Charleroi: le Musée du Verre célèbre un triple anniversaire, sa conservatrice se livre aux confidences
10, 15 et 50 ans à célébrer. La conservatrice Catherine Thomas jette un œil dans le rétro et évoque le futur plus ou moins proche.
Publié le 30-03-2023 à 06h00
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Inscrit au cœur du projet de futur pôle muséal en centre-ville, qu’il est censé, à terme, intégrer, à proximité du Musée des Beaux-Arts et de Charleroi danse, sur le boulevard Mayence, le Musée du Verre vit, d’ici là, une triple raison de célébrer son existence: son actuelle conservatrice, Catherine Thomas, a fêté, en 2022, ses dix ans à la tête de l’institution. Et elle ajoute: "Cela fait 15 ans que le musée se trouve sur le site du Bois du Cazier et, surtout, le Musée du Verre de Charleroi a ouvert ses portes le 25 juin 1973 ; il y aura donc 50 ans, cette année". Dans ce triple contexte, elle se livre à un rien d’introspection mais plante également son regard à l’horizon des années à venir.
Catherine Thomas, quel bilan rapide pouvez-vous dresser de cette première décennie à la tête du Musée du Verre ?
Après dix ans écoulés, je peux affirmer que j’ai fait mon job et je pense que j’ai réussi à donner ce qu’on attendait de moi. D’autant que je suis issue de la préservation du Patrimoine mais que je ne suis pas, à la base, spécialisée dans le verre. Je continue toujours à apprendre des choses sur ce matériau, qui est à la fois le plus commun dans la vie humaine mais aussi le plus extraordinaire.
Quels souvenirs forts gardez-vous de ces dix ans écoulés ?
Ma première expo, en 2012, avec l’artiste Vérobé, forcément, ça reste un moment important, c’était la première réalisation concrète. Il y a eu aussi le premier focus d’artistes, en 2019, avec les Perrin & Perrin. Nous avons alors dû imaginer le mobilier spécifique à installer sur notre mezzanine, pour pouvoir aussi accueillir les focus suivants. Je dois aussi citer le colloque "Femmes de verre, femmes de verreries", en 2020, juste avant le premier confinement. Il y a aussi le projet un peu fou de se lancer dans une biennale du verre, l’événement le plus rassembleur du genre en Belgique. La première a eu lieu en 2019 puis la pandémie est passée par là. La prochaine est programmée pour 2024. Elle se déroulera à la fois au Bois du Cazier et au Musée des Beaux-Arts, avec des moments plus festifs programmés sur le carreau de l’ancien charbonnage.
Quels autres projets pouvez-vous évoquer, pour les mois à venir ?
Au-delà du nouveau focus d’artistes qui commence cette semaine et de la future biennale que nous venons d’évoquer, il y a les suites du grand projet citoyen enclenché en 2015, autour des vitraux dans les logis privés. Une première expo avait été montée, au musée des beaux-arts, quand il était encore abrité au sein de l’aile droite du PBA. Le soir du vernissage, il y avait plus de 400 personnes mais c’était aussi le 13 novembre, jour des attentats de Paris. Et de manière compréhensible, le nombre de visiteurs à notre exposition, les semaines suivantes, en avait été fortement impacté. Mais le projet de livre sur les vitraux privés reste d’actualité, nous espérons le sortir dans le contexte des 50 ans du musée.
Y a-t-il d’autres choses prévues pour ce 50e anniversaire ?
Le livre sur les vitraux, la biennale, c’est déjà pas mal. Mais oui, nous allons aussi enclencher un partenariat dans le cadre de "Bruxelles, Capitale 2023 de l’art nouveau". Et après, pour 2026, année du bicentenaire des cristalleries du Val Saint-Lambert, nous préparons un grand programme d’expositions avec plusieurs autres musées.
Le futur déménagement, qui ramènerait le musée en centre-ville, doit être évoqué. Qu’est-ce que ça pourrait changer pour vous ?
J’insiste, nous sommes actuellement sur le site du Bois du Cazier et c’est dans ce cadre que nous mettons en place tous nos futurs rendez-vous. Mais, c’est sûr, ce serait bien d’avoir accès à de plus grands espaces, notamment pour présenter notre collection. Nous avons la chance de pouvoir continuer à acquérir des pièces. Nous comptons actuellement 6146 objets dans notre collection et nous ne sommes en mesure que d’en exposer à peu près 500.
Pour conclure, pouvez-vous confirmer l’assertion habituelle que Charleroi a été, à une époque, au sommet de l’industrie verrière ?
Ce n’est pas une simple assertion, les chiffres officiels, historiques, le prouvent: de plus au moins 1890 jusqu’au début de la première Guerre mondiale, les verreries carolorégiennes étaient le premier producteur de verre plat, en volume, au niveau mondial.