Charleroi: une expo délicate au V2, avec l'artiste Hugo Dinër
Le Vecteur convie le public à une parenthèse suspendue, au V2, le temps de se laisser toucher par A Rat Is A Rose, l’expo de Hugo Dinër.
Publié le 12-05-2023 à 11h10 - Mis à jour le 12-05-2023 à 11h57
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D’abord, il y a le code couleurs: tout est rose, blanc, gris. "C’est la fleur, c’est la couleur, ce sont ses métaphores, le jeu de langage, le rapport binaire et superposé entre le rat et la rose", entame l’artiste, qui maîtrise tout autant le design numérique, la musique, le dessin, le geste plastique. En privilégiant l’espace vide aussi bien que la présence de l’œuvre, il occupe la salle V2 avec une assurance rare, à travers quelques interventions qui interpellent, peut-être, fascinent, à coup sûr.
Hugo Dinër reprend: "C’est parti du poème Sacred Emily, de Gertrude Stein, écrit en 1913, et qui comporte cette phrase, comme une litanie, Rose is a rose is a rose is a rose. La rose n’est quasiment jamais citée pour elle-même dans la poésie et le rat, pourtant lui aussi si proche de l’humain, porte également une charge métaphorique importante". Les deux se retrouvent dans des assemblages de plexiglas, qui dialoguent entre eux, et sur lesquels des dessins de la fleur et du rongeur sont gravés, à moins que ce ne soient les mots eux-mêmes. Sur le grand mur du fond, d’autres plaques de plexi sont fixées à quelques centimètres de la surface, et la magie opère: plutôt que de voir le dessin gravé, en blanc pâle sur le plexiglas, l’œil du visiteur se fixe sur l’ombre du dessin projetée à même le mur.
"Oui, c’est une expo que j’ai voulue plus délicate que certains de mes travaux précédents. D’où ce recours à des matériaux légers, en transparence, évanescents, parfois". Tels ces rubans, roses, blancs, gris, suspendus à des servomoteurs et qui s’agitent en rythme, guidés à la fois par la propre fréquence de leurs moteurs et par une console, reliée à un orgue électrique, sur lequel l’artiste peut plaquer des accords, au gré de son inspiration.
"Je me suis plongé notamment dans les estampes japonaises, l’art nouveau et l’art déco pour préparer cette expo, avoue-t-il. Mais la volonté est de viser la sensation esthétique, avec peut-être quelque chose de l’hypnose, ou du sommeil, dans l’association mentale des formes, plutôt que le discours conceptuel frontal".
A Rat Is A Rose est donc, aussi, le produit de la résidence artistique que Hugo Dinër vient de vivre au sein du Vecteur. "C’était une belle résidence. C’est un contexte de création et de production hyperintéressant de pouvoir se focaliser entièrement sur le processus, surtout dans une ville aussi intense que Charleroi", conclut-il. L’exposition est visible, jusqu’au 16 juin, chaque samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous, la semaine, au 071/278 678.
En parallèle, la bibliothèque du Vecteur, Le Rayon, accueille actuellement un travail graphique de Marion Jdanoff et Doublebob, qui n’avaient encore jamais travaillé ensemble et ont créé ici une histoire commune, petite BD désarticulée, autour d’une chanson de Brian Eno. À découvrir aux heures d’ouverture de la bibliothèque.