La dernière librairie de Marchienne-Docherie va devenir aussi un Point Poste
Dans quinze jours, la librairie Candie deviendra officiellement un point poste.
Publié le 10-03-2023 à 18h45
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À l’heure du tout-au-numérique où un smartphone permet à la fois de lire la presse, de jouer en ligne, de commander et payer un bouquin, jamais les librairies de quartier n’ont joué un rôle de reliance sociale aussi important. À Marchienne-Docherie, Carole en sait quelque chose: sa librairie Candie, au-dessus de la rue Léon Dubois, est devenue l’un des derniers lieux de rencontre de tout le quartier. "Tous les cafés ont fermé, déplore-t-elle. Le bureau de poste aussi."
Dès ce 21 mars, elle en assurera d’ailleurs tous les services, avec l’accueil d’un point bpost, le seul de ce coin de Charleroi, pourtant densément peuplé: courrier, expédition et réception de colis, vente de timbres, envois et retraits de recommandés. "Il n’y a que les dépôts d’argent liquide que je n’effectuerai pas", lâche-t-elle. Afin de ne pas s’exposer au risque d’une nouvelle agression. La dernière lui a valu des blessures sérieuses. "Les auteurs m’ont porté plusieurs coups au visage."
Le métier change
Avec la digitalisation, Carole a vu son métier se transformer. Son quartier aussi a complètement changé (lire ci-contre). L’activité l’occupe 365 jours par an. La libraire ouvre du lundi au vendredi à partir de 5 h 30 jusqu’à 17 ou 18 h, le samedi matin et le dimanche de 10 à 14 h. Jamais de congé en dehors de ceux qu’elle s’accorde trop rarement. Deux ou trois jours par an, tout au plus.
Si les semaines sont courtes, les journées sont particulièrement longues: elle consacre à son job quelque 80 heures par semaine, en moyenne. C’est que Carole est l’une des rares libraires à proposer une tournée de journaux à domicile. Elle dépose la presse avant l’ouverture de son magasin à 5 h 30.
Pour ses clients, l’offre s’est diversifiée. Ils peuvent acheter quotidiens et périodiques, articles de papeterie, tabac et accessoires, ils peuvent faire des photocopies, envoyer ou reprendre un colis, faire recharger une carte de téléphone mais aussi un compteur à budget de gaz ou d’électricité, effectuer des paris sportifs, obtenir des produits de la Loterie nationale. C’est enfin le seul endroit du quartier où l’on peut prendre un café ou un chocolat chaud le matin, en attendant le bus ou la rentrée de l’école proche.
Un tas de fonctions
"Des clients sont devenus des amis, sourit-elle. Ils se donnent rendez-vous ici avant ou après le boulot." Ce matin-là, deux habitués terminent leur espresso quand arrive une voisine avec son bébé de 9 mois. "La petite vient chaque matin chez moi, confie Carole. Je la garde pendant que sa maman va conduire ses autres enfants en classe." La librairie Candie a un tas de fonctions au-delà de celles pour lesquelles on en pousse la porte: école de devoirs, garde d’enfants, pause du matin ou étape avant le retour à la maison, lieu de conversation. "Il arrive que des clients me demandent un conseil ou un service." Comme cet homme d’origine étrangère qui doit envoyer une lettre: Carole se charge de rédiger l’enveloppe. Ils sont 300 à 400 à entrer dans le magasin chaque jour. "Je les connais pratiquement tous."