Procès de Steven Di Salvo: "Jamais il n’a essayé de la sauver"
Pour les avocats des parties civiles, il reste encore beaucoup de zones d’ombre. Des points d’interrogation qui laissent à penser que Steven Di Salvo a prémédité son acte.
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- Publié le 20-03-2023 à 11h17
- Mis à jour le 20-03-2023 à 11h18
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Après cinq jours de témoignages et de reconstitution de l’enquête, les avocats ont entamé leurs plaidoiries ce lundi 20 mars. Me Laura Nicolini s’est lancée la première pour défendre les intérêts des quatre enfants de Steven Di Salvo et Jessika Oliveira De Melo.
"Pour les enfants la situation est très simple. Papa a tué maman. Votre rôle à vous sera un peu plus compliqué. Vous devrez dire s’il s’agit d’un meurtre. La réponse sera forcément affirmative puisque Monsieur Di Salvo a avoué. La deuxième question sera plus complexe puisqu’il vous faudra dire s’il s’agit d’un assassinat ou non."
Pour le tuteur ad hoc, Steven Di Salvo a dit beaucoup de mensonges et d’incohérences tout au long de son procès et depuis le jour des faits. "Le point de départ c’est que la relation entre Steven Di Salvo et Jessika Oliveira De Melo est finie. Il fantasme les raisons de la séparation. Il s’imagine qu’elle veut partir au Brésil avec les enfants. Les différents intervenants que vous avez entendus vous ont clairement dit que ce n’était pas le cas. Elle voulait retrouver un emploi et s’installer à Wavre."
"Vous leur devez la vérité"
Deuxième incohérence pour Me Nicolini, c’est la présence du couteau sur la table. Selon Steven Di Salvo, le couteau en céramique se trouvait déjà à cet endroit car Jessika Oliveira De Melo l’avait utilisé pour faire les poubelles. Il l’a saisi pour poignarder sa compagne alors qu’elle était assise en face de lui. "Je ne sais pas vous mais moi je n’ai jamais pris un couteau pour faire les poubelles. Il n’y a d’ailleurs aucune trace d’éléments coupés par un couteau dans les poubelles. On vous l’a dit: Jessika Oliveira De Melo n’est pas provocatrice. Elle n’aurait pas posé un couteau sur la table. Une femme de 27 ans ne va pas provoquer un homme. On vous a dit également qu’il aimait jouer avec les couteaux. Il avait déjà menacé sa première compagne."
Enfin, l’avocate des enfants attire l’attention des jurés sur le timing du 22 juin 2020. Ce jour-là, le couple rentre au domicile, à Berloz, entre 13 h 25 et 13 h 30. "Le premier appel de Monsieur Di Salvo est émis à 13 h 55, rappelle Me Nicolini. Si en 20 minutes, tout doit se faire comme il prétend que ça s’est passé, ce n’est pas tenable. Jamais il n’a essayé de la sauver. La première personne qu’il appelle c’est sa maman et pas les secours. Il fait d’ailleurs en sorte que les secours ne puissent pas rentrer facilement dans l’habitation en fermant la porte d’entrée à clé. Il n’essaye pas non plus de se suicider. Il le dit mais ne le fait pas. Il n’a absolument pas l’intention de mourir ce jour-là." Après 30 minutes de plaidoirie, le conseil s’adresse à l’accusé avant de quitter la salle d’audience. "Quelle que soit l’issue de ce procès, elle ne changera pas la situation des enfants qui devront vivre sans leurs parents. Les enfants veulent savoir comment leur maman est morte. Si vous les aimez, vous leur devez la vérité", conclut-elle.
"L’élément déclencheur c’est la séparation"
Jessika Oliveira De Melo avait-elle oui ou non l’intention de partir vivre au Brésil avec les enfants ? La question n’en finit pas de revenir au centre des débats. Parce qu’il s’agit du mobile de Steven Di Salvo pour justifier son acte. Mais pour Me Bart Verbelen, l’avocat de la maman, du frère et du beau-père de la victime, la préméditation ne fait aucun doute. "Son acte était préparé et ils n’ont pas eu le temps de discuter de quoi que ce soit. Il lui a fait la même chose qu’il craignait qu’elle ne fasse. Il l’a privée de ses enfants. Il savait que c’était la dernière occasion pour lui de tuer Jessika. L’élément déclencheur c’est la séparation et rien d’autre. Une vie sans elle était impossible. Il ne pouvait pas comprendre qu’elle se sente sereine et qu’elle imagine sa vie sans lui. Nous sommes convaincus que Monsieur Di Salvo a agi avec préméditation. Je vous demande de répondre oui aux deux questions qui vont seront posées."
Depuis le jour des faits, Steven Di Salvo laisse encore planer beaucoup de doutes et les jurés font face à de nombreuses zones d’ombre. "Il y a tellement de choses qui ne s’expliquent pas, qui restent sans réponses. Parce que Monsieur Di Salvo refuse de répondre. Le psychiatre a constaté qu’il ne se trouve pas dans un état dissociatif. Il doit être capable de se souvenir du jour des faits. Il ne nous explique pas d’où vient la plaie dans le dos causée par un coup de couteau et qui aurait pu provoquer la mort si Jessika n’était pas décédée de strangulation. Autre point d’interrogation: il n’y a pas de sang sur la table, pas sur les documents ou sur la chaise su laquelle elle aurait dû être assise." Et Me Bart Verbelen abonde dans le même sens que l’avocate des enfants. "Il voulait absolument qu’elle meure. Il a été cherché un deuxième couteau alors qu’elle était toujours en vie."
Enfin, pour l’avocat des parties civiles, l’accusé ne prend pas conscience des choses. "Tout est toujours lié à des éléments extérieurs. Monsieur Di Salvo n’assume jamais sa responsabilité. Il dit que la situation était liée au confinement et au comportement de Jessika Oliveira De Melo. J’irais même jusqu’à dire qu’il n’a aucun sentiment de culpabilité. À chaque fois il essaye de réécrire l’histoire."