Giuseppe Pagano après l’abandon du projet Legoland: "Le site de Gosselies reste intéressant et bien situé"
Professeur de Finances publiques à l’Université de Mons, Giuseppe Pagano analyse la décision de Merlin
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Publié le 24-03-2023 à 19h02 - Mis à jour le 24-03-2023 à 21h29
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En tant qu’économiste, comment analysez-vous cette décision d’abandonner le projet Legoland prévu à Gosselies? Il y a quelques mois, vous aviez qualifié l’opération "d’exceptionnelle" …
Je n’ai pas eu les détails qui sont derrière cette décision de Merlin Entertainments, mais c’est très surprenant. Les choses paraissaient sérieusement engagées. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour Charleroi. Il est clair qu’on pouvait être très enthousiaste par rapport aux retombées de ce projet. Maintenant, le site de Caterpillar Gosselies est toujours là et dispose des mêmes qualités qu’avant. On peut donc espérer l’émergence d’un autre projet.
Pas de Legoland à Gosselies: priorité à la Chine et aux parcs existants, confirme MerlinComment expliquer qu’il semble si difficile de reconvertir un tel site, qui n’est pas dénué de qualités ?
Il est vrai que c’est un site très intéressant et très bien situé. Mais pour occuper un tel site, il faut une grande entreprise. Caterpillar, c’était plus de 5 000 emplois.
Sa taille joue donc un peu contre lui. Ce n’est pas un site qui est prévu pour des PME. Il faut trouver une entreprise, peut être pas d’une taille similaire à Caterpillar, mais qui va au-delà de la simple PME.
Des paramètres wallons ou belges pourraient-ils freiner un investisseur ?
Le raisonnement économique d’un investisseur n’est pas celui d’un autre. Il faut toujours regarder ce qui intéresse les personnes et ce dont ils ont besoin. S’il leur faut une proximité avec la mer, Anvers, n’est pas loin. S’ils ont besoin d’une liaison autoroutière, elle n’est qu’à quelques centaines de mètres. Par contre, s’ils ont besoin d’un accès ferroviaire, il n’existe pas. On ne peut donc donner de règles générales.
Peut-on imaginer que le contexte économique actuel a joué dans la décision de Merlin Entertainment ?
On n’est pas dans une situation flamboyante où les investisseurs se lancent les uns après les autres. Il y a la guerre en Ukraine, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et quelque part une certaine fragilité bancaire qui, en principe, ne concerne pas la Belgique. Mais ce sont des investisseurs étrangers. Et il pourrait y avoir, chez eux, une certaine crainte qui n’est pas forcément rationnelle.
Pourquoi estimiez-vous que l’implantation de Legoland aurait été si positive ?
C’était un beau projet, qui parlait à tout le monde et qui aurait donné une image positive. On aurait pu parler de Charleroi la jaune, en référence au jaune de Lego. Alors que dans l’esprit des gens, Charleroi reste encore le pays noir.