Chaque jour, 20 victimes d'accidents de travail en région de Charleroi
On dénombre 20 victimes d’accidents de travail chaque jour sur le territoire de Charleroi Métropole. En 2022, il y a eu au moins trois morts. Le point avec la CSC.
Publié le 27-04-2023 à 14h50 - Mis à jour le 28-04-2023 à 22h33
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Permanent interprofessionnel de la CSC Charleroi Sambre-et-Meuse, David Bal a extrait les chiffres d’accidents du travail de la zone Charleroi Métropole. Et le constat est édifiant: "Chaque jour en moyenne, 20 travailleurs sont blessés ou tués. Ce résultat, qui se base sur les statistiques de 2021, marque une baisse de 36% par rapport à 2012." Analyse en compagnie du secrétaire fédéral de la CSC, Fabrice Eeklaer.
David Bal et Fabrice Eeklaer, comment interpréter cette diminution ?
On ne peut pas s’en réjouir ! Les trois arrondissements de la zone (Charleroi, Thuin et Philippeville) ont enregistré 4 401 accidents de travail, dont 2 210 concernaient des jeunes de 20 à 39 ans. Dans plus d’un quart des cas, ces accidents ont entraîné des incapacités permanentes. Nous savons que 2021 a été une année de pandémie: les confinements ont mis certaines activités à l’arrêt et favorisé un ralentissement de la consommation. Il y a aussi eu, en dix ans, des milliers de suppressions d’emploi industriel, notamment la fermeture de Caterpillar en 2016. Alors, non, cette diminution ne peut pas être interprétée comme une bonne nouvelle !
Ce 28 avril marque la journée mondiale de la sécurité et de la santé. Avez-vous mis en place des actions sur le terrain ?
Des équipes de délégués sont allées à la rencontre des ouvriers sur des chantiers de construction. Avec le non-marchand (en particulier les hôpitaux et maisons de repos), ce secteur concentre les accidents de travail. Il est de notre devoir d’informer, mais aussi de former et de contrôler que les règles et mesures de sécurité sont respectées. La zone Charleroi Métropole compte 4 900 entreprises privées non structurées, c’est-à-dire d’une taille inférieure au seuil d’installation d’un comité pour la prévention et la protection au travail (50 emplois). À côté, il y en a 560 qui sont dans les conditions.
De quels accidents de travail parle-t-on ?
De tout ce qui altère la santé des travailleurs. Si l’on regarde les données à l’échelon national, il apparaît que les maladies liées à des risques psychosociaux sont passées devant les troubles musculosquelettiques dont les maux de dos. On est sur des pourcentages de 36% contre 31%. Cela démontre la montée en puissance des managements traumatisants et de la pression mise sur la productivité qui génèrent des pics de stress et d’anxiété jusqu’au burn-out.
En janvier, un nouveau trajet de réintégration a été activé par le ministre Vandenbroucke pour faciliter la reprise des travailleurs en incapacité de longue durée. Ça fonctionne ?
Nous manquons de recul pour le dire. Mais nous avons le sentiment que dans notre pays, on s’attaque davantage aux conséquences des maladies qu’à leurs causes. Or, pour régler le problème, il faut commencer par là. À ce jour, l’Inspection de la santé manque d’effectifs et de moyens pour assurer le suivi. Il est important d’investir dans leur renforcement. Rappelons que, depuis 2019, le nombre de chômeurs est passé en dessous de celui des malades de longue durée.
Comment remédier à cela ?
En améliorant les contrôles, la formation des intérimaires et des sous-traitants. C’est le sens de la campagne lancée dans notre fédération. Nous distribuons des brochures et des outils sur le terrain mais, pour documenter l’évolution du phénomène, le travail de nos délégués est plus précieux encore que celui de nos services d’étude. Nos délégués nous ont par exemple remonté le fait que le nombre de morts est passé d’un en 2021 à trois l’an dernier !
Que préconisez-vous ?
Concrètement, l’abaissement du seuil d’installation des comités pour la prévention et la protection au travail. Les chiffres montrent que la présence syndicale contribue à l’amélioration du bien-être et de la sécurité, ne nous en privons pas. Nous sommes à l’écoute de toutes les situations au 0470/21 79 44 ou david.bal@acv-csc.be