Charleroi: un camion sanitaire équipé pour accueillir les toxicomanes
Le Conseil de l’action sociale de Charleroi vient de marquer son accord à l’acquisition d’un camion sanitaire équipé pour les toxicomanes.
Publié le 09-05-2023 à 11h55 - Mis à jour le 09-05-2023 à 15h04
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Aucune ville n’échappe au phénomène: la toxicomanie est partout, de plus en plus visible. La présence d’usagers qui se shootent en rue sans se soucier des passants – voire de la police – renforce le sentiment d’insécurité. Pour apaiser l’espace public, mais aussi réduire les risques sanitaires liés à la consommation de drogues dures (overdoses, transmissions de virus, malaises), la Ville de Charleroi et son CPAS ont réfléchi à la mise en place d’un dispositif de consommation mobile à moindres risques.
En début de mandature, le contexte légal ne le permettait pas: cet obstacle a été levé en mars dernier par le législateur. "Amélioration de la santé publique, encadrement psychosocial, adaptabilité aux types de stupéfiants, réduction des nuisances publiques, sécurisation et intégration ont fait l’objet d’une analyse approfondie et d’une large concertation entre acteurs (police, parquet, médecins, éducateurs, etc.)" selon le bourgmestre, Paul Magnette, et son président de CPAS, Philippe Van Cauwenberghe. S’il reste à bétonner l’octroi de subsides à la fois pour l’acquisition du matériel et le financement de son exploitation (dans le cadre du plan de relance), plus rien ne s’oppose au lancement de l’expérience.
Un dispositif itinérant: une première
"Dans notre pays, deux salles de consommation à moindres risques ont été installées, à Bruxelles et à Liège, poursuit Philippe Van Cau. Ce sont des dispositifs sédentarisés. Le nôtre présente l’avantage d’être mobile. Le projet consiste à équiper un camion semi-remorque pour aller au plus près des publics cibles dans les lieux de consommation." Que les choses soient claires: la vocation n’est pas de fournir des produits, les usagers seront accueillis avec leurs propres substances. Il s’agit de les accompagner pendant qu’ils se les injectent, les fument, les ingèrent ou les inhalent afin de réduire les risques et de soustraire ces pratiques à l’espace public.
"En Europe, aucun dispositif itinérant n’existe, j’ai pu le vérifier très récemment encore lors d’une rencontre avec des conférenciers de Paris et Marseille dans le cadre de la quinzaine des assuétudes. Charleroi va donc innover en la matière avec un outil dont la capacité sera d’une quarantaine de toxicomanes par jour. Toutes les modalités de fonctionnement restent à définir", précise le président du CPAS.
Un opérateur a été désigné pour assurer la gestion quotidienne: c’est l’ASBL privée Le Comptoir, choisie pour son expérience et sa connaissance du terrain carolo. Le marché d’acquisition et d’équipement du véhicule vient d’être lancé. L’espoir est de pouvoir démarrer le projet en 2024.