Un repas dans le noir à Crisnée, une expérience humaine
Ce week-end, Anim’actions lançait une nouvelle édition des repas dans le noir, à Crisnée. Une expérience particulière qui nous a beaucoup touchés.
- Publié le 09-05-2022 à 06h00
- Mis à jour le 09-05-2022 à 09h52
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Au départ, nous sommes une trentaine. Chacun dans sa bulle, un peu dans son coin. Quelques-uns connaissent déjà le concept. D’autres, comme nous, le découvrent. On est un peu timides, on sait qu’on va devoir échanger avec des inconnus, partager ce moment un peu particulier à une table commune. Le courant va-t-il passer? Au moment de rentrer, notre tablée forme un petit train. Là, l’expérience commence. Et déjà, les langues se délient. On a peur de trébucher et de tomber. Rien de tout cela n’arrive et on s’attable. Où ça? On n’en sait rien. Mais l’entrée nous attend et on s’apprête déjà à vivre une expérience incroyable.
Au service, Mahsum et Laurent, qui sont malvoyants. Catherine Leveau, psychomotricienne chez Anim’action, collabore avec eux au travers de l’association Blind challenge, qui organise des activités pour les personnes handicapées de la vue. Et ce week-end, ils sont venus sensibiliser les convives à leur quotidien. "Pour couper la viande, je mets ma fourchette au centre puis je colle le couteau à côté, nous explique notamment Mahsum, pour nous aiguiller. Il y a néanmoins des ingrédients qu’on préfère ne pas prendre au restaurant, comme du poisson avec des arêtes parce que c’est très compliqué à manger."
Beaucoup de maladresses
Au premier coup de fourchette, on s’interroge. "Que suis-je en train de manger?" On décèle du saumon. Un peu de pesto aussi. Puis, il faut le dire, on en met un peu partout… " Parfois, les participants s’excusent 1000fois parce qu’ils ont fait tomber quelque chose ou ont renverser un verre, s’amuse Laurent. Mais cela fait partie du jeu, c’est une expérience!" Un peu de vin sur le pantalon et on ne peut que confirmer.
Sur la table, divers objets sont déposés. Mahsum nous en ramène quelques-uns. Le but? Deviner ce que c’est au bruit, au toucher, à l’odeur. Parce que le but est là: éveiller nos sens, surtout lorsqu’on est privé de l’un d’entre eux. Ce qui rentre parfaitement dans la dynamique Snoezelen privilégiée par Anim’action et Catherine Leveau. On s’imagine des formes, des couleurs. Des goûts évidemment. Et on se débrouille plutôt bien. Parce qu’on a appris à faire attention. Et à imaginer le quotidien pas toujours facile des personnes malvoyantes, qui ne demandent qu’à être comprises et aidées. Rendez-vous en octobre prochain pour la prochaine édition…