Charleroi: un prévenu quitte le tribunal en pleine audience
Le solide gaillard a préféré quitter la salle d’audience, sans réellement s’expliquer sur les graves préventions qui lui sont reprochées.
Publié le 27-03-2023 à 22h10 - Mis à jour le 27-03-2023 à 22h11
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C’est avec un moral affecté et en ayant "gros sur la patate" que Nicolas a comparu ce lundi après-midi devant la 6e chambre correctionnelle de Charleroi. Poursuivi pour des préventions d’une certaine gravité, l’homme s’est laissé submerger par sa colère et son incompréhension. Après un premier avertissement délivré par le tribunal correctionnel pour son comportement insolent, Nicolas a finalement jugé bon de quitter la salle d’audience 259 et le palais de justice de Charleroi à 14h37, lassé d’entendre le réquisitoire du substitut Henry.
"L’occasion qu’on me paye, pour une fois"
Le magistrat reproche plusieurs faits au prévenu. On parle de proxénétisme immobilier, de viols, de séquestration et de traite des êtres humains sur deux femmes. Nicolas est suspecté d’avoir embauché 50 000 € (en deux ans) en proposant à la location deux chambres de son appartement à Marcinelle à deux prostituées, pour 250 € la chambre/semaine.
Par deux fois, la police de Charleroi a été requise au domicile du prévenu. La première intervention, le 30 août 2021, a fait les premières lignes de l’actualité. Deux femmes, qui exerçaient leur activité avaient été sauvagement agressées à coups de marteau. "L’une est malheureusement décédée, l’autre fut grièvement blessée et a survécu", rappelle le parquet.
Quasiment un an jour pour jour après cette macabre découverte, nouvelle intervention policière au domicile de Nicolas. Cette fois-là, une jeune femme en a profité pour détailler son calvaire. "Elle a fait une tentative de suicide et a confié avoir de gros problèmes avec le prévenu. Ce dernier la séquestrait. Elle était contrainte de se prostituer et de louer une chambre."
Une seconde femme était aussi présente dans l’autre chambre louée et abondait dans le même sens, confirmant "des viols à répétition, sous peine de subir la violence verbale ou physique de Nicolas ou de se voir menacer d’être jetée à la porte."
Selon les deux prostituées, l’homme ne manquait pas de prendre la clé des lieux et a même imposé à une reprise des faveurs sexuelles pour son dealer, pour en contrepartie obtenir sa marchandise.
Avant de quitter le palais de justice, Nicolas a bien confirmé avoir mis à la disposition deux chambres. Mais la séquestration fut contestée, ainsi que les viols. "J’ai vu que cela se faisait sur le site Quartier rouge et j’en ai eu l’idée. Ça fait 15 ans que je fréquente des prostituées et c’était l’occasion qu’on me paye, pour une fois. Je n’ai plus rien à dire", a expliqué le prévenu.
8 ans de prison et 50 000 € de confiscation
Compte tenu de l’attitude du prévenu à l’audience, qui a démontré "une absence totale d’empathie et de remise en question", estime le substitut Henry, huit ans de prison sont requis contre Nicolas. Une confiscation du bénéfice illicite évalué à 50 000 € est également souhaitée.
En l’absence de son client, Me Sophie Somers a plaidé un sursis probatoire en contestant les viols. "Il est tombé amoureux de l’une des prostituées. Même l’autre femme le dit qu’elle pensait qu’ils étaient ensemble. Il n’est pas question de viol." Jugement dans trois semaines.