Élections communales 2018 à Anthisnes: le mouvement citoyen érodera-t-il les deux listes?
Les Anthisnois découvrent une nouvelle liste, CiM citoyenne. PS-IC, qui veut maintenir la majorité, et MR-cdH-IC pourraient se voir grappiller des voix.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/A46G5SR5TNHP3OOGVVQLNTZSCU.jpg)
Publié le 20-09-2018 à 16h54
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/6EZPNGOKTJDX5JPSZH46DP5AVA.jpg)
Quatre listes à Anthisnes. Il faut remonter à 1994 pour trouver pareille situation et tel panel de choix. «Je me réjouis de cette nouvelle donne et de l'arrivée de la liste CiM qui apporte quelque chose de neuf sans pour autant être opposé à nous», indique d'emblée Marc Tarabella, bourgmestre depuis 24 ans. Le duel habituel PS-IC/MR-IC ne sera donc pas d'actualité cette fois et cette liste 100% citoyenne, vient, si pas rebattre les cartes, du moins donner de nouvelles perspectives et dynamiques…

Du côté du PS-IC, à la tête de la Commune depuis quatre mandats, on maintient à flot un navire de poids: tout le collège se représente (Tarabella, Evans, Pelosato, Hourant, Huppe) et ambitionne clairement de garder sa majorité absolue (et plus que confortable avec 11 sièges sur 15). «On dispose d'un collège solide, expérimenté mais aussi de sept nouvelles têtes pour construire l'avenir», note Marc Tarabella qui a en effet annoncé son dernier mandat de bourgmestre.
Le MR-cdH-IC, lui, repart aussi avec les deux mêmes têtes de proue, Françoise Tricnont-Keysers et Bernard de Maleingreau, auxquels on ajoute sept nouveaux visages et surtout, le cdH. La touche humaniste, via le candidat Benoît Henry, va-t-elle faire gagner du terrain au groupe? «On répond en tout cas à une demande de la population de voir le cdH s'exprimer et imprimer ses valeurs», indique Françoise Keysers. La volonté du groupe est, clairement, de viser au moins le statut quo de 2012, soit quatre sièges.
À côté de ces deux «piliers» qui occupent la scène politique d'Anthisnes depuis 1994, CiM (Citoyen en Mouvement) insuffle un vent nouveau au scrutin, un peu d'oxygène pourrait-on même dire. La liste, complète et tirée par Blaise Agnello, fondateur du groupe Anthisnes en Transition, aligne des personnes «vierges» en politique mais déjà très impliquées dans les initiatives citoyennes locales: GAC, Repair café, potager collectif, monnaie Le Val'heureux… L'axe le plus important du programme repose sur la consultation réelle, voire la participation du citoyen, à la gestion de la commune, un thème porteur à l'heure où la crise de confiance touche de plein fouet la sphère politique. L'impact que ce troisième groupe pourrait avoir sur les résultats du scrutin reste à déterminer. Face à deux listes qui s'affichent clairement (PS d'un côté, MR-cdH de l'autre), CiM et sa démocratie citoyenne bien dans l'ère du temps, pourrait bien tirer son épingle du jeu. «Nous ambitionnons de décrocher le plus de sièges possible et on pourrait bien créer la surprise, assure Agnello Blaise. Nous attirons beaucoup de sympathie.»«Oui, CiM va sans doute nous grappiller des voix mais en réalité, ils abordent les mêmes thèmes que nous: budget participatif, participation citoyenne», précise Marc Tarabella.

Le scrutin n'a pas encore donné ses résultats mais au sein de PS-IC, on est confiant. Depuis 1994, le groupe n'a fait que conforter sa position au sein du conseil, passant de 7 à 11 sièges, grignotant petit à petit la part de gâteau du MR-IC (qui a connu plusieurs noms au fil des législatures). «On est là depuis 24 ans, sous la même bannière, avec, depuis 2000 chaque fois plus de 65% de taux de vote. Une équipe et un groupe stable. C'est un électeur sur trois qui vote pour nous depuis 2000 et je reste confiant», souligne Marc Tarabella dont l'implication à l'Europe comme député et le capital sympathie au sein de la population sont mis en avant par le groupe. À côté de sa fidèle équipe d'anciens, le bourgmestre met aussi en avant la jeunesse qui se met en place (sept nouveaux candidats sur 15) pour assurer la relève, comme Léa Poucet (en médaillon), 18 ans, propulsée à la… 4e position. «Comme moi, confie le mayeur, Francis Hourant, Michel Evans et Yolande Huppe annoncent que cette législature sera leur dernière. On prépare la relève.»

MR-IC ajoute une corde à son arc en intégrant officiellement le cdH dans son cartel. «Notre groupe a toujours véhiculé des valeurs humanistes mais on voulait répondre à la demande des Anthisnois de donner au cdH une visibilité concrète», explique Françoise Tricnont – Keysers. Par ailleurs, à la Région, MR et cdH travaillent déjà ensemble. On a donc décidé de concrétiser ce rapprochement et de faire une véritable fusion, avec l'accord de Benoît Lutgen.» La touche humaniste est représentée par Benoît Henry, 44 ans, ouvrier. Mais le groupe se veut aussi d'ouverture, avec un groupe pluraliste, sans obligation d'appartenance politique. Depuis 12 ans, c'est Françoise Tricnont-Keysers qui tire la liste et qui tape sur le clou en termes de diminution de fiscalité. Au conseil, elle l'assure, son groupe s'est battu, notamment pour aider les clubs de sport. La conseillère libérale se représente avec ses colistiers du conseil (Bernard de Maleingreau d'Hembise, René Harray et Camille Guilmot) et surtout fort de sept nouveaux candidats dont le très jeune Martin Dominique-Goncalves, 25 ans.

Le paysage électoral se complète cette année par l'émergence du groupe CiM. Une liste non seulement complète mais qui a aussi la particularité d'être composée uniquement de nouveaux en politique. «Pourquoi se présenter dans une commune qui semble bien gérée? On veut faire de la politique autrement, en associant plus directement le citoyen et en portant une autre vision de la société, un monde plus juste, résilient et plus solidaire», explique Blaise Angello, tête de liste et fondateur du mouvement Anthisnes en Transition. Les candidats sont d'ailleurs déjà impliqués dans différentes initiatives (GAC, Repair café, monnaie citoyenne, potage collectif…). Plusieurs partagent aussi les valeurs du parti Écolo, sans pour autant y adhérer. «On ne voulait pas prendre l'étiquette écolo qui, pour nous, est devenue un parti comme les autres, immergé dans le jeu de la politique.» Pour pousser la liste, on retrouve Dominique Berger (réalisateur de documentaire engagé, en photo). Après les élections, quel que soit le résultat, CiM souhaite se fédérer avec d'autres mouvements citoyens wallons, « pour repenser notre société, dans son ensemble».