Hesbaye Frost, dommage collatéral de la guerre en Ukraine?
L’usine de légumes craint de perdre des contrats de production, les agriculteurs étant appâtés par les cours du blé qui s’envolent.
Publié le 04-06-2022 à 06h00
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À Geer, l’usine de Hesbaye Frost suit de près l’évolution du conflit en Ukraine.C’est que, même si l’entreprise spécialisée dans la surgélation des légumes ne traite aucune céréale, la guerre pourrait lui causer des dommages collatéraux.
En effet, pour sa production de carottes, pois, épinards, haricots, fève des marais et choux de Bruxelles, Hesbaye Frost travaille avec près de 500 agriculteurs de la région répartis dans un rayon de 30 à 40 km autour de l’usine de Geer.
Chaque année, les contrats avec les agriculteurs sont revus et c’est là que ça risque de poser problème.L’Ukraine étant un grand producteur céréalier, la guerre a complètement bouleversé ce secteur.Avec pour conséquence que sur le marché international, le prix du blé s’est envolé.Ce qui pourrait inciter certains agriculteurs à se tourner davantage vers ce type de culture, au détriment des légumes.
Chez Hesbaye Frost, la crainte est bien réelle même si on tempère quelque peu. "Le problème risque de se poser dans les mois à venir, reconnaît Jean-Marc Pirard, directeur du service agronomique chez Hesbaye Frost. Mais ce n’est pas pour tout de suite étant donné que les contrats qui nous lient aux agriculteurs sont revus après les récoltes, soit en septembre-octobre. On espère que d’ici-là, la situation aura évolué favorablement."
Tenir compte de l’assolement
Du côté des agriculteurs locaux, on ne semble pas vouloir lâcher Hesbaye Frost de sitôt. "Semer du froment d’été au lieu des petits pois?Sûrement pas, s’exclame Michel Jadoul, agriculteur à Berloz. En plus avec l’assolement, cela n’ira pas.On doit alterner les cultures, on ne peut pas faire que du froment.On ne peut pas jouer comme ça avec la terre."
Une réflexion que partage aussi François Chabot, agriculteur à Celles (Faimes). "Je ne me vois pas changer en remplaçant toutes mes cultures de légumes par des céréales.De toute façon, compte tenu de l’assolement, cela ne marcherait qu’un an et après il faudrait quand même alterner les cultures." Mais pour cet agriculteur, au-delà de la guerre en Ukraine, le problème c’est la spéculation sur les prix qui fausse le marché. "Ce n’est pas normal qu’un fonds de pension américain investisse énormément dans le secteur.Cela fausse tout."
Bref, pas évident de prévoir comment évoluera la situation sur le marché des légumes et céréales d’ici quelques mois.Les paramètres étant multiples et ni les agriculteurs locaux, ni Hesbaye Frost ne les maîtrisent tous.