REPORTAGE | Les impressions des agriculteurs belges au Bénin: «Du travail dur mais dans l’entraide»
Début du mois de novembre, deux agriculteurs belges se sont rendus dans le nord du Béninpour constater l’efficacité des programmes menés par les Îles de Paix auprès des populations locales. Les fermiers hesbignons ont aussi travaillé avec les paysans locaux et partagé leur expérience. Un échange réciproque enrichissant.
Publié le 10-01-2019 à 07h00
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Douceur de vivre malgré le labeur

Cécile Schalenbourg a partagé le quotidien d'une famille d'agriculteurs béninois. Chez Mama et son neveu Jonas, près de Noagou, l'agricultrice hesbignonne a découvert un univers très éloigné de l'agriculture qu'elle pratique en Belgique. Alors qu'elle est habituée aux gros tracteurs et autres engins agricoles de pointe, au Bénin, elle a participé à la récolte des maïs à la main ce qui n'a pas manqué d'étonner les paysans locaux: «Une blanche qui travaille en plein soleil. Elle n'a pas hésité à porter des sacs de 10 h à midi», s'exclame Jonas.
«Et encore, j'ai porté des sacs moins lourds que les leurs», précise Cécile Schalenbourg.
Ce que retient aussi l'agricultrice wallonne, ce sont les conditions de travail de ses homologues béninois: «Leurs conditions de travail sont très dures mais pourtant il y a une certaine douceur de vivre. On peut discuter beaucoup plus et partager au sein de la communauté, du village. Il y a une certaine entraide, une réelle solidarité. Moi à la ferme, je travaille seule avec ma sœur mais chacune fait ses tâches de son côté… Une fois, j'ai eu besoin de l'aide d'un autre agriculteur pour transporter une benne de betteraves… Il m'a envoyé la facture quelques jours plus tard.»
Si elle n'a pas manqué de donner des conseils aux travailleurs béninois, Cécile Schalenbourg a aussi appris pas mal de choses. «J'apprécie leur concept de Tontine; un système d'épargne solidaire. Les femmes du village mettent en commun le bénéfice d'une activité et elles décident ensemble de qui bénéficiera de cet argent. Et puis ce sera autour d'une autre personne.»

Cédric Saccone (37 ans) était lui aussi invité par les Îles de Paix au Bénin. Agriculteur maraîcher à Pousset (Remicourt en Hesbaye liégeoise), il est venu confronter sa vision du métier avec les cultivateurs locaux. «J'ai été frappé par le manque de petit outillage en ce qui concerne le maraîchage. Ils ont juste des petites houes au manche court. Je vais leur proposer des plans disponibles auprès d'une association maraîchère pour, notamment, construire un petit semoir que l'on peut faire dans un atelier de soudure avec des matériaux de récupération. Mais il faut aussi tenir compte de la dimension culturelle. Ici, on travaille avec des manches courts, on est courbé. Quelqu'un qui travaille droit, c'est mal vu…»
Riches échanges humains
Ce qui a marqué aussi Cédric Saccone, c'est le fait que bien souvent, les producteurs locaux n'ont pas conscience de la valeur ajoutée de leur produit. «On a vu ça avec le beurre de karité qui leur prend énormément de temps à produire et qu'il laisse partir à des grossistes à moindre coût.»
Le Hesbignon n'a pas hésité à mettre la main à la pâte lors des travaux agricoles au Bénin. Il a aussi partagé des moments privilégiés avec une famille. «Je compte réaliser des petites vidéos sur l'utilisation de tel ou tel outil. Les animateurs locaux pourront leur montrer…»
Dans l'autre sens, le maraîcher wallon a aussi été intéressé par les techniques avancées de gestion de l'eau utilisée au Bénin et par le travail du compost. Mais ce que retiendra encore davantage Cédric Saccone, ce sont les riches échanges humains vécus dans les familles: «On a été accueillis à bras ouverts et ils ont tout de suite eu envie de partager avec nous au quotidien.»
Toujours d'un point de vue humain, Cédric se réjouit d'avoir constaté la fierté retrouvée des agriculteurs locaux. «En participant aux programmes Îles de Paix, ils sont plus heureux. Ils sont dans une spirale positive.»