Charleroi : à 20 ans, elle ose quitter le domicile familial et vivre son histoire d’amour, ses frères pètent les plombs

Bilal et Ayoub se retrouvent face à la justice pour harcèlement et menaces sur leur petite sœur, mais aussi sur son petit ami et les parents de ce dernier. Affaire d’"inquiétude" ou de religion ?

L.C.
Charleroi : à 20 ans,  elle ose quitter le domicile familial et vivre son histoire d’amour, ses frères pètent les plombs
©Sreeyash - stock.adobe.com

Les 13 et 29 janvier 2021, la tension familiale a atteint son paroxysme. Vivant une histoire d’amour depuis un an, la cadette entendait bien mener sa vie comme elle le souhaitait. Ce qui n’était pas visiblement au goût des deux prévenus, 33 et 28 ans.

Bien décidé à marier sa compagne, le petit ami de la victime a pris contact avec eux. Il communique son adresse afin d’avoir une saine discussion, entre gens civilisés, avec ses “beaux-frères”. Mais, sur place, les choses ne se déroulent pas comme l’aurait souhaité le compagnon. "La maman et la petite sœur, présentes lors de la première visite, ont confirmé l’attitude violente, les menaces proférées par Bilal et les possibles représailles, si la relation ne prend pas fin", confirme Me Bastianelli, partie civile.

Deux semaines plus tard, c’est cette fois la police locale qui est requise au domicile des parents du compagnon. Sur place, les policiers constatent l’état d’énervement de Bilal. La veille, sa petite sœur a décidé de plier bagage et de fuir le domicile familial. "Elle a pris la fuite et a reçu des messages répétitifs et menaçants. Les policiers ont constaté que le premier prévenu ne tenait pas en place et était énervé. Il a même été éloigné de la maison sous la contrainte. Le second frère, lui, est intervenu sur place pour tenter de le calmer. Ce n’est quand même pas banal", insiste l’avocat des victimes.

Deux ans après les faits, les contacts entre frères et sœur sont définitivement rompus. Bilal et Ayoub le confirment au tribunal et ne savent pas si leur sœur est encore vivante ou heureuse de sa nouvelle vie. Ils contestent en tout cas le harcèlement et les menaces reprochés. S’ils ont agi de la sorte, "c’était une manifestation d’inquiétude. Vous voyez une personne que vous ne connaissez pas et qui vient vous dire: ‘je viens marier votre sœur’… En plus, elle était à l’époque en décrochage scolaire. Je suis reparti en Suisse et puis on m’a dit qu’elle avait disparu", confie l’aîné. Ayoub abonde dans le même sens, soulignant le stress de tous les membres du cercle familial et le mauvais accueil reçu le 13 janvier par l’autre camp.

Des choix imposés en raison de la religion ?

Malgré ce que veulent faire croire les deux prévenus, ces derniers ont violemment réagi parce qu’ils ont l’habitude de dicter la vie de leur sœur et de décider pour elle. C’est ce que pense la substitute Pied, qui parle "de choix imposés en raison de la religion. " "Elle sentait la pression sur ses épaules et elle a simplement décidé de partir pour vivre son histoire d’amour. Elle a 20 ans, elle est majeure et est libre de faire ce qu’elle veut de sa vie." Inconnus de la justice, Bilal et Ayoub peuvent bénéficier d’une mesure de faveur. Huit mois de prison sont sollicités contre eux, sans toutefois que la cour s’oppose à un sursis.

Pour les deux avocats à la défense, un acquittement sur toute la ligne est plaidé. La réaction des deux frères est jugée "compréhensible" sans le moindre lien avec la religion. Les deux avocats confirment aussi qu’ils auraient même adopté la même réaction étant donné l’inquiétude. Jugement le 8 juin.

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