Charleroi: un plan de lutte contre la précarité menstruelle
Un plan de lutte contre la précarité menstruelle va être lancé dans les écoles en avril sur le territoire carolo.
Publié le 05-03-2023 à 21h31 - Mis à jour le 06-03-2023 à 18h54
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/4WOHEQTXNJCAHBE6ZAFHPEBTII.jpg)
La précarité menstruelle est un sujet qui revient régulièrement sur la table. Il s’agit de femmes ou de transgenres qui n’ont pas les moyens de s’occuper correctement de leurs règles, en raison du prix des protections périodiques, de difficultés d’accès à des sanitaires ou d’un manque d’information sur les cycles menstruels. Maria Cazetta (PTB) est revenue à la charge lors du dernier de Charleroi : "80 000 étudiantes sont en situation de précarité menstruelle d’après une étude de la FEF en 2019. Près d’un million de Belges sont en situation de privation sévère, d’après des chiffres européens de 2022 : c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas se chauffer, payer leurs factures, manger des protéines plusieurs fois par semaine ou partir en vacances. Et donc, à se procurer des protections hygiéniques parce que, parfois, il faut faire l’impasse dessus pour pouvoir manger, quand on sait que les menstruations coûtent 11 à 12 € par mois. Qu’attend-on pour généraliser les aides ?"
Elle interpellait la première échevine, Julie Patte (PS) en charge de l’Enseignement. Dans sa réponse, conjointe avec Philippe Van Cauwenberghe du CPAS (PS) et Alicia Monard de l’Égalité des chances (PS), cette dernière est revenue sur les chiffres fous de l’aide contre la précarité menstruelle. 370 000 serviettes ont été distribuées et 23 distributeurs à protections hygiéniques ont été placés sur le territoire carolo. 900 000 pièces ont été distribuées au niveau du CPAS de Charleroi via le maillage associatif du territoire. "Il n’en reste quasi plus, une nouvelle commande a été faite", insiste Van Cau. Pour les écoles et les filières de promotion sociale, un plan d’action verra le jour en avril : "Nous allons distribuer des protections, avec un stock de 50 000 produits diversifiés pour répondre au maximum aux besoins : tampons, serviettes et protège-slips jetables, culottes menstruelles, cups, serviettes et tampons réutilisables, ajoute l’échevine Patte. Mais ce n’est qu’une partie du problème : il faut aussi informer les élèves et former les enseignants. 64 % des femmes n’ont reçu aucune éducation à la menstruation. La thématique est encore taboue et le risque, c’est que des gens se retrouvent dans des situations de honte, d’incompréhension, voire de danger pour leur santé en cas de mauvaise information."
Dans les écoles carolos, chaque établissement devra désigner un ou une référente "précarité menstruelle" pour communiquer, avant les cours obligatoires de 5e-6e, aux élèves les structures qui peuvent les aider. L’ECEPS de Gilly sera le premier à entrer dans la danse, dès avril, les autres écoles suivront.
En parallèle, avec 150 services et associations, la Ville et Soralia (ex-Femmes prévoyantes socialistes) prévoient un réseau de points de distribution de protections hygiéniques : maisons médicales, plannings familiaux, accueils d’urgence, abris de nuit, espaces citoyens, des ASBL, des écoles. "Prochainement, la carte"JE SUIS LÀ"et l’application"Le bon plan carolo"seront mis à jour pour indiquer où se procurer des protections", conclut l’échevine, sans convaincre Maria Cazzetta, qui regrette la lenteur de la mise en œuvre du dispositif. "On nous en parle depuis septembre 2021…"