Le spectacle Der Lauf, florilège de scènes de ménage intérieur (Marchin)
Poétique et philosophique, Der Lauf, proposé ce week-end à Marchin, questionne notre destinée dans un méli-mélo de fracas minuscules.
Publié le 09-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 09-01-2023 à 13h03
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Il n’y a pas de monde sans rêve étrange qui le prolonge comme il n’y a pas non plus de destinée sans incertitudes qui la sous-tendent. Der Lauf, proposé vendredi et samedi à Latitude 50 de Marchin, questionne ce rapport au monde et à soi-même dans une démarche poético-philosophique qui tient compte de la beauté étrange du rêve. Ici, rien n’est déterminé à l’avance, sinon cette escalade de fragilité qui nous fait entrevoir les interstices de notre raison, un semblant de destinée toujours incertaine. Aussi, le cours des choses reste aléatoire tandis que le futur se déroule à notre insu, selon ce que la vie met sur notre chemin, jamais tracé à l’avance. Les personnages, dans cette proposition circassienne, marchent à l’aveugle, un seau sur la tête, avec l’envie d’avancer à pas d’homme dans un méli-mélo de fracas minuscules et de vaisselle cassée. Le public, est leur guide, bienveillant ou à l’inverse cruel.
C’est là le parti pris assumé de Guy Warenburgh, à la base de ce projet, qui, en choisissant de faire interagir le public, analyse aussi le comportement de nos contemporains. Car rien n’est ici anodin. Ni le jeu millimétré des acrobates, ni cette part sombre de l’humain qui peut rejaillir à n’importe quel moment sitôt qu’il est confronté à lui-même ou emporté par la foule qui l’entoure.
Sans plan préétabli, ni aucune narration, le spectacle évolue dans un univers absurde mais tendre, qui établit un parallèle avec notre vie fragile sinon insignifiante et une série d’expériences presque inutiles qui veulent remettre en évidence le cours aléatoire des choses, leur fragilité qui peut conduire à la vie ou à la mort.
L’existence, parfois réduite à rien qui forme le tout, devient une construction éphémère et fragile qui, à tout instant, peut basculer dans le vide à l’image de cette partie jeu d’adresse présentée sur la scène, à la fois spectaculaire et prévisible.
Toute vie est à prendre au sérieux comme le déroulement de ce spectacle à la fois existentiel, absurde mais pourtant bien ancré dans la réalité. Car au bout du compte, ce qu’il en ressort à travers les multiples interprétations, c’est l’histoire de la vie qui est révélée ici, son caractère incertain mais aussi, sa destinée parsemée de beautés minuscules à attraper en plein vol, jusqu’à les magnifier.