Marc Tarabella reste en prison mais sera transféré: "Même si la détention préventive est difficile, elle n’entache pas son innocence ou son moral"
L’eurodéputé anthisnois, Marc Tarabella, restera incarcéré un mois de plus. Un "coup de massue" pour Michel Evans qui le remplace à la tête de la Commune.
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Publié le 03-03-2023 à 13h35 - Mis à jour le 03-03-2023 à 17h05
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Non, l’eurodéputé anthisnois n‘est pas remis en liberté. La chambre des mises en accusation a tranché ce vendredi 3 mars. Marc Tarabella reste donc incarcéré un mois de plus. "On ne sait jamais quelle sera la décision à l’avance mais c’est un coup de massue, confie Michel Evans, bourgmestre f.f. au moment où nous lui apprenons la nouvelle. Comment peut-on prolonger la détention sur base d’un dossier qui est vide de preuves et sur les seules déclarations d’un repenti ? Je crois que la Belgique a une justice qui est très loin d’être performante."
"Il bénéficie d’un soutien indéfectible"
Marc Tarabella reste donc en prison pour un mois supplémentaire mais il tient le coup, assure Michel Evans. "Même si la détention préventive est difficile à vivre pour lui, sa famille ou pour nous, elle n’entache pas son innocence ou son moral. Il bénéficie d’un soutien indéfectible tant au niveau de la population que des mandataires politiques. Nous l’avons très régulièrement au téléphone. Il nous a d’ailleurs sonnés hier soir car nous avions une réunion de l’USC. Il reste le Marc que l’on connaît."
Muté dans une prison plus proche
La remise en liberté n’est donc pas à l’ordre du jour mais son avocat, Me Töller, a néanmoins obtenu de la chambre des mises en accusation que son client soit transféré vers une prison autre que celle de Saint-Gilles. "L’objectif était de sortir rapidement mais je présume que sa mutation vers un endroit plus proche de son domicile sera actée sous peu. Le problème c’est l’éloignement par rapport à la famille. Il aimerait avoir au moins cette facilité d’être plus près de ses proches", conclut Michel Evans.
Pour son colistier Francis Hourant, conseiller communal, pas question de commenter la décision de justice mais il réagit sur l’aspect humain. "Ce qu’il vit est extrêmement injuste car nous sommes persuadés de son innocence. J’ai eu une conversation avec lui après le 9 décembre, entre quatre yeux, en amitié, en toute confiance et il m’a assuré de son innocence. Nous sommes amis depuis 30 ans. Ce qu’on lui reproche est impossible. La parole d’un élu mafieux a plus de valeur que celle d’un homme exempt de reproche. Nous sommes donc déçus de la décision."
"Je suis outrée de cette décision"
Au sein du collège, Yolande Huppe, présidente du CPAS, le clame sans détour. "Je suis outrée de cette décision. C’est l’incompréhension. Et c’est le sentiment partagé par de nombreux Anthisnois. Pourquoi prolonger cette détention préventive alors même que les prisons manquent de place, qu’il n’y a aucun indice de culpabilité dans le chef de Marc et qu’il ne représente pas un danger. Je déplore d’ailleurs le manque de communication de la justice qui ne donne aucun argument, aucune justification de ses décisions. Comment est-il possible que Marc soit en prison alors que le compagnon d’Eva Kaili, qui est au cœur du réseau, est sous bracelet électronique. Je ne pense pas que la justice belge sortira grandie de cette affaire. À croire qu’on est dans un système sclérosé. Mais heureusement, Marc garde le moral malgré tout et le fait d’être transféré l’aidera à tenir le coup."
Pour rappel, cinq personnes sont actuellement inculpées dans l’affaire du Qatargate: Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé socialiste italien, Eva Kaili, l’ancienne vice-présidente du Parlement européen, Francesco Giorgi, le compagnon de celle-ci et ancien assistant parlementaire de Panzeri, le lobbyiste Niccolo Figa-Talamanca, et l’eurodéputé-bourgmestre d’Anthisnes, Marc Tarabella.
Le dossier remue la scène politique depuis plusieurs mois. Au centre de ce réseau de corruption présumé, Pier Antonio Panzeri. Lors des perquisitions menées par les autorités belges en décembre 2022, un peu plus de 600 000 € en cash avaient été saisis au domicile du politicien. Il a alors demandé à bénéficier du statut de "repenti" en échange de tout ce qu’il sait. Cela lui permettrait de n’effectuer qu’une année de prison ferme. Et c’est sur base de ses déclarations que l’eurodéputé anthisnois, Marc Tarabella, s’est retrouvé propulsé au milieu de ce dossier.
Pier Antonio Panzeri avait en effet soutenu avoir donné entre 120 000 et 140 000€ en liquide à l’Anthisnois afin qu’il appuie des positions en faveur de la Coupe du Monde au Qatar. L’ambition était qu’il ait reçu, à la fin de la législature, en 2024, un total de 250 000 €.
Exclu du parti socialiste, Marc Tarabella a vu son immunité parlementaire levée le 2 février. Il a été interrogé par les enquêteurs le vendredi 10 février et, dans la foulée, il a été inculpé et placé sous mandat d’arrêt le samedi 11 février par le juge d’instruction Michel Claise. Après avoir été incarcéré à la prison de Saint-Gilles, l’Anthisnois est passé devant la chambre du conseil de Bruxelles qui a décidé, jeudi 16 février, de prolonger sa détention préventive. La remise en liberté n’a finalement pas été accordée.
Depuis le début de l’affaire, le collège communal anthisnois est derrière son bourgmestre avec détermination, en bloc. Pour appuyer son soutien et marquer le coup, les échevins ont décidé d’organiser une action symbolique en prélude du conseil communal de jeudi prochain, le 9 mars. "Un quart d’heure avant, on va prévoir quelque chose mais on ne dévoile pas encore les détails, indique le conseiller Francis Hourant. On communiquera plus de détails via les réseaux sociaux pour inviter les citoyens qui le veulent à participer à ce moment. La forme de l’action n’est pas encore précisée mais elle sera simple. Nous gardons la surprise." Et la présidente du CPAS Yolande Huppe de rebondir. "Vous en connaissez beaucoup des politiciens soupçonnés de malversation qui soulèvent un tel soutien et pour qui la population se mobilise ? C’est une première je pense…"