Wanze: ce « personnage » de Léon Jamart abordé dans un spectacle
Thierry Delgaudinne a rendu hommage à Léon de Tihange. Une pièce empreinte d’humour et de tendresse mais qui laisse aussi place aux réalités du sans-abrisme.
Publié le 16-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 16-01-2023 à 09h51
Dans la salle Catoul de Wanze, le public a répondu présent pour venir retrouver Léon de Tihange le temps d’un instant. Un spectacle imaginé et écrit par Thierry Delgaudinne et mis en scène par Sandrine Geuquet. "Je connais Léon depuis 25 ans. Je l’ai suivi le jour et la nuit, débute l’auteur Couthinois avant de laisser place à cette tranche de vie. Dans cette pièce, il n’y a que de la tendresse pour cet homme pas comme les autres."
Au milieu de bric et de broc chinés qui décorent la scène, les projecteurs mettent en lumière le gîte, un endroit que louent Thierry Delagudinne et d’autres bénévoles pour accueillir des SDF. Un lieu de vacances et une parenthèse pour ces personnes qui vivent dans la rue le reste de l’année. Les éducateurs, joués par Monique Dethier et Jean-Marie Vernier, ouvrent les portes de ce lieu atypique à Sandrine Geuquet, la journaliste. D’emblée, l’occasion est toute trouvée pour sensibiliser le public aux réalités des personnes sans-abri. Et pour illustrer le propos, qui de mieux placé que Léon Jamart pour en parler ? Aussi pertinent qu’impertinent et aussi fatigant qu’infatigable, le Hutois connu de tous, interprété par Guy François, fait irruption sous une volée de rires francs et attendrissants à la fois. La jupe écossaise, les chaussettes jaune fluo, les chaussures à talons, les cheveux en bataille, un visage marqué par des années d’errance, oui, Léon Jamart était de retour ce week-end "parce que je suis l’essentiel", se plaît-il à rappeler à de nombreuses reprises.
La vie de Léon
Ponctué par des interventions des éducateurs ou d’Oscar, un autre SDF interprété par Patrice Langlois, l’échange entre la journaliste et Léon est ainsi l’occasion de (re)découvrir celui que toute la vallée mosane connaît mais ne voit plus déambuler dans les rues. Entre rumeurs et vérités, on vous dit tout. Il paraît d’ailleurs que Léon s’habille de la sorte depuis que son épouse est décédée. "Je ne suis pas habillé en femme, insiste-t-il. J’aime la mode écossaise et c’est pour cette raison que je suis habillé comme ça. J’aime aussi l’Inde. Non pas être habillé à l’indienne, mais à l’Inde. Vous n’y connaissez rien. Je n’ai même jamais été marié." Il a d’abord vécu à Huy puis à Antheit après la mort de ses parents. La maison devenue insalubre avait été mise en vente par le juge. Mais pour Léon, hors de question. "Quelqu’un avait écrit sur la fenêtre de l’habitation “Cette maison n’est pas à vendre” avec un marqueur fluo, de la même couleur que les collants de Léon", rappelle Jean-Marie Vernier. Et depuis 2006, l’homme haut en couleur vit à la rue. "À la Croix Rouge de Huy, je peux y aller l’hiver seulement car le reste du temps ce n’est pas ouvert. Alors je vis à Liège. Je fais des brocantes aussi. J’ai une collection de 4 000 petits disques. Tiens d’ailleurs, je t’en donne un", adresse-t-il à la journaliste. Des anecdotes à la pelle tantôt drôle, tantôt attendrissante. La simplicité des gens qui n’ont rien mais qui donnent tout. "Ça ne me déplaît pas la rue parce que j’y suis habitué", finit-il par conclure. Voilà, désormais vous savez tout. Ou presque.
Alors, personne n’est mort sur scène, sur un air de Dalida, mais les projecteurs se sont allumés pour Léon vendredi et samedi à Wanze. Une belle page hutoise remise en lumière et une envie d’en savoir encore plus. Parce que toutes les belles histoires se doivent la peine d’être racontées, partagées et applaudies, non ?