À Huy, le marché du mercredi est à la recherche d'un nouveau souffle
Moins de commerçants et moins de visiteurs: le marché hebdomadaire ne se porte pas bien à Huy. La Ville va-t-elle trouver des solutions pour le redynamiser ?
Publié le 19-01-2023 à 07h00 - Mis à jour le 19-01-2023 à 10h01
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Comme tous les mercredis matin depuis plusieurs siècles, c’était jour de marché hier à Huy. Mais malgré un soleil radieux, accompagné certes d’un froid de canard, l’avenue des Ardennes et l’avenue Delchambre n’ont pas fait le plein d’acheteurs. Loin de là, même.
Si les échoppes attirent traditionnellement moins de visiteurs durant l’hiver, le marché hutois, c’est une évidence, est en baisse d’affluence structurelle. Conséquence: des exposants ne prennent plus la peine de se déplacer. Ce mercredi, on a dénombré 15 commerçants d’alimentation dans l’avenue des Ardennes, et 25 commerçants ambulants (textile, chaussures, accessoires de mode, bonbons, horlogerie, rôtisserie, friterie, etc) dans l’artère menant au centre culturel, où les espaces vides sont légion. "Et encore, aujourd’hui, ça va, mais mercredi dernier, à cause de la pluie, nous n’étions qu’une bonne dizaine", lance cette commerçante ambulante, un brin dépitée.
38% de commerçants abonnés en moins en trois ans
Pour tenter de donner un nouveau souffle à son marché, la Ville de Huy vient de lancer un appel pour l’attribution d’abonnements. En septembre 2019, on recensait 247 abonnés (exposants ayant pris un abonnement mensuel, trimestriel, semestriel ou annuel) et 46 commerçants volants. "Ces derniers sont des commerçants qui débarquent le matin et s’installent uniquement s’il y a de la place en payant une redevance journalière, précise l’échevin des Foires et des Marchés, Jacques Mouton. En 2022, nous ne comptions plus que 151 abonnés pour 62 volants".
Parmi ces volants, figure désormais Valérie qui propose des accessoires de mode. "Auparavant, j’avais un abonnement, mais ça me coûtait trop cher par rapport à mes rentrées, précise l’indépendante ansoise, qui vient à Huy depuis une vingtaine d’années. Selon moi, le pouvoir d’achat des visiteurs hutois est aussi moins élevé que celui des habitués des autres marchés dans lesquels je me rends, comme à Waremme, ou sur la Batte."
Dans l’avenue Delchambre. le son de cloche est quasiment identique partout. "Les abonnements me coûtent moins cher sur les autres marchés (Jambes, Namur, Charleroi), et certains, au contraire de Huy, pratiquent des tarifs été et hiver", précise Luis, vendeur de bonbons présent depuis 13 ans dans la cité du Bassinia. "En gros, le marché de Huy est celui qui nous coûte le plus cher, et qui est commercialement le moins intéressant", surenchérit ce vendeur qui préfère garder l’anonymat.
De 1,2€/m2 à 1,6€/m2
Mais au fond, à combien s’élève la redevance d’occupation en 2023 à Huy ? Elle varie de 1,2€/m2/jour (abonnement annuel) à 1,6€/m2 (abonnement mensuel), électricité (obligatoire) comprise. "Mon prix est plus élevé à la Batte (1,4€/m2), mais la fréquentation est bien supérieure, note l’horloger Frédéric Detienne. Par contre, c’est moins cher à Jambes, le jeudi, et à Namur, le samedi. Pour le premier, je paye 6 mois à 0,75€/m2 et six mois à 1 €/m2, et pour le second, c’est 0,9€/m2 pour les mois d’hiver et 1,2€/m2 pour les mois d’été." Outre les tarifs, le Hutois de naissance liste d’autres soucis: "Chaque automne, nous regrettons l’amas de feuilles mortes qui jonchent le sol. Ce qui entraîne un risque de chute. Les emplacements ne sont pas toujours très propres non plus lors de notre arrivée matinale. Sans compter qu’on perd depuis quelques années un mercredi avec l’installation des bus de la Flèche wallonne féminine sur nos emplacements."
Dans l’avenue des Ardennes, Jean-François Gérard, patron de la poissonnerie L’Aquarium, pointe du doigt un autre problème. "Il est loin le temps où de nombreuses personnes du Condroz ou de Hesbaye descendaient à Huy le mercredi matin, constate le quadragénaire, dont les grands-parents tenaient déjà une poissonnerie sur le marché hutois. Selon moi, c’est le problème de parkings qui en dissuade plus d’un. Certains de mes clients qui se déplaçaient à Huy préfèrent aujourd’hui venir acheter nos produits sur les marchés de Wanze ou d’Amay." Plus jeune dans le métier, Thomas Aerts, producteur de légumes bio à Porcheresse (Condroz namurois), n’a lui jamais connu la toute grande foule. "Certes, nous sommes deux producteurs bio sur ce marché, mais je vends plus dans le petit marché de village de Havelange le mardi après-midi qu’ici à Huy."
Jacques Mouton, lui, ne croit pourtant pas à la concurrence des marchés locaux. "L’e-commerce, par contre, fait du tort", estime l’échevin hutois qui ajoute: "Nous sommes en pleine réflexion par rapport au fonctionnement de ce marché. Une étude est en cours."
La redynamisation passera-t-elle par une fusion des deux espaces de vente ? Les ambulants à vocation alimentaire de l’avenue des Ardennes n’y sont guère favorables. À moins que la Ville ne confie l’organisation de son marché à une structure indépendante, comme c’est le cas à Amay ?
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