Charleroi: un meurtre pour voler, ou un vol opportuniste après un meurtre?

Les avocats de Kévin Di Mase (33 ans), accusé devant la cour d’assises du Hainaut d’un vol avec circonstance aggravante de meurtre, ont pris la parole mardi soir. Selon eux, le vol est opportuniste, commis dans la foulée d’un meurtre, lequel n’est pas contesté.

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 Kévin Di Mase, l’accusé.
Kévin Di Mase, l’accusé. ©BELGA

Me Étienne Gras retient que, selon son épouse, Jean-Manuel Lange (la victime), "était sous influence de l’alcool", ce que ne confirme pas l’examen toxicologique réalisé sur le cadavre. Toutefois, le 5 juillet 2020 au soir, Jean-Manuel est sorti acheter de l’alcool dans un magasin. Une trace de paiement le prouve.

Kévin Di Mase, quant à lui, a fait la manche et a consommé de la cocaïne toute la journée, alors qu’il aurait dû réintégrer la prison de Marneffe à la suite d’un congé pénitentiaire.

La victime aurait pu "péter les plombs"

Les deux acteurs principaux de cette triste histoire se retrouvent le long d’un chemin de halage de Charleroi et discutent dans une grotte végétale. Pour la défense, la discussion entre les deux hommes est prouvée par le fait que Jean-Manuel a parlé de ses crimes commis lors d’une mission militaire. "Comment Kévin pouvait-il le savoir ? Des proches de la victime ont déclaré qu’elle parlait parfois de ça quand elle était sous influence de l’alcool".

Me Gras note qu’il ne faut pas grand-chose pour que Kévin Di Mase passe à l’acte. Dès lors, sa version selon laquelle il a pété les plombs est plausible, selon le pénaliste.

Il ajoute que la version de son client est compatible avec les analyses médico-légales. "Comment mon client pouvait-il savoir que la victime détenait de l’argent ? Comment pouvait-il envisager aller commettre un vol dans un endroit qu’il ne connaît pas ?", demande le pénaliste.

L’avocat retient que le mode opératoire de son client est plutôt de s’attaquer aux biens qu’aux personnes. "C’est un vol d’opportunité et rien d’autre !", martèle Me Gras.

"Il a tué pour 193€"

Les parties civiles sont convaincues quant à elles que Kévin Di Mase a tué Jean-Manuel Lange afin de faciliter le vol de son portefeuille. "Il a fait preuve de froideur, il a manipulé et il a menti dans sa version", plaide Me Bastianelli, avocat des sœurs de la victime. "Le mobile était d’avoir de l’argent pour acheter de la cocaïne et de l’héroïne, qu’il consomme à outrance sans interruption", ajoute Me Salvatore Callari.

Le substitut du procureur du roi de Charleroi délégué devant la cour d’assises, Damien Vervaeren, partage l’opinion des parties civiles et requiert la culpabilité de Kévin Di Mase (33 ans) pour un vol avec circonstance aggravante de meurtre. "Il avait aussi besoin de quatre à cinq grammes de cocaïne par jour et il ne pensait qu’à ça. Sa maman, ce matin, a raconté qu’il avait agressé une femme enceinte pour lui voler son GSM. Sa compagne lui a confié sa carte de banque pour acheter du lait pour leur fils, et il a vidé le compte. Il a aussi vendu la collection de livres de son fils, pour acheter de la drogue".

Le magistrat note que le casier judiciaire de l’accusé est rempli de condamnations pour vols, tentatives de vol, recel… "S’il n’a pas commis de faits entre 2015 et 2019, c’est parce qu’il était incarcéré", épingle Damien Vervaeren, interrompu dans son élan par l’accusé qui proteste.

L’intention de tuer est établie selon l’accusation par la violence des faits et les blessures relevées par le médecin légiste lors de l’autopsie. Les coups portés à la tête, et notamment un coup porté avec une grosse pierre, sont ante-mortem. L’accusé a tué la victime par strangulation "pour 193 €", maugrée le représentant de la société.

Les répliques auront lieu mercredi et les jurés partiront en délibération dans la foulée.

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