Amay: le projet d’habitat groupé inclusif à Ampsin est abandonné
Le départ d’initiateurs, la difficulté de trouver des investisseurs et l’explosion des coûts ont eu raison du projet d’habitat groupé inclusif porté par la coopérative Stira.
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Publié le 07-03-2023 à 11h43 - Mis à jour le 07-03-2023 à 11h44
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Ils l’avaient présenté comme un projet novateur qui avait séduit les autorités amaytoises. Les membres de l’ASBL Stira ont décidé d’abandonner l’idée de créer un habitat groupé de 12 appartements (avec des locaux communautaires pour des moments de vie à partager) sur l’ancien site des scouts d’Ampsin, rue Martine. Le terrain, les bâtiments qui s’y trouvent encore et le permis de bâtir obtenu en décembre 2020 sont à vendre. Cette décision a été prise lors d’une réunion entre les partenaires qui avaient rejoint Monique Kaspers et deux autres initiateurs depuis le lancement de l’aventure il y a presque six années.
Le groupe a explosé
Au départ, tous étaient fédérés autour de ce projet orienté vers l’échange intergénérationnel, le respect de la nature, l’accessibilité et un mode de décision participatif. "Mais, une succession d’éléments ont fini par faire exploser le groupe, constate Monique Kaspers. Les deux co-initiateurs du projet qui m’ont accompagnée dès les débuts et une arrivante entre-temps ont décidé de se retirer de l’aventure. Il s’agissait de trois véritables moteurs du projet avec la difficulté supplémentaire pour nous qu’ils injectaient beaucoup d’argent dans la coopérative créée pour le mener à bien. Le déclencheur est venu du fait qu’il y avait des besoins fondamentalement différents. Certains étaient tenus par des échéances et voulaient que les choses aillent vite pendant que d’autres étaient moins pressés. Cela a créé des dissensions." Aussi, le contexte financier a changé depuis les premières évaluations financières (entre 2,5 et 3 millions d’euros) avec le Covid, la crise énergétique et l’explosion des coûts des matières premières. "Ce qui a refroidi l’engouement d’investisseurs, analyse Monique Kaspers. Notre montage financier reposait pour un tiers sur l’apport des futurs habitants engagés dans la coopérative (NDLR: ils n’allaient pas être propriétaires mais locataires au prorata des parts prises), pour un tiers sur un prêt bancaire, et pour un dernier tiers sur des investisseurs extérieurs que nous recherchions. Or, on n’a pas eu d’intérêt et cela nous a aussi découragés."
Des leçons à tirer sur la sociocratie
À l’annonce du départ de trois moteurs, l’ensemble de l’équipe a décidé de stopper les frais. "On était sept au total. Des mamans solos depuis la trentaine jusqu’à la septantaine naissante. On a fixé un montant pour au minimum rentrer dans nos frais car il y a eu beaucoup de travail en amont. Frais d’architectes et autres, tout a été payé. Il n’y a pas de dette si ce n’est la contribution des coopérateurs. Rien ne dit que la coopérative va disparaître si le futur acquéreur veut investir dans des parts. À titre personnel, j’espère qu’il s’agira de quelqu’un qui veut poursuivre dans la philosophie d’un habitat partagé. A priori, le futur acquéreur reprendra le projet tel qu’initialement conçu par nos soins. Mais libre à lui de le modifier au prix d’une demande de modification du permis a priori coûteuse."
Les coopérateurs travaillent sur le bilan personnel et humain de cette expérience "car cela peut aider d’autres groupes engagés dans ce mode de participation à éviter certains pièges. La sociocratie (NDLR: mode de gouvernance partagée) est un très bel outil, mais il faut super bien l’utiliser. Nous avons commis l’erreur de ne pas assez recourir à une médiatrice. À chaque fois qu’elle était présente, on passait un cap. À titre personnel, j’ai fait mon deuil et je viens de m’installer à Grivegnée. Et puis, j’en retiens le positif d’avoir fait d’intéressantes rencontres".