L’emblématique bâtiment du Trieu sera démoli sans permis
La situation de ce bâtiment du Trieu, datant des années 1900, s’est dégradée au fil du temps. La bourgmestre ne veut plus attendre.
- Publié le 03-09-2022 à 06h00
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Le bâtiment du Trieu, construit dans les années 1900 et se trouvant eau bout de place Roosevelt, à Courcelles, entre l’école et la poste, ne tient plus debout."Ça fait presque un an que nous alertons, relançons, contrôlons, sécurisons pour éviter un drame. Je suis attachée au patrimoine, mais il ne vaudra jamais la vie de qui que ce soit, et certainement pas d’un enfant", explique la bourgmestre Caroline Taquin (MR). Elle annonce que, dès ce lundi 5 septembre, le bâtiment sera démoli.
Mais cette décision se fait sans permis de démolition. Il y a derrière une bataille juridique qui s’annonce probablement. Un retour en arrière s’impose. Il y a 10 ans, Courcelles voulait utiliser le bâtiment comme base pour son grand plan de rénovation urbaine "Quartier du Trieu". Mais il était déjà en mauvais état. Puis le bâtiment a dû être fermé. Rapidement, il a fallu placer un périmètre de sécurité autour des lieux, puisque"des éléments de maçonnerie sont tombés. Des bris de verre ou des petits morceaux de construction se détachaient".
Un rapport a été demandé à un expert. Verdict: l’intérieur risque de s’effondrer, l’eau s’est infiltrée partout, certains murs étaient déchaussés. La bourgmestre Caroline Taquin a donc pris un arrêté de démolition, et a introduit une demande de permis. Ce qui a été refusé, d’abord en février par le fonctionnaire délégué de la Wallonie, puis en juin par le Gouvernement wallon en recours.
Entre-temps, un nouveau rapport de stabilité a fait état d’un problème de fondations. Le bâtiment repose sur des briques, sans étanchéification, et la situation est urgente: un des murs a bougé et menace de s’effondrer. Il faut démolir ou rénover en profondeur.
Pas de réponse du Conseil d’État
Mais, selon ce que la commune de Courcelles indique par voie de communiqué, un chantier de rénovation serait colossal: il faut recreuser des fondations, étanchéifier les murs, créer un drain périphérique, sécuriser le chantier parce que, durant des années, des éléments risqueront toujours de tomber… Un ultime recours a donc été introduit par la commune auprès du Conseil d’État… qui n’a jamais répondu. "Cela fait plus de 60 jours qu’il n’y a pas eu de réponse, le délai est dépassé. Ce lundi la démolition sera lancée", dit Caroline Taquin. Sans permis, donc. Le fonctionnaire délégué a été prévenu, et devrait descendre sur place lundi pour se rendre compte de la situation."Après avoir bataillé avec l’administration dans le respect strict des procédures, il est maintenant temps que chacun prenne ses responsabilités. Les miennes, comme je suis responsable de la sécurité sur le territoire courcellois, seront prises dès lundi", justifie la bourgmestre.
Interrogée sur le fait qu’elle lance la démolition malgré des refus successifs, Caroline Taquin réfute toute volonté de "passer en force" pour avancer sur son grand plan de redéploiement du Trieu, qui prévoyait déjà, dès le début de l’année 2022, un nouveau bâtiment en lieu et place de cet emblème du début du siècle précédent."S’il était stable, nous aurions réfléchi à l’intégrer dans le projet de quartier. C’était d’ailleurs la volonté au départ, il y a dix ans. Et même si le projet devait prévoir de le remplacer, j’aurais gardé le bâtiment actuel en l’état, le temps que le projet avance: le dossier Feder du quartier du Trieu est déposé, mais il faut encore qu’il soit sélectionné. Je ne suis pas pressée au point de commencer une démolition comme ça, ici il s’agit réellement d’une question de sécurité. La mauvaise gestion du passé (comprendre: quand la commune était dirigée par les socialistes, NDLR),nous l’assumons aujourd’hui."Dont acte.