Saluts hitlériens dans un cimetière carolo: l’affaire en justice ce lundi
Quatre ans et demi après les faits, l’affaire des saluts hitlériens dans un des cimetières de Charleroi va enfin pouvoir connaître son épilogue judiciaire.
Publié le 30-03-2023 à 15h22 - Mis à jour le 30-03-2023 à 18h09
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Comme l’annonce le bourgmestre Paul Magnette dans le dernier bulletin des questions écrites du conseil communal, une audience est fixée ce lundi 3 avril au tribunal correctionnel de Charleroi. La Ville (dont le conseil communal a adopté une charte antifasciste) s’est constituée partie civile. Elle sera représentée par son avocat en vue de réclamer réparation de son préjudice moral: elle demande le paiement de l’euro symbolique.
C’est le conseiller DéFI Jean-Noël Gillard qui a souhaité faire le point sur l’état d’avancement et les suites de cette lamentable affaire. En octobre 2018, une vidéo tournée dans un cimetière communal est postée sur un réseau social. Elle donne à voir des individus tendre la main et le bras droit devant un corbillard. Très vite, la communauté dénonce ce geste inacceptable. C’est d’autant plus choquant qu’il est exécuté dans un lieu où reposent d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, tombés pour la démocratie.
Si la Ville dépose plainte au parquet dès le début novembre, il faut attendre sa constitution de partie civile dans les mains d’un juge d’instruction en 2021 pour donner un coup de boost au traitement de ce dossier en souffrance. En souffrance car, comme le mentionne Jean-Noël Gillard dans sa question écrite, la loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand en 1940-1945 ne permet pas de condamner le port d’insignes, de symboles ni les gestes faisant référence à l’idéologie nazie. L’action de Charleroi va débloquer les choses. Ainsi trois auteurs ont-ils pu être identifiés dans le cadre de l’instruction. La chambre du conseil a ordonné leur renvoi en correctionnelle. Ils sont poursuivis pour incitation à la haine et approbation du génocide nazi. En 2009, le salut hitlérien d’un élu du FN lors de sa prestation de serment au conseil lui avait valu une condamnation au paiement d’une amende et à la privation de ses droits civils et politiques pour une durée de cinq ans.
Sans vouloir s’immiscer dans le débat sur la peine qui relève du pouvoir judiciaire, Magnette dit s’aligner sur la position d’Unia, l’organe public belge en charge de la lutte contre les discriminations. Celui-ci estime en effet préférable de prendre des mesures alternatives à caractère éducatif ou pédagogique. Il n’y a pas de meilleur moyen pour (tenter de) responsabiliser les auteurs à de tels actes, qui contreviennent au vivre ensemble en plus de représenter une menace pour la démocratie (et une infraction à la loi).