Charleroi: le directeur financier de la Ville a présenté le rapport des comptes annuels 2022; c'est très inquiétant
Si vous n’avez pas le moral, fuyez le dernier rapport du directeur financier Éric Wartel sur les comptes annuels de 2022.
Publié le 24-05-2023 à 11h38 - Mis à jour le 24-05-2023 à 12h46
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Financièrement parlant, Charleroi ne va pas bien. Les choses vont même peut-être encore plus mal qu’on ne l’imagine. Le dernier rapport du directeur financier au conseil communal confirme la complexité -l’inextricabilité – de la situation. "Non seulement, les recettes fiscales de la Ville restent en dessous de toutes les moyennes, mais l’évolution des dépenses, en particulier de transfert, nous pousse implacablement dans l’abîme", expose en substance Éric Wartel. Et on n’est pas encore arrivé au bout du tunnel. En 2022, les charges de pension et les transferts se sont élevés à 80,7 millions d’euros. L’ardoise sera de 100,8 millions cette année et de 121 en 2024 où l’on n’a toujours pas de garantie sur l’octroi d’un nouveau prêt Oxygène de la Région wallonne. Un prêt qui endette chaque année un peu plus les Carolos, mais dont la Wallonie prend 15% à sa charge, tout comme le remboursement des intérêts. De 2022 à 2026, ces prêts se chiffreront à plus de 403 millions d’euros selon les estimations. Wartel a fait les calculs. Charleroi consacre à sa zone de Police 38% de plus que la moyenne des villes comparables. C’est pire pour son CPAS: son coût est de 344 euros par habitant par an contre 177 € dans l’ensemble des grandes et moyennes villes du sud du pays. Rebelote encore pour la zone de secours, mais dans une moindre proportion. Le dépassement se limite ici à près de 20%. En termes de charges de fonctionnement et de personnel, les efforts produits par le plan de gestion placent pourtant Charleroi en dessous de la moyenne. "Nous avons diminué les coûts malgré l’inflation", pointe Wartel. Il n’en reste pas moins que les cotisations de responsabilisation de pension plombent lourdement les finances. On en était déjà à un coût de 20,6 millions en 2021. Si l’on y ajoute l’impact de l’inflation combiné à celui de la hausse des taux d’intérêt, la dégradation du résultat n’en est que renforcée. Il faut dire que les comptes de la ville sont dans le rouge 349 jours par an. Pour le malheur de ses finances, la première ville de Wallonie doit faire avec un rendement moindre de sa fiscalité: le précompte immobilier, l’IPP, les taxes et redevances lui rapportent moins qu’ailleurs. D’où l’impérieuse nécessité de sortir de cette spirale, même si la dotation au fonds des communes est à son avantage.
Le bourgmestre l’a réaffirmé en conclusion: une renégociation -une refonte – des modes de financement de notre ville s’impose. Et cela ne concerne pas que la Wallonie. La sécurité, les pensions, ce sont en effet des matières fédérales. Leur surcoût nous pénalise.