Des boues de dragage utilisées pour produire du béton
Faire du béton avec des boues de dragage? Un premier test concluant a été réalisé par le SPW à Châtelet.
Publié le 16-03-2022 à 06h00
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"Rien ne se perd, rien ne se crée: tout se transforme." Ce célèbre principe énoncé par le chimiste Lavoisier il y a près de trois siècles aurait toute sa place à l'entrée de la piste cyclable pédagogique installée sur le site du SPW Mobilité et Infrastructures (MI) de Châtelet. Le béton de cette piste, où les enfants sont sensibilisés à la sécurité routière par la police locale, a en effet été en partie produit avec des boues de dragage.
La Wallonie est engagée dans une stratégie misant sur l'économie circulaire et a également développé un plan déchets/ressources qui mise sur une réduction d'au moins 25% des demandes en matières premières d'ici 2030. Avec ce projet test, le SPW MI a donc "visé juste", comme le soulignait ce mardi le ministre wallon du Climat, de l'Énergie, des Infrastructures et de la Mobilité, Philippe Henry (écolo) dans le cadre d'un colloque organisé au SPW de Châtelet autour du projet VALSE. Cofinancé dans le cadre du programme européen Interreg France-Wallonie-Flandre, c'est ce projet qui travaille au développement de filières de valorisation des sédiments fluviaux.
Premier objectif concret atteint donc, avec ce béton dans lequel des sédiments issus du dragage du canal Albert et du canal Haccourt-Visé remplacent en 35% du sable nécessaire à sa fabrication (220 kg de sédiments/m3 de béton). La formulation de ce béton a été réalisée dans le cadre d’un collaboration entre l’Université de Lille et l’Institut Scientifique de Service Public de Wallonie (ISSeP).
À ce stade, la fabrication de béton est légèrement plus coûteuse avec des sédiments qu’avec du sable. Plusieurs étapes de déshydratation, de concassage et de criblage alourdissent en effet le processus. Toutefois, le bénéfice/coût s’équilibre si on tient compte du fait qu’on valorise un déchet qui terminerait normalement son cycle de vie en centre d’enfouissement technique, indique Didier Bousmar, directeur du service des recherches hydrauliques du SPW.
Autre avantage, il permet d’éliminer des polluants potentiellement dangereux pour l’environnement. Une bonne partie des sédiments fluviaux contiennent en effet des éléments comme du fluorure et des métaux lourds, traces du passé industriel de la Wallonie. Mais des tests de lixiviation, réalisés avec la collaboration de l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP), ont démontré que ce béton ne libérait pas ces produits dans l’environnement.