Comment Charleroi va continuer à se transformer
Des chantiers partout. Et, derrière, des master plans et des projets pour continuer à transformer la ville. Le point avec le bourgmestre, Paul Magnette.
Publié le 21-03-2023 à 19h30
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La vision de l’aménagement du territoire de Charleroi s’affine. Si des balises ont été posées pour plusieurs quartiers avec les master plans des Rives et de l’A6K, près de la gare centrale, de la porte Ouest (un projet confié au bureau Paola Vigano) à Marchienne, des AMS Nord (pôle agroalimentaire et mégacuisine de collectivité) à Monceau, si le plan Places prévoit le réaménagement d’espaces publics de centralité dans différents noyaux urbains de la périphérie, l’image de Charleroi va continuer à bouger. On en parle avec Paul Magnette.
Paul Magnette, vous êtes bourgmestre de Charleroi en charge de l’Aménagement urbain. Qu’est-ce qui va encore faire évoluer le visage de l’intra-ring et de ses contours immédiats ?
Notre master plan Ville est presque finalisé. Cela étant, les changements les plus marquants vont se concentrer sur trois zones: à moyen terme dans le prolongement de l’UCampus et de la Cité des métiers, avec la suppression du rond-point Hiernaux (NDLR: dit "du Marsupilami") et sa transformation en square connecté à un grand parc urbain. Derrière, le centre commercial Ville 2 va reconfigurer ses espaces. Une métamorphose se profile donc à un horizon raisonnablement proche, intégrant la reconversion de l’hôpital Notre-Dame en polyclinique avec la présence d’une école de santé de la HELHa.
Et quels autres périmètres de l’intra-ring ?
Celui du stade du Mambour et du triangle Zoé Drion d’une part. Le projet de la Zebrarena porté par le Sporting va en effet impacter le quartier qu’il va falloir revoir en profondeur. D’autre part, il y a le projet de Banimmo sur le site du Palais des Expos qui va transfigurer le paysage urbain et créer un trait d’union avec la Broucheterre où la Sambrienne doit édifier du logement et ses futurs bureaux. Nous n’en sommes, pour ces deux zones, qu’aux balbutiements, il faut laisser mûrir. Ces évolutions s’inscrivent dans le plus long terme.
Qu’en est-il dans l’extra-ring de Charleroi ?
Nous poursuivons la mise en œuvre de notre plan Places. Le chantier de la place Destrée, à Gilly, débutera en avril. Suivront, dans la foulée, ceux de la place Crawhez, à Dampremy, et de la place Saint-Roch, à Gosselies. Le gros morceau de la mandature à venir sera la mise en œuvre du masterplan de la Porte Ouest.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
La création de l’UCampus. J’en parlais déjà en 2007-2008 avant d’être bourgmestre. Il a fallu le temps, mais nous touchons au but. D’ici trois à quatre ans, quelque 10 000 étudiants fréquenteront le quartier avec la Cité des métiers et l’expansion de l’offre d’enseignement universitaire. Nous avons, par exemple, la confirmation que l’UCLouvain va organiser des cours de droit, ce qui manquait…
L’insécurité et le déclin du commerce ne sont pas des obstacles à ce renouveau ?
L’espoir, c’est évidemment que le contrôle social éloigne les dealers de la zone. Avec les chantiers et les problèmes de mobilité qu’ils engendrent, la situation reste compliquée aujourd’hui pour notre police. Des dealers en profitent pour reprendre la main sur certains territoires peu accessibles en voiture. Je le rappelle: le problème de la Ville Haute, ce ne sont pas les trafiquants, mais les revendeurs. Dans le cadre des réunions du plan Drogues et crime organisé à l’échelon fédéral, j’ai demandé au premier ministre à ce que le pouvoir administratif, pour fermer des commerces illicites ou suspects, puisse être renforcé. Il est aussi question d’augmenter les effectifs de la police judiciaire et d’autoriser les saisies d’argent et de biens dans le cadre des opérations répressives. Le processus est en place. Les choses devraient pouvoir se concrétiser sous le gouvernement Vivaldi.
À la Ville Haute, le commerce est en piteux état: un magasin sur deux est fermé, selon un comptage des rédactions de L’Avenir et de la DH. Le quartier ne va pas sombrer ?
Vous savez, notre agence de développement urbain Arris a regardé pour acheter des bâtiments, mais plus rien n’est à vendre. Les promoteurs ont déjà pris position, ce que je considère comme un bon signe.
D’autres réalisations à souligner ?
Oui, je vais en citer trois. La gratuité des garderies et des repas scolaires, c’est un pas important pour l’égalité des chances et l’épanouissement du bien-être de nos enfants. Il y a ensuite la ceinture alimentaire et la création d’une cuisine centrale aux AMS Nord, en lien avec des producteurs locaux. Et bien entendu la culture. Nous allons bientôt déposer la demande de permis pour l’extension du théâtre de l’Ancre dans le quartier de l’Hélios.
Quels sont les gros enjeux pour la prochaine mandature ?
Ils sont d’abord budgétaires. Les villes et communes sont sous-financées par le fédéral dans une série de missions: revenu d’intégration, zones de secours, police, pensions… Il faut réajuster, sans quoi nous n’en sortirons pas. À une échelle plus locale, je vais épingler le développement de Charleroi Métropole. Nous devons renforcer ce niveau d’action car notre ville rayonne au-delà de son territoire. Le "agir ensemble" doit être mieux coordonné, avec un financement à la mesure des besoins.