant de demander à l’accusé s’il voit toujours ses enfants. "Non, répond-il. Aujourd’hui, je n’arrive toujours pas à m’expliquer mon geste."