Logement public à Charleroi: l'échevine évoque plusieurs pistes
Échevine en charge de l’Urbanisme et du Logement, Laurence Leclercq déconstruit le discours simpliste du PTB.
- Publié le 24-03-2023 à 10h56
- Mis à jour le 24-03-2023 à 13h16
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Laurence Leclercq, vous êtes échevine en charge de l’Urbanisme et du Logement à Charleroi. Est-ce vrai comme l’affirme le PTB qu’il n’y a pas assez de logements sociaux, que la Sambrienne est à la traîne ?
En Wallonie, les communes sont tenues de respecter un quota de 10% de logements sociaux. Certaines dérogent à cette obligation. D’autres, comme Charleroi, sont dans les clous. Et plutôt deux fois qu’une: aucune autre ville de notre taille en Belgique ne fait mieux. Mais soyons réalistes: on ne peut pas tout résoudre avec cette seule offre locative. À côté des publics précaires à qui elle est réservée, il y a des ménages à revenus modestes et à revenus moyens qui gagnent trop pour pouvoir bénéficier d’un logement social mais pas assez pour se loger dans le privé. Ce sont les travailleurs pauvres, les jeunes retraités, les familles monoparentales ? Alors je vous pose la question: que fait-on de ces publics ? On les abandonne ?
Qu’avez-vous mis en place pour rencontrer cette diversité de besoins ?
On ne peut pas élaborer de solutions en faisant abstraction de la réalité ? Et que voit-on à Charleroi ? Beaucoup de petites maisons de rangée, construites à l’époque de l’essor industriel. Des noyaux urbains densément peuplés avec un bâti ancien et vétuste sur fond d’exode urbain. On ne peut pas mettre la question du logement en réflexion sans tenir compte de ces paramètres. Nous les avons donc intégrés dans les réponses politiques que nous apportons.
Et quelles sont ces réponses ?
Multiples forcément, car il n’y a jamais de réponse simple à un problème complexe. Cela exige de travailler à différents niveaux, à la fois par rapport au logement public et par rapport au logement privé.
Quid du logement public ?
Nous demandons plus de moyens pour les SLSP, les sociétés de logement de service public. En sachant que sous cette législature, la Wallonie a consacré au secteur des investissements comme il n’en avait jamais bénéficié dans le passé. Il faut le rappeler: un milliard d’euros pour la rénovation, 142 millions pour la construction, ce n’est pas rien. Plus on aura de logement public, plus les prix du marché pourront être régulés. En sachant qu’en moyenne, sept ans s’écoulent entre une décision et sa concrétisation, il faut se montrer patient. Pour rester dans le sujet, j’ajouterai qu’il ne faut pas confondre logement public avec logement social. On ne réglera pas tout avec le logement social.
Votre marge de manœuvre est réduite pour peser sur le logement privé ?
En effet ! Un collège communal n’a pas le pouvoir d’adopter un décret régional ni de voter une loi fédérale. Mais il a la capacité de fixer un cadre pour veiller à la qualité des projets immobiliers, ce que nous avons fait au travers de nos directives urbanisme et logement couplées à des contrôles. Par ailleurs, nous avons travaillé à l’amélioration de l’espace urbain et de l’attractivité des quartiers. C’est d’abord parce qu’on s’y sent bien et qu’on y trouve des infrastructures qui rencontrent nos attentes qu’on choisit d’habiter un lieu… Nous avons commencé par là.
Comment éviter les loyers surévalués ?
Il n’y a qu’un moyen: la grille de loyers non pas indicative, mais contraignante. Nous plaidons pour cela au PS. Seule une norme peut créer de la cohérence.
Les logements inoccupés, c’est un autre problème ?
Oui, mais en recenser le nombre dans le secteur privé, c’est difficile. À Charleroi, nous avons dénombré 784 bâtiments à l’abandon pour lesquels les propriétaires ont reçu des avis de taxation. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Pour identifier les autres, nous attendons les listes des gestionnaires de réseaux: les relevés de consommations d’électricité et d’eau vont servir de base de référence à des demandes d’information aux propriétaires (lire ci-contre). Dès que nous aurons ces listes, notre administration les traitera !
Comment agir encore sur le logement ?
Notre agence immobilière sociale est un outil fabuleux. Une nouvelle direction est en place depuis septembre, elle travaille à remettre l’AIS sur les rails. Et puis, à côté du logement traditionnel, il faut penser à d’autres modes d’habitat, dont l’habitat léger: yourtes, tiny house, etc. Nous devons mettre un cadre à leur développement car sans balises, les meilleures intentions peuvent tourner au pire !