Charleroi : dans son camion ou dans la chambre, il viole sa belle-fille dès ses 10 ans, sa maman ne l’a pas crue

Aux côtés du beau-père, la maman de la petite est poursuivie pour ne pas avoir secouru son enfant.

Lee Colonius
Charleroi : dans son camion ou dans la chambre, il viole sa belle-fille dès ses 10 ans, sa maman ne l’a pas crue
©Tomasz Zajda - stock.adobe.com

En mai 2022, la jeune Clara (prénom d’emprunt) reste étrangement seule dans sa classe d’école alors que ses camarades se ruent vers la cour de récréation. Intriguée, l’institutrice de la mineure âgée de 12 ans s’approche. Clara fond en larmes et confie que son beau-père "lui a encore fait du mal ", la veille au soir, "en mettant son truc en moi."

"Maman le croyait"

Plus longuement interrogée, la jeune fille donne des détails sordides et précis aux enquêteurs. "La première fois avec le prévenu a eu lieu dans son camion. Elle dormait dans la couchette et le prévenu s’est arrêté. Elle a alors senti qu’il lui enlevait le pantalon et la pénétrait digitalement", narre Sandrine Vairon, procureure de division. Clara explique aussi que "même si j’avais mes règles, il s’en foutait." Il, c’est Laurent, le beau-père de l’époque. Poursuivi pour plusieurs viols et attouchements commis entre 2019 et 2022, il ne conteste pas les accusations formulées par son ex-belle-fille. Mal à l’aise quand le tribunal lui demande d’expliquer les agressions sexuelles, Laurent "ne les explique pas." "Car ce n’était pas moi. Je n’ai jamais fait ça par le passé", détaille celui qui est père de plusieurs enfants issus de précédentes unions.

Le parquet a aussi décidé de poursuivre Angélique. La mère de la jeune fille est suspectée de ne pas avoir bronché quand elle a été informée des agissements ignobles de son compagnon de l’époque. En juillet 2021, lors d’une festivité familiale, Clara a confié son calvaire à une autre jeune fille présente. "Et l’enfant est allé répéter le tout à sa maman, qui a ensuite informé la prévenue. Confronté à la famille dans toute une pièce, le prévenu a nié les faits en jurant sur la tombe de son père. Et que fait-on du côté de la prévenue? Rien", lance Me Charles, tuteur ad hoc de la jeune Clara.

Face à la justice, Angélique admet avoir reçu les confidences de sa fille, mais... "Je lui ai demandé de m’avouer ce qu’il avait fait. Mais il a toujours nié. Et ma fille est ensuite revenue sur ses déclarations. Par la suite, j’ai été attentive, mais il faisait ça quand je n’étais pas là. Elle semblait bien quand elle était avec lui", se défend la mère de famille.

Aucune mesure de faveur

Pour le parquet, Angélique s’est abstenue de porter secours à son enfant. "Sa seule réaction fut d’en rester là. La victime a été contrainte d’accepter un examen gynécologique médical à 12 ans pour avoir des preuves afin que maman la croie."

La peine maximale possible (2 ans de prison) est requise contre Angélique. Pour Laurent, six ans de prison ferme sont sollicités par la procureure de division qui souhaite "protéger la société, mais aussi la jeune victime et poursuivre le travail de conscientisation du prévenu."

Me Marie-Cécile Deprez, à la défense de Laurent, demande l’octroi d’un sursis probatoire afin d’effectuer un travail de réflexion pour comprendre son passage à l’acte. Me Clémentine Franken, loco Me Thomas Vincart, plaide un acquittement pour la maman dont la réaction "peut se comprendre." "Elle a prévenu l’assistante sociale de l’école et la victime a confirmé avoir menti. Personne, ni même tout l’entourage, ne pouvait y croire. La victime a également inclus dans les faits commis un mensonge en prétendant qu’un des garçons du prévenu l’avait aussi agressée. Ce qui explique la réaction de la prévenue, qui s’en voudra éternellement de ne pas avoir cru sa fille."

Jugement le 22 mars prochain.

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